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Harinordoquy : « Cette finale, c’est l’apologie de la défense »

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Publié le Mis à jour
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Imanol harinordoquy le Consultant Midi Olympique a suivi au plus près les demi-finales du Top 14 à Nice. Pour lui, cette finale entre le Castres Olympique et Montpellier n’est rien d’autre que l’accomplissement des deux équipes qui maîtrisent le mieux leur rugby.

Cette finale entre le Castres Olympique et le Montpellier, les deux qualifiés directs pour le dernier carré, n’est-elle pas le signe que la fraîcheur est primordiale dans le rugby moderne ?

Une semaine de repos supplémentaire, ce n’est pas anodin. Au contraire. Et cela s’est vérifié sur ces deux demi-finales. On a vu deux équipes, Castres et Montpellier, avoir un peu plus d’envie, avoir un peu plus d’énergie. Deux équipes qui ont su construire leur victoire au fil de la rencontre. Sans se précipiter. Parce qu’elles savaient probablement au fond d’elles que le temps jouait en leur faveur. En plus, ces deux demi-finales se sont jouées dans une chaleur étouffante, ce qui a usé les organismes bien plus vite qu’en temps normal.

Cette fraîcheur peut-elle également être un facteur important dans la perspective de la finale vendredi prochain ?

Une finale, c’est peut-être un peu différent. Certes, Montpellier aura 24 heures de récupération en moins, mais le staff a coaché assez tôt sur cette demi-finale. Les Montpelliérains ont vraiment eu la maîtrise de cette rencontre, ils ont joué à leur main. Ils ont gagné beaucoup de duels, ils ont joué beaucoup dans l’avancée. En clair, ils n’ont pas eu de séquence très longue à défendre. Jamais ils n’ont eu à défendre vraiment leur ligne, ce qui est une situation éprouvante. J’ai vraiment le sentiment qu’ils n’ont pas trop souffert sur cette demi-finale et qu’ils vont récupérer assez vite. À mon avis, ça n’aura pas trop d’impact. En revanche, avoir un jour de mois de préparation, ça laisse moins de temps pour le côté stratégique. La semaine passe beaucoup plus vite. C’est peut-être le plus préjudiciable, surtout avec une finale organisée le vendredi.

Comment expliquez-vous sur cette demi-finale que l’UBB n’ait pas réussi à mettre son jeu en place ?

J’ai souvenir de quelques séquences, à hauteur des quarante mètres adverses, où Bordeaux a essayé d’enchaîner les temps de jeu. Seulement, les Bordelais n’ont jamais réussi à avancer. J’avais même le sentiment qu’ils perdaient parfois du terrain. Dans ces conditions, c’est difficile de jouer au rugby, de faire des passes au contact. Et ça s’explique tout simplement par la qualité défensive du MHR. À l’impact, les Montpelliérains ont dominé toutes les collisions. Un garçon comme Florian Verhaeghe par exemple m’a impressionné par son abattage et sa capacité à avancer sur chaque contact.

Est-ce pour cette raison que la charnière bordelaise n’a pas trouvé de solution ?

Non seulement, les Bordelais ont joué en reculant, mais avec des montées défensives si rapides, la charnière ne pouvait pas trouver de solution. Les Montpelliérains ont toujours coupé les extérieurs, ce qui a contrarié l’UBB. Et la charnière bordelaise a parfois semblé sans solution. Lucu ou Jalibert ne savaient plus s’ils devaient jouer à gauche ou à droite, vite ou lentement. Et forcément, ils ont parfois joué à l’envers tellement la pression était énorme. Mais il faut rendre hommage à Montpellier. Cette équipe m’a vraiment impressionné. Sur les deux demi-finales, c’est l’équipe qui a le mieux maîtrisé son rugby et son sujet. Défense, conquête, jeu au pied, stratégie, il n’y a pas eu de faute de goût.

Pourtant, Castres a fait forte impression en éliminant le champion de France en titre…

C’est une belle performance. Vraiment. Là, j’ai senti une plus grande différence de fraîcheur physique. L’envie et l’énergie étaient du côté de Castres. Pas de doute possible. Et puis, l’antagonisme entre les deux clubs a probablement aussi été un levier pour les Castrais. Bien plus que pour les Toulousains que j’ai senti éprouvés physiquement et mentalement et qui n’ont pas réussi, sur la durée de la rencontre, à mettre leur jeu en place.

Doit-on s’attendre à une finale très cadenassée ?

Cette finale, c’est l’apologie de la défense. De chaque côté, on a deux coffres-forts, deux défenses totalement hermétiques. Je pensais que la demi-finale entre Bordeaux et Montpellier serait bien plus ouverte, je pensais que Bordeaux aurait la possibilité de mettre son jeu en place. On a senti cette volonté. Mais ça défendait tellement bien et fort de l’autre côté qu’on n’a pas vu grand-chose au niveau du jeu. Montpellier a également eu de longues séquences de jeu, mais sans solutions. J’ai le sentiment que la finale va se jouer sur le même registre. Peut-être que ça passera par des alternatives.

Lesquelles ?

Quand on a affaire à deux défenses de ce niveau, il reste l’utilisation du jeu au pied dans le dos du premier rideau. Du jeu au pied par-dessus ou rasant ? À voir. Mais les deux rideaux défensifs qui vont se présenter vendredi au Stade de France sont très denses. Et sur ces deux demi-finales, j’ai parfois eu l’impression qu’il y avait peut-être de la place dans ces zones de jeu. Et même si ça ne fonctionne pas du premier coup, ça a le mérite de calmer les ardeurs de la défense et éventuellement d’ouvrir plus d’espaces. L’équipe qui parviendra à déplacer le ballon un peu plus que l’autre, pour étirer la défense, aura sans doute plus de chance de toucher le Brennus. Ça va être intéressant sur le plan stratégique.

Cette opposition en finale, n’est-ce pas la victoire du collectif sur les talents individuels ?

Attention tout de même à ne pas minimiser les performances de certains joueurs. Aussi bien vendredi que samedi, j’ai vu des mecs monter le curseur très haut. D’accord, personne n’a traversé le terrain, mais ça a tapé fort. Très fort. Alors peut-être que sur le papier cette opposition n’est pas très sexy, pas très vendeuse, mais c’est la finale la plus logique. Ce sont les deux meilleurs collectifs, les deux équipes qui maîtrisent le mieux leur rugby, deux groupes où les gars vivent bien ensemble, qui vont se disputer le Brennus. Et j’avoue que ça me plaît !

Un pronostic ?

J’ai été très mauvais sur les barrages et les demi-finales (rires). Mais bon… Sur le contenu des deux demi-finales, Montpellier a donné probablement plus de garanties. Cette équipe dégage force et sérénité. Mais le CO est tellement surprenant depuis quelque temps déjà que je me pose bien des questions.

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