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Laporte : « Domi avait la rage »

  • Bernard LAPORTE / Christophe DOMINICI.
    Bernard LAPORTE / Christophe DOMINICI. Dave Winter / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Très proche de Christophe Dominici, dont il fut l'entraîneur puis le sélectionneur, Bernard Laporte est revenu sur ses souvenirs communs et sa peine, au lendemain du décès de l'ancien ailier international.

« Dès ma première rencontre avec « Domi », j’ai vu qu’il avait quelque chose de spécial. J’étais encore joueur à Bègles et pour rendre service à un copain, j’avais animé une séance d’entrainement pour le club de La Valette. Il était là, avec son regard si particulier lorsqu’il était sur la pelouse et qui tranchait, avec son air malicieux de la vie de tous les jours. Déjà, il était porté par une soif de victoire, de marquer. Ce qui nous a rapprochés ? Ce qui a fait que cela a vite collé entre nous ? Christophe était un vrai passionné de rugby, capable de refaire un match jusqu’au bout de la nuit. Lors de notre dernier échange, la semaine passée, nous avions passé tout le temps de notre discussion à parler de l’équipe de France et de « l’excellent boulot réalisé par Fabien, Raph et William », ses potes pour qui il était content, heureux. « Domi » aimait faire partie d’un groupe, être au milieu des hommes, c’est ce qui lui manquait dans sa vie actuelle et ce qu’il aurait voulu retrouver avec le projet Béziers. Cela n’a pas abouti et oui, cela l’a certainement beaucoup affecté. Après, je ne suis pas d’accord quand on dit qu’il était fragile. Ecorché vif, oui, mais pas fragile. C’était mal le connaître ! J’ai rarement vu un aussi gros compétiteur. Un leader capable d’amener avec lui tout un vestiaire. Ses prises de parole avant les matchs transcendaient ses partenaires ! Quelqu’un de fidèle, aussi. Une fois qu’il est arrivé à Paris en 1997, on ne s’est plus quittés.

Nous nous aimions. C’est l’un des joueurs dont j’ai été le plus proche. Peut-être le plus. Pourtant, en tant que sélectionneur, j’ai dû lui faire du mal. Les 18 mois où il n'est pas pris en équipe de France, en 2001-2002, il les avait très mal vécus. Mais je ne pouvais pas lui faire de cadeau. J’ai peut-être été trop dur, je lui ai enlevé quelques sélections. Il m’en a voulu, à l’époque. Il me répétait : « Tu m’as oublié ! T’as mis untel ou untel à ma place. » Mais il a fait des efforts pour revenir et il est revenu plus fort. De toutes les façons, dès que tu le titillais, il revenait plus fort. Au Stade français quand il lui arrivait de ne pas marquer d’essai pendant deux rencontres d’affilée, il suffisait que je le pique en disant : « les vrais ailiers marquent à chaque rencontre et toi, non ! ». Et hop! Le match d’après, il aplatissait derrière la ligne. Cela marchait à chaque fois.

Le rugby, il l’avait dans le sang. Sur un terrain et dans la vie, « Domi » avait la rage. Quelqu’un de très pudique, aussi. Comme tout le monde dans sa vie, il a connu des hauts et des bas, mais il ne se plaignait jamais. Il n'évoquait que trop rarement ses soucis. Il m’écoutait, autant que je l'écoutais. Ce serait trop facile de dire que j’ai senti quelque chose. Non, ce serait mentir… Il avait une envie frénétique de revenir dans le rugby, ça oui ! Avant que le projet Béziers n’arrive, j’ai souvenir qu’il me parlait de son souhait de retrouver le monde du rugby lors de deux soirées que nous avions passées ensemble, au Japon, lors du Mondial. Mais en vous parlant, je revois aussi son sourire plein de malice à cette occasion.

Je n’en ai jamais fait mon capitaine, aussi bizarre que cela puisse paraître. Je crois qu’il n’avait pas besoin de cela. Au Stade français, c’était Vincent Moscato et en équipe de France Raphaël Ibanez, Fabien Pelous et Fabien Galthié. Pourtant, je me suis appuyé sur Christophe lors de mes deux mandats. Mais il faut aussi savoir que je lui en demandait beaucoup. J’étais plus exigeant avec lui qu’avec les autres, et il répondait à chaque fois. On perd vraiment quelqu’un de bien… »

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