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Tayeb : « On doit discuter d’un Top 16 »

Par Pablo Ordas
  • Le président de l'Aviron bayonnais Philippe Tayeb
    Le président de l'Aviron bayonnais Philippe Tayeb JF Sanchez / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors que Bayonne compte trois matchs de retard à cause du Covid et subit les conséquences du virus, son président Philippe Tayeb pointe du doigt le manque d’équité sportive et monte au créneau pour appeler les décisionnaires à revoir la formule du championnat.

Après avoir été touché par le Covid dans votre effectif, vous êtes maintenant une victime collatérale avec le report du match contre Agen, qui compte des cas dans son équipe...

Si on ne peut pas pratiquer le rugby, si on ne peut pas avoir une saison normale, il faut revoir le schéma du championnat. On ne peut pas continuer à être pénalisés en permanence. Ça ne correspond pas du tout à une saison normale de Top 14. Nous sommes une équipe qui joue le maintien. Les aléas comme ça nous pénalisent énormément et ce n’est pas possible. On monte de Pro D2, c’est très compliqué. On vit un premier Covid et là, la deuxième année, on se retrouve avec trois semaines de fermeture, deux matchs en un mois et demi. On va à La Rochelle, on blesse cinq joueurs suite au manque d’entraînement. Là, on aurait dû jouer contre Agen, on ne peut pas et on va aller à Castres avec une nouvelle interruption de quinze jours. Il n’y a plus aucune équité sportive. Il faut se mettre autour de la table et que les responsables prennent les décisions. Est-ce qu’on ne fait pas de descente ? Est-ce qu’on fait un Top 16 la saison prochaine pour permettre aux équipes de Pro D2 de monter et surtout, nous, de faire deux recettes supplémentaires pour permettre de pallier aux problématiques financières ? Je ne vois plus du tout comment on va pouvoir s’en sortir.

Que préconisez-vous ?

Vu les problèmes économiques du rugby français, on doit discuter sur une formule Top 16 et Top 18. Il faut laisser monter les équipes de Pro D2 et retrouver un équilibre financier en faisant des rencontres supplémentaires. Si demain, nous avons deux matchs en plus, c’est peut-être entre 500 et 600 000 euros de plus de recettes. Oui, la répartition des droits télés sera peut-être amoindrie, mais il faut discuter avec les diffuseurs parce qu’on leur donnera ainsi plus de matchs. Et surtout, ça nous permet, quelque part d'être serein et de ne pas vivre ce qu’on vit là. Là, ce n’est plus possible. Il n’y a plus aucune équité concernant l’Aviron Bayonnais. On a été contaminés, on n’y peut rien, c'est à cause des Anglais. On nous ferme le stade deux semaines. On nous fait jouer un match contre Pau qui est crucial après un mois d’arrêt. On nous fait aller à La Rochelle avec des joueurs hors forme physiquement. On blesse 5 joueurs titulaires. On ne peut plus continuer comme ça.

Certains vous diront que les calendriers sont déjà surchargés...

Chacun regarde son intérêt. Aujourd’hui, même ceux qui sont contre doivent entendre que cette année, il n’y a pas eu d’équité sportive. Nos finances sont au plus bas. L’équilibre, pour les deux ou trois prochaines saisons, voire plus, c’est de revenir à une formule Top 16 qui va nous permettre de refaire des recettes supplémentaires. C'est quand même aussi donner la possibilité à deux clubs qui vont investir 25 ou 27 millions dans les infrastructures comme Agen ou nous, de pouvoir exister en Top 14 et ne pas subir ce qu’on est en train de subir et qui est hors cadre sportif. Agen a eu les mêmes problèmes en début de saison et ce n’est pas normal qu’ils soient pénalisés alors qu’ils vont mettre 25 ou 26 millions dans les infrastructures du club. Nous, on a un stade et un centre d'entraînement à refaire. Ce sera très compliqué de le vivre en Pro D2.

Votre équipe comptait sur la réception d’Agen pour renouer avec la victoire...

C’est un match qu’il fallait gagner à tout prix et, si ça avait été le cas, ça nous aurait donné de la confiance et surtout, du temps de jeu, du rythme. On nous a fait jouer contre Pau alors que nous n’avions pas joué depuis un mois et on ne s’était pas entraînés pendant trois semaines. 

Le Top 14 ira-t-il à son terme ?

Il faut que le championnat aille au bout, que les matchs passent à la télé, qu’on puisse jouer. Nous devons être protégés, mais il faut voir du rugby. Si ce sport s’arrête, c’est catastrophique. Aujourd’hui, le rugby doit être dans la tête des gens. Déjà qu’on les empêche de venir au stade, si on leur enlève le rugby à la télé, que va-t-on devenir ? Je suis très en colère après ce qui s’est passé à Noël. Là, ce n’est pas la faute d’Agen, mais il faut repenser un modèle qui nous permette de travailler sereinement, et même s’il y a des reports de match, qu’on n’ait pas les enjeux ou la pression de ce maintien. Regardons devant et peut-être qu’il va falloir se mettre autour de la table pour évoquer la meilleure formule afin de rattraper nos pertes financières et l’équité sportive. Pour moi, c'est un Top 16 pour la saison prochaine. 

Des présidents sont pour un Top 12...

Il n’y a pas beaucoup de présidents pour un Top 12. Ceux que j’ai appelés sont tous favorables à un Top 16. Jacky Lorenzetti, qui a les internationaux, est pour. Je l’ai eu au téléphone et il m’a dit, “tu as tout mon soutien.” Aujourd’hui, il faut qu’on ait du rugby partout : à Vannes, à Strasbourg, à Lille… Le rugby doit inonder la France et pas que le sud. Il faut redonner une dimension populaire au rugby. Si on fait du Top 12, ce n’est plus possible. Le rugby, c’est un sport populaire, pas un sport d’élite. Maintenant, il faut trouver une solution pour qu’il y ait une équité sportive à la fin de la saison. Aujourd’hui, il faut redonner la chance aux clubs qui s’équipent de centres d’entraînement, de tribunes, de stade… Qu’on perde sur une saison pleine, il n’y a pas de problème, c’est le sport. Mais là, ce n’est plus le cas. Ça suffit. Je ne suis plus du tout d’accord avec ce qui se passe.

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