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La tête dans les étoiles

  • Pita Akhi et Ihaia West ont rendez-vous, samedi à Twickenham, pour écrire l'histoire.
    Pita Akhi et Ihaia West ont rendez-vous, samedi à Twickenham, pour écrire l'histoire. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Si La Rochelle décroche sa première étoile à Twickenham, le club de Vincent Merling deviendra le quatrième club français à remporter la coupe d'Europe. Si le Stade toulousain décroche samedi une cinquième étoile, il deviendra le seul club du continent à compter cinq titres continentaux. Quoi qu'il se passe en Angleterre, l'issue de cette finale marquera les mémoires...

Les clubs anglais ont beau avoir inventé le rugby, ce sont les clubs français qui le dominent et, si cette confrontation consanguine au sommet de l'Europe ôte un tantinet de fantaisie à un tournoi supposément transcontinental, on profitera de l'aubaine pour chanter, en vrac, la résurrection du grand Toulouse, la formidable épopée rochelaise, la digne mort d'un temps où les clubs hexagonaux rivalisaient d'ingéniosité pour recruter à prix d'or des Springboks de fond de catalogue et, de l'Atlantique au grand Est, la partition plus juste jouée par tous les barons du Top 14. Prenez Vincent Merling, par exemple : si sa dernière bataille, à la Ligue, le vit se faire salement écarter du comité directeur par l'anonyme directeur financier de Montpellier, il incarne aujourd'hui, dans le monde des présidents, une insolente réussite et, après avoir sorti le Stade rochelais des limbes où il pionçait, en a fait sans mot dire une super-puissance contemporaine.

Ces derniers mois, Merling et ses disciples ne font plus mystère de leur appétit, revendiquent un nouveau statut et, pour réussir, ont recruté l'un des meilleurs deuxième-ligne au monde (Will Skelton), un coach (Ronan O'Gara) estampillé Super Rugby, l'arrière des Bleus (Brice Dulin) puis celui des Stormers (Dyllin Leyds). Alors ? Brique après brique, c'est une machine de guerre qu'a bâtie le cafetier de l'Atlantique, une équipe à ce point ambitieuse qu'en demi-finale, elle assumait face au Leinster le fait de ne compter dans son quinze de départ le moindre joueur formé au club. En tout état de cause, La Rochelle n'a pas vraiment la gueule d'un outsider, l'allure d'un sparring-partner qui regardera samedi le leader du championnat avec déférence et, à ce sujet, Yannick Bru nous contait récemment : « En tant que Toulousain, je trouverais évidemment merveilleux que le Stade accroche une cinquième étoile à son maillot et que cette magnifique génération décroche le titre derrière lequel elle court depuis des années. Mais il est, sur le continent européen, une seule équipe pouvant dominer Toulouse dans le combat d'avants et cette équipe, c'est La Rochelle. En ce sens, l'absence de Julien Marchand me semble particulièrement pénalisante ». Si Peato Mauvaka, l'héritier de l'habituel capitaine toulousain, a la carrure d'un international, il n'a évidemment pas la puissance de pénétration de son rival, sa force brute en mêlée, sa présence dans les rucks ou sa précision sur les lancers, soit tout autant de bémols qui font aujourd'hui remonter la cote rochelaise auprès des bookmakers du vieux continent . A ceci, convenez avec nous qu'il se dégage aujourd'hui du bloc de l'Atlantique une sérénité, une solidité toute anglo-saxonne et, puisqu'il est avéré que Ronan O'Gara et Jono Gibbes ne peuvent se sentir, cette relation complexe et tronquée depuis le départ n'eut pourtant jamais de répercussion sur la vie du groupe quand elle aurait pu, dans un contexte plus latin, faire vriller un club dans son intégralité.

Toulouse, l'Europe dans le sang 

Plus le choc de Twickenham se rapproche et plus on se dit, finalement, que le grand Toulouse, à qui l'on avait octroyé une cape d'invincibilité il y a quelques mois, n'est plus l'équipe injouable qu'elle fut aux prémices de cette compétition. Il n'est pas question, ici, de ressortir du placard les fantômes du dernier braquage bayonnais , tant le Toulouse faiblard du 15 mai n'aura rien de commun avec celui qui se présentera samedi, dans le Temple. Ce que l'on veut dire, au sujet du Stade, c'est que la blessure de Sofiane Guitoune, conjuguée à l'absence de sa supposée doublure Zac Holmes, offre au milieu du terrain Rouge et Noir une certaine neutralité, une craquelure dans l'armure qui pourrait peser lourd, au moment où les Rochelais annoncent le retour de Levani Botia. Depuis que Dorian Aldegheri s'est blessé, le staff toulousain semble également prier pour que le corps touffu de Charlie Faumuina tienne le plus longtemps possible, tant ses remplaçants (David Ainu'u et Paulo Tafili) semblent encore un peu tendres, à ce niveau de la compétition...

Si la bande à Mola est moins effrayante qu'elle ne le fut ces dernières années, c'est tout un peuple qui pousse, depuis la conquête du dernier Brennus (2019), pour que le Stade toulousain redevienne le roi d'Europe, un titre qu'il n'a plus connu depuis 2010. Hé quoi ? La Champions Cup, ce serait pour cette génération de surdoués (Romain Ntamack, Cyril Baille, Antoine Dupont, Mathis Lebel...) l'étape intermédiaire entre le titre national de 2019 et, si Dieu le veut, un trophée Webb Ellis en 2023. La coupe d'Europe, ce serait pour Toulouse l'occasion d'entrer dans l'histoire, de broder à son maillot une cinquième étoile, de décrocher de ses basques le Leinster de Johnny Sexton et Leo Cullen, vainqueurs de la Champions Cup à quatre reprises. Qu'on le veuille ou non, le « Stade » a l'Europe dans le sang et, à chaque strate de son édifice, on retrouve un ancien vainqueur de feu « la H Cup » : dans le staff, Ugo Mola, Clément Poitrenaud et Jean Bouilhou ont déjà décroché les étoiles quand, plus haut dans la hiérarchie, Jérôme Cazalbou ou Didier Lacroix ont eux-aussi connu le grand frisson. C'était il y a longtemps, jobastre... Il y a bien trop longtemps, ma cité gasconne...

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