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Reconversion : Lionel Nallet ferraille désormais à l'usine

  • Lionel Nallet ferraille désormais à l'usine
    Lionel Nallet ferraille désormais à l'usine DR
Publié le Mis à jour
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Sa reconversion ? Lionel Nallet l’avait préparée bien avant la fin de sa carrière de sportif, en créant dès 2007 avec son beau-frère son entreprise Usirea, spécialisée dans l’usinage de pièces métalliques… Une vocation de chef d’entreprise dans laquelle le vice-champion du monde s’épanouit plus que jamais, malgré la crise sanitaire qui frappe la planète. De quoi nous offrir un moment de pure respiration, dans ce contexte anxiogène…

Il fut un temps, durant sa carrière de joueur, où le peu loquace Lionel Nallet ne sortait véritablement de sa carapace que lorsqu’il s’agissait d’évoquer sa petite entreprise, Usirea, lancée en 2007 en compagnie de son beau-frère Julien Tarare et spécialisée dans l’usinage de pièces métalliques… Depuis  ? Plus d’une dizaine d’années, et beaucoup d’eaux se sont évidemment écoulées sous les ponts de l’Ain… Et joindre Lionel Nallet en est devenu un exercice beaucoup plus difficile encore  ! Plutôt un bon signe, finalement, puisqu’il sous-entend que la PME sise à Saint-Étienne-du-Bois, à quelques kilomètres au nord de Bourg-en-Bresse, n’a plus besoin de l’aura médiatique de l’ancien capitaine du XV de France (74 sélections, 8 essais) pour exister… « Enfin, on y arrive, nous glissait-il finalement dans l’après-midi de mercredi, après trois jours de bataille toute relative entre appels en absence, mails, textos, messages vocaux et autres joyeusetés. Il faut dire qu’en ce moment, avec les enfants à la maison en raison du confinement, j’ai des journées un peu plus compliquées que d’habitude… »

Même avec le covid, nous n’avons jamais fermé

Cette crise du Covid-19, justement  ? Parlons-en, puisqu’il s’agissait en réalité du prétexte de notre appel. Une catastrophe sanitaire mondiale, évidemment, mais aussi économique puisqu’il est d’ores et déjà écrit que de nombreuses petites et moyennes entreprises n’y survivront pas. Le genre de perspective plutôt du genre à effrayer un patron ordinaire de PME, en théorie, à en croire le déferlement d’informations anxiogènes qui n’en finissent plus de déferler sur les écrans. Un patron ordinaire ? Peut-être. Mais certainement pas Lionel Nallet, qui a connu trop de mêlées relevées et autres coups de poing par-derrière tout au long de sa carrière pour se laisser impressionner par une bagarre générale. Fut-elle aussi gigantesque, pernicieuse et imprévisible… « Nous n’avons jamais fermé, s’amuse l’ancien deuxième ligne. Au niveau de l’organisation des postes de travail, nous n’avons pratiquement rien eu à changer puisqu’en temps normal, tous les opérateurs travaillent à cinq ou six mètres de distance les uns des autres… On a juste mis des masques et du gel hydroalcoolique à leur disposition, on fait très attention au moment de passer les consignes, on respecte toutes les préconisations en matière d’hygiène et des gestes barrière, et on travaille comme d’habitude. Cette semaine, comme nous travaillons sur des pièces destinées à des centrales nucléaires, nous avons eu un contrôle de la part de Framatome (ex-Areva, N.D.L.R.). Honnêtement, à part le fait que nos portions des masques, tout s’est passé exactement comme d’habitude. »

Croissance à deux chiffres

La raison de cette quiétude ? Elle réside évidemment en un carnet de commandes toujours bien rempli, que même le Covid-19 n’a pas réussi impacter pour l’instant. « Il y a eu une petite baisse quand même, mais on pense que s’il doit y avoir un creux, il interviendra plus tard. Nous sommes notamment en ce moment sur un projet qui concerne les centrales nucléaires anglaises. Alors, comme il n’y a pas eu d’arrêt d’activité chez eux, notre production n’en pâtit pas trop. Pour l’instant, en tout cas  ! »
Coup de chance ? Pas vraiment… Car si Usirea s’est permis voilà trois semaines le luxe d’engager des travaux d’agrandissement (après avoir déjà procédé à un déménagement dans un site de 900 m² en 2015) et peut s’enorgueillir de compter pêle-mêle 16 employés, un chiffre d’affaires avoisinant les deux millions d’euros et une croissance à deux chiffres qui se maintient depuis la création de l’entreprise, cette expansion demeure étroitement liée à une étude de marché des mieux senties, réalisée par les beaux-frères à la création de l’entreprise, et dont celle-ci tire aujourd’hui les bénéfices. « Avec Julien, qui a une bonne connaissance du domaine mécanique, nous avons longuement réfléchi avant de lancer notre affaire, rappelle Nallet. À l’époque, il nous était apparu clairement que seul le domaine de la fabrication en petite série des pièces très techniques pouvait avoir le vent en poupe. Si bien qu’aujourd’hui, on réalise des petites et moyennes séries pour des secteurs comme l’industrie nucléaire et aéronautique, qui représentent environ 60 % de notre chiffre d’affaires, mais aussi les industries pétrolière ou ferroviaire. »

Déconnecté du rugby

Des industries comme autant de secteurs de pointe indispensables, sur lesquels l’impact du Covid-19 n’a été finalement que relatif. Et qui ont le mérite de permettre à Lionel Nallet de continuer à côtoyer le haut niveau, technologique cette fois… À son grand plaisir  ! « Depuis que j’ai arrêté le rugby, je passe entre 10 et 12 heures par jour sur le site de l’entreprise, et je repasse parfois derrière les machines avec mon beau-frère lorsque nous sommes en retard sur certaines commandes… C’est fini, le temps où je n’étais qu’un commercial de luxe  ! En revanche, j’avoue que j’ai un peu décroché avec le rugby. Cette saison, je ne suis allé qu’à un seul match, le premier de la saison à Lyon, au mois d’août. Ensuite, les seules images que j’ai vues, c’est celles du Tournoi des 6 Nations à la télévision… Comme tout le monde, j’étais heureux qu’on retrouve de l’espoir. Je ne sais pas s’il y a plus de talent dans cette génération, mais on se rend compte qu’aujourd’hui, on est de nouveau capables de gagner d’un ou deux points les matchs que l’on perdait de peu autrefois… Cela a redonné de l’espoir à tout le monde. » Une denrée plutôt rare en cette drôle de période, que l’exemple de Lionel Nallet nous permet également d’entretenir au travers de sa petite entreprise qui, comme dans la chanson de Bashung, ne connaît pas la crise…

Lionel Nallet en 2012 lors du Tournoi des 6 Nations contre l'Angleterre
Lionel Nallet en 2012 lors du Tournoi des 6 Nations contre l'Angleterre Philippe Perusseau / Icon Sport - Philippe Perusseau / Icon Sport

Digest

  • Né le : 14 septembre 1976 à Bourg-en-Bresse (01).
  • Sélections : 74 (dont 16 capitanats), 9 essais.
  • Débuts internationaux : le 28 mai 2000 à Bucarest contre la Roumanie (20-67).
  • Clubs successifs : Bourg-en-Bresse (1994-1997) ; Bourgoin-Jallieu (1997-2003), Castres (2003-2009) ; Racing 92 (2009-2012) ; Lyon (2012-2015).
  • Palmarès : Vice-champion du monde (2011) ; vainqueur du Tournoi des 6 Nations (2006, 2007, 2010) dont un Grand Chelem (2010) ; vainqueur du Bouclier européen (2003) et de la Coupe de la Ligue (2003) ; champion de France de Pro D2 (2014).

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