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Cros : « Museler Alldritt sera une des clés du match, j’en suis convaincu »

  • "Museler Alldritt sera une des clés du match, j’en suis convaincu" "Museler Alldritt sera une des clés du match, j’en suis convaincu"
    "Museler Alldritt sera une des clés du match, j’en suis convaincu"
Publié le Mis à jour
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Au bout d’une saison qui l’aura notamment vu être éloigné plus de trois mois des terrains et rater le Tournoi, le flanker international sait qu’il a l’opportunité d’entrer dans la légende européenne d’un club dont il est un des enfants. Il compte bien la saisir. Confidences.

En août, vous confiez déjà que, depuis le Brennus en 2019, la Champions Cup était une ambition majeure…

Oui, et nous sommes fiers de notre parcours. L’équipe touche enfin cette finale, ce qui avait été raté sur les deux précédentes éditions. Ce cap est passé. Mais, quand on aborde une finale, la seule envie est de la remporter, d’autant que peu de joueurs dans le vestiaire ont déjà glané ce titre. Il ne reste que Max (Médard). C’est le seul à avoir soulevé cette coupe.

Cela change quoi ?

C’est important pour lui d’y re-goûter, pour ceux qui vont nous quitter en fin de saison. Gagner avec ce groupe extraordinaire, qui partage tant depuis des années, serait précieux.

Au Munster en huitième ou à Clermont en quart, votre maîtrise des événements avait été marquante, les matchs ayant basculé en votre faveur…

Collectivement, le banc a fait la différence à chaque fois. C’est une vraie évolution car cela avait pêché sur les deux demies européennes perdues. Dans le money time, on avait marqué le pas. Ça prouve qu’on a appris. Face à La Rochelle, ce sera pareil. On ne l’emportera pas si les titulaires et les entrants ne sont pas constants sur 80 minutes.

Avez-vous perçu le parfum européen cette saison ?

Franchement, entre les huis clos, l’atmosphère de la crise sanitaire, les tests ou les matchs reportés, tout est particulier. Même la compétition européenne a été remaniée en cours de route… Mais, quoi qu’il en soit, je sais qu’on n’a pas volé notre finale et que nous sommes allés la chercher grâce à de grandes victoires à l’extérieur.

Donc vous percevez le parfum ?

En tout cas, on sent que la Coupe d’Europe reste très importante pour le club et les supporters. Ils sont tristes de ne pas pouvoir être là mais ils étaient devant le stade pour nous accueillir en demie. Disputer des phases finales européennes à huis clos n’est pas joyeux. Mais le club, et la communication, font en sorte que le contexte ne prenne pas le dessus sur l’événement. Ils nous aident à prendre conscience de l’ampleur du rendez-vous. Surtout que le Stade toulousain est seul en course pour décrocher cette cinquième étoile…

Ce record est-il une source de motivation ?

Le premier levier, c’est de toucher son étoile, le premier trophée européen pour la plupart d’entre nous. Et, quand on a l’occasion de laisser son empreinte dans l’histoire du rugby, il faut la saisir. Si on gagne cette finale, Toulouse sera le premier club à cinq titres. Oui, c’est une motivation supplémentaire. Ce serait aussi une belle façon de marquer l’histoire de notre groupe.

Vous êtes arrivé jeune ici et, quand on est un enfant du club, ressent-on ce lien avec la Coupe d’Europe ?

Il y a des photos partout, où on voit les joueurs avec cette coupe. Quand on pouvait monter à la brasserie, il y a toujours ce trophée, juste en haut des escaliers sur la gauche. Je suis passé devant un paquet de fois. Dans un palmarès, c’est grandiose. Je rêve de le soulever à mon tour, car il est tellement dur à aller chercher.

Maxime Médard dit qu’il a compris à quel point c’est rare, plus qu’il ne le croyait au départ…

Moi aussi, en échouant deux fois en demie. On n’a pas le droit de galvauder une finale européenne. On veut finir en beauté.

Le groupe a perdu sur blessure Guitoune, Huget et Placines, et même Julien Marchand suspendu…

On n’est pas épargné par les blessures et les sanctions. ça nous met à l’épreuve et ça fait notre force. Le groupe a toujours répondu présent, à chaque complication. C’était le cas en 2019, quand il y avait eu plusieurs blessures. Pour exister sur la scène européenne, il faut tellement plus qu’une équipe. On a besoin d’un effectif fort. Pour ceux qui ne seront pas là, on se doit de trouver les ressources. L’absence de Julien, notre capitaine, est un coup dur. Il ne sera pas sur le terrain mais, d’une manière ou d’une autre, il sera avec nous. On veut le rendre fier.

Qu’avez-vous pensé de la demi-finale des Rochelais ?

Les voir battre aussi nettement le Leinster, qu’on sait si costaud devant, très organisé et habitué des grands rendez-vous, c’est impressionnant.

Contrer la puissance de leur pack est-il la clé ?

Oui, mais on répète toujours que le rugby commence là. Sur une finale, face à ce genre d’équipe, la conquête et l’avancée du huit de devant seront évidemment déterminantes.

Quel regard portez-vous sur leur troisième ligne ?

Elle est ultra-performante, décisive dans les résultats rochelais. L’affronter, dans un tel match, est un sacré défi.

Vous connaissez Grégory Alldritt par cœur, maintenant…

Oui, je sais ses qualités mais lui doit savoir les miennes (sourire). Il est à la fois combatif et talentueux. Greg est aujourd’hui un gros point fort de La Rochelle, qu’on devra essayer de museler. Ce sera une clé du match, j’en suis convaincu.

Victor Vito, une légende du poste, vous a-t-il inspiré ?

Je n’irais pas jusque-là. Mais c’est un joueur qui a fait des choses exceptionnelles, qui continue à en faire sur un terrain. C’est un exemple, à l’image de Jerome Kaino chez nous. À Toulouse, on mesure chaque jour notre chance de l’avoir à nos côtés. Je suppose que c’est pareil pour les Rochelais avec Vito.

Qu’apporte Kaino au quotidien ?

C’est un mec hyperposé, qui ne s’affole jamais. Il est tellement sûr de ses forces, il sait ce qu’il doit faire pour être performant. C’est un modèle de préparation. Jerome n’a pas besoin d’énormément de temps de jeu pour s’exprimer. Vous imaginez que, récemment, son match de reprise après une blessure assez longue, c’était au Munster. Il l’avait ciblé et il a sorti 80 minutes de très haut niveau. Ça, c’est Jerome. On a besoin de ce genre de joueur, avec une grosse expérience, pour les grands rendez-vous.

Et en tant qu’homme ?

Toujours de bonne humeur. C’est génial d’échanger avec lui.

Pourquoi ?

Il a tant d’histoires et d’anecdotes. Quand il nous les raconte, ça fait rêver, ça donne envie d’essayer de faire aussi bien que lui. En plus, il aime transmettre.

Personnellement, que vous a-t-il transmis ?

Des choses sur la préparation. Mais sa grande force reste le secteur défensif. Quand je le vois repousser d’énormes joueurs comme il le fait… Il nous donne toujours des clés et on puise dans ses compétences. C’est sur la défense qu’il m’a fait le plus progresser, le placement et la façon de le travailler. C’est un moteur.

Dans un mois, il va raccrocher les crampons…

Je crois qu’il va rester dans les parages ! On ne l’aura plus sur le terrain, dans son rôle de leader. Il ne parle pas souvent mais, dès qu’il le fait, ça résonne. Avec lui, les choses passent beaucoup par le regard. Il a une telle aura. En peu de temps, il aura vraiment marqué le club. Ce sera dur de le remplacer, comme ce fut le cas avec les autres grands troisième ligne qui l’ont précédé.

À titre individuel, vous avez été blessé au pied cette saison et ce fut un gros coup d’arrêt, qui vous a éloigné des terrains plus de trois mois…

Ce fut délicat. La blessure a été assez longue, j’ai essayé de reprendre pour être compétitif en vue du Tournoi. Mais ça ne l’a pas fait. C’était trop tôt et j’ai eu du mal à revenir.

C’était lors du match à Agen, fin janvier…

Oui. Après le match, j’ai ressenti des douleurs au niveau du pied. Pas à l’endroit de la fracture mais c’étaient des compensations car c’est une zone où on a vite fait de compenser.

Vous êtes podologue, vous en savez quelque chose…

Oui. La zone était encore trop sensible. Ça a tenu en Top 14 mais je suis parti en stage avec l’équipe de France et, sur la première semaine de préparation, je sentais bien que je ne serais pas au niveau international. Cela aurait été plus dramatique pour moi de jouer blessé que de ne pas jouer.

Comment avez-vous vécu le Tournoi à distance ?

Ce fut un crève-cœur de voir les potes à la télé. Mais, l’équipe nationale, c’est une éternelle remise en question.

Avez-vous eu peur d’être oublié, de rater un wagon ?

On ne se pose la question comme ça. Avant de penser aux Bleus, il faut d’abord se soigner, avoir de bonnes sensations et revenir à son meilleur niveau en club. Ce n’était pas mon cas. Quand j’ai repris, mes performances étaient insuffisantes. L’équipe de France, elle était loin dans ma tête.

À ce point-là ?

Oui. Mais j’ai eu la chance d’être utilisé, d’avoir le temps de me préparer, de travailler physiquement pour retrouver la forme. Je n’étais pas satisfait mais j’ai discuté avec Ugo (Mola) et il m’a dit qu’il me laissait justement le temps de bien revenir.

Vous avez un profil plutôt sobre et on ne vous voit pas forcément faire de grandes percussions ou traverser le terrain. On se dit que vous pouvez être oublié plus vite que d’autres…

Sûrement, mais je n’ai jamais fait ça sur un terrain. Je ne suis pas arrivé là-haut en jouant ainsi. Si le staff du XV de France l’a vu, c’est qu’il y est attentif. Je n’allais pas changer mon jeu, surtout en revenant de blessure.

Le retour au meilleur niveau, ce fut au Munster où on vous a vu aux quatre coins du terrain ?

Ouais… Après le Munster, j’ai aussi fait des performances qui ne me convenaient pas. Si on se croit arrivé, on peut vite tomber de haut. Mais il est vrai que la prestation, déjà collective, à Thomond Park fut exceptionnelle. L’enchaînement des matchs et des compétitions est chargé pour nous, et je dois être au top tous les week-ends. C’est là-dessus que je devais bosser. Alors, faire aujourd’hui une fin de saison avec des phases finales sur les deux tableaux, c’est une chance que je mesure.

Vous êtes podologue et donc actif à côté du rugby. Cela vous a-t-il aidé dans votre absence ?

Dans mon cas personnel, pas forcément. Même si ça permet d’avoir une ouverture et de ne pas tourner en rond en salle de muscu. On pense à autre chose. Le problème ? C’était une blessure au pied. Étant podologue, ça m’a fait gamberger.

Comment ça ?

J’ai essayé de réfléchir à des solutions. J’ai tenté pas mal de trucs, un peu à tort… Alors qu’il fallait juste laisser le temps.

Vous avez dit dans L’équipe que, si on vous demande votre métier en soirée, vous répondez podologue…

Je suis quelqu’un d’assez discret. C’est forcément une fierté d’être rugbyman professionnel mais ça peut être vite mal vu. Quand on dit qu’on est rugbyman, on peut prendre ça pour de la frime si on le met trop en avant. Puis, je n’ai aucun mal à dire que je suis podologue, parce que j’en suis également fier.

Toulouse est parfois charrié pour avoir battu trois fois des clubs français en finale sur ses quatre titres. Ce sera le cas si vous gagnez samedi…

Ça veut surtout dire que La Rochelle et nous avons battu des clubs étrangers pour en arriver là. Croyez-moi, peu importe que notre adversaire soit français, on l’aborde comme une finale de Coupe d’Europe et pas de Top 14.

L’expérience de la finale 2019 peut-elle aider ?

Ça peut servir à enlever un peu de stress sur la préparation. Mais ça restera du quitte ou double. On peut parler autant qu’on veut, il faudra avant tout le jouer ce match. Et le gagner.

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