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Le deuxième souffle des Bleus

  • Sekou MACALOU of France celebrates his try with Brice DULIN of France and Anthony JELONCH of France during the Autumn Nations Cup match between France and Italy at Stade de France on November 28, 2020 in Paris, France. (Photo by Sandra Ruhaut/Icon Sport) - Stade de France - Paris (France)
    Sekou MACALOU of France celebrates his try with Brice DULIN of France and Anthony JELONCH of France during the Autumn Nations Cup match between France and Italy at Stade de France on November 28, 2020 in Paris, France. (Photo by Sandra Ruhaut/Icon Sport) - Stade de France - Paris (France) Icon Sport - Icon Sport
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Si ce France-Italie n'eut rien d'un régal, les Bleus ont néanmoins décroché samedi soir leur septième victoire en huit matchs et prouvé, pour partie, que le réservoir tricolore est plus bien plus profond qu'il n'y paraît...

On ressassa mille choses, à propos ce match. Au départ, ce fut plutôt : « Tu parles d'un hommage à « Domi »... Même Teddy Thomas, connu pour ses deux pieds gauches, tape des coups de pompe... » Puis il y eut : « Le rugby sans Vakatawa ou Dupont, c'est quand même moins délire. Pas vrai, Paulo ? ». Ou plus tard : « C'est con, on ne pourra même pas écrire que c'est un manque de respect vis à vis des spectateurs ». Mais encore : « Quelle marque de lessive peut bien utiliser donc ce diable de Teddy Thomas pour laisser, après une heure de cabrioles, le blanc immaculé des origines ? » Et enfin, alors qu'une autre mêlée de quatre minutes nous abandonnait à la contemplation des gens de voix, placés plus bas : « Le Petrol Hahn, ça a vachement bien marché, chez Dimitri Yachvili ». Ce n'est pas de la méchanceté gratuite. C'est un constat honnête. Réfléchi, même. Car on n'avait pas connu telle première période depuis des lunes. On n'avait pas souvenir, en fait, d'une chienlit similaire depuis que Fabien Galthié avait pris la sélection début 2020 : un « prime time » de ping-pong rugby ; Matthieu Jalibert, tel un Rob Andrew des mauvais jours, placé à quinze mètres de la ligne d'avantage ; quelques passes de Baptiste Serin lestées de plomb et, parfois, plus traînantes qu'une enquête de l'inspecteur Harry ; des retards au soutien, une mêlée trop pénalisée par le sifflet d'or de Nigel Owens (pour sa centième, le Gallois était réellement pourvu d'un sifflet en or...) et un ensemble assez décevant, pour dire le moins.

La stratégie des Bleus avait un sens...

Mais passé le temps de l'interrogation vint celui de l'exégèse : en conférence de presse, Fabien Galthié nous expliqua que si ses Bleus avait « joué au pied à 47 reprises, avec 86 % de coups de pied positifs », c'était avant tout pour répondre à une stratégie qu'exposerait plus tard Matthieu Jalibert, le meneur de jeu : « Face à une équipe joueuse comme l'Italie, il nous fallait dans un premier temps occuper leur moitié de terrain, les user par du jeu au pied. Cette stratégie était la bonne puisque la seule fois où nous avons pris un risque, nous avons aussi encaissé un essai ». Puisque cette multitude de coups de pompe avait un sens et qu'en substance, elle a fonctionné (face à l'Italie, les Bleus ont cette année remporté leur septième victoire en huit matchs), on attend donc le prochain duel entre les Latins du Tournoi avec une impatience non-dissimulée. On caricature, on exagère mais dans les faits, se posera tôt ou tard la question du positionnement de la « squadra azzura » dans le grand échiquier européen, tant la sélection italienne s'étant présentée au Stade de France samedi soir sembla fragile, pour ne pas dire raccord avec la place (14 ème) qu'elle occupe actuellement au classement établi par World Rugby : encore un peu devant l'Espagne mais bel et bien derrière la Géorgie, ce pays qui, si ces télévisions étaient en mesure de s'aligner sur les enveloppes octroyées par « Sky Sports Italia » à la société commerciale des 6 Nations, aurait reçu son carton d'invitation depuis déjà longtemps.

Pesenti, un avant qui ressemble à un avant 

Pour le reste ? Le grand public entendra avec nous que les trente points passés aux Italiens sont globalement satisfaisants, compte tenu des conditions dans lesquelles les Tricolores avaient préparé cette rencontre, s'appuyant sur cinq bizuts (Gabien Villière, Kilian Geraci, Baptiste Pesenti, Rodrigue Neti et Jean-Pascal Barraque) dans leur 15 de départ, ébauchant un plan de jeu et un collectif avec dans les pattes deux entraînements à balles réelles (mercredi matin et mercredi après-midi) et des joueurs qui ne se connaissaient quasiment pas il y a huit jours. De l'improbable maelstrom que formait samedi soir ce XV de France « bis », on put aussi déduire quelques enseignements majeurs. Déjà, Brice Dulin, moins coffre à ballons qu'il ne l'était jadis et toujours aussi royal sous les ballons hauts, est en mesure bousculer la hiérarchie à un poste d'arrière où ni Anthony Bouthier ni Thomas Ramos ne sont intouchables . Baptiste Pesenti, auteur de 16 plaquages appuyés, est un char à bœufs comme on n'en avait plus vu en sélection depuis des lustres, un Jurassien aux mains caleuses et au tarin cabossé, un avant qui, in fine, ressemble à un avant.

Gabin Villière et Teddy Thomas, en vrais buteurs, n'ont besoin que d'une demi occasion pour faire mouche. De l'autre côté du ring ? On constate en revanche que Rodrigue Neti a tellement perdu de terrain sur cette rencontre qu'on voit mal comment Hassane Kolingar, auteur d'une bonne entrée en jeu, pourrait ne pas débuter en Angleterre ce dimanche. Jean-Pascal Barraque, à contre-emploi dans ce jeu de quilles, pourrait de son côté se faire doubler par le cubique Yoram Moefana, plus adapté aux mensurations anglaises. Sekou Macalou, bombe du début de saison et attendu chez les Bleus comme un nouveau casseur de plaquages, a visiblement beaucoup plus de difficultés face aux défenses agressives du niveau international que face à celles, moins rapides, du Top 14. Avant d'affronter « la meilleure équipe du monde du moment » (Fabien Galthié), le XV de France est donc à la fois rassuré quant à son réservoir et conscient qu'il lui faudra être mille fois plus fort pour éviter de prendre une rouste à Twickenham. En clair : les « coiffeurs » auront-ils les épaules ?

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