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De Villiers : « Avec Raph, nous avons failli entraîner ensemble »

  • Au chevet du XV du Chardon depuis le début du Tournoi des 6 Nations, Pieter de Villiers retrouvera son ancien compagnon de mêlée, Raphaël Ibanez.
    Au chevet du XV du Chardon depuis le début du Tournoi des 6 Nations, Pieter de Villiers retrouvera son ancien compagnon de mêlée, Raphaël Ibanez. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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En novembre dernier, Pieter De villiers quittait le Stade français dans le sillage du manager Heyneke Meyer. Depuis, il a rebondi, nommé entraîneur de la mêlée du XV d’Écosse pour ce Tournoi des 6 Nations 2020.

Probablement meurtri de ne pas avoir réussi là où il avait tant brillé durant sa carrière de joueur, l’ancien entraîneur du Stade français n’a rien dit de sa déception. Pas un mot. Dimanche, celui qui a porté le maillot du XV de France à 70 reprises sera donc assis à côté de Gregor Towsend, pas très loin de ses deux anciens partenaires en bleu Fabien Galthié et Raphaël Ibanez avec qui il a tant partagé. Dans cet entretien, le premier qu’il accorde à un média français depuis son départ du club de la capitale, il revient sur cet épisode douloureux tout en pudeur, évoque son plaisir de voir l’équipe de France rayonner à nouveau et partage son amitié avec Galthié, mais aussi avec Ibanez avec qui il a bien failli travailler dans un club de Top 14 il y a quelques années..

Vous avez quitté le Stade français au mois de novembre. Depuis, vous ne vous êtes jamais exprimé. Pourquoi ?

Je n’en ressentais pas le besoin. L’histoire avec le Stade français s’est terminée de telle façon que je n’avais pas envie d’en parler. Trop de choses ont été dites ou écrites sur le club, cela ne servait à rien d’en rajouter. Les dirigeants ont été très corrects avec moi et avec le staff. Et puis, dès lors qu’on embrasse une carrière d’entraîneur, il faut être préparé à ce genre de situation. Ce n’est pas toujours facile à vivre, mais je peux vous assurer que le Stade français reste mon club de cœur.

Justement, pouvez-vous nous dire comment vous avez vécu votre départ ?

Vous savez, c’est moi qui ai proposé au lendemain de la défaite contre le Racing 92 que le staff en place s’en aille. À partit du moment où les joueurs ne voulaient plus de nous, il n’y avait pas d’autres alternatives. Les dirigeants l’ont compris et ont activé cette solution. En tant que coach, mon expérience avec le Stade français aura été, jusqu’à présent, la plus courte de toutes. J’ai toujours travaillé dans la durée lors de mes précédentes expériences. Forcément, ce n’est pas une réussite pour moi. Au contraire. Mais, le club avait besoin de prendre un peu de distance avec le staff auquel j’appartenais. Peut-être que de mon côté, le ressenti était aussi similaire. Mais, cette expérience m’aura servi. J’ai appris en étant l’assistant de Heyneke Meyer. Et je suis convaincu que cela me servira plus tard.

Avez-vous des regrets de ne pas avoir réussi dans votre club de cœur ?

Je peux vous dire que le jour où je suis parti, ça a un peu piqué. J’avais la gorge nouée et la boule au ventre. Mais je n’ai pas de regret. Autant, j’ai aimé ma vie de joueurs du Stade français, autant je n’ai pas détesté mon passage en tant qu’entraîneur. Ça n’a pas été simple, c’est vrai. Mais aujourd’hui, je soutiens de tout mon cœur le travail que fait Thomas Lombard. Je garde aussi beaucoup de respect pour le Docteur Wild. Et je leur souhaite le meilleur. Je n’ai vraiment aucune amertume et je suis aujourd’hui très épanouie dans mes nouvelles fonctions.

Justement, racontez-nous comment vous avez intégré le staff du XV de l’Ecosse ?

Gregor (Townsend) a pris contact avec moi après la Coupe du monde car il était à la recherche d’un spécialiste de la mêlée. Très vite, nous nous sommes rencontrés à Paris. Un premier rendez-vous de deux heures au cours duquel je lui ai livré mes analyses et expliqué mon plan de travail. Il est revenu vers moi assez rapidement pour me proposer d’intégrer le staff pour le Tournoi des 6 Nations. Dès le début du mois de janvier, nous nous sommes mis au travail.

Quel est votre rôle exactement au sein du staff ?

Je m’occupe quasi exclusivement de la mêlée. Évidemment, j’assiste les autres coachs si besoin. Mes différentes expériences me permettent de partager mes connaissances. Ce parcours d’apprentissage m’a permis de grandir. C’est un atout. Mais je sens aussi que l’on est naturellement plus à l’aise dans le cœur de son métier. Je prends beaucoup de plaisir aujourd’hui à m’occuper de la mêlée écossaise.

Dans quel état avez-vous trouvé cette équipe d’Écosse, éliminé dès le premier tour du dernier Mondial ?

Si Gregor a fait appel à moi, c’est qu’il ressentait le besoin pour son équipe de profiter des connaissances d’un spécialiste de la mêlée. Mais j’ai été impressionné globalement par le niveau technique, par la qualité des "skills", par le niveau de préparation physique des joueurs écossais et leur capacité à être endurant sur 80 minutes. Le problème, c’est que le vivier de joueur est mince. Nous nous appuyons seulement sur deux équipes, à Glasgow et à Edimbourg. Mais c’est une nation qui a su maximiser son potentiel grâce à une qualité de travail exceptionnelle. Et je pense que ce groupe peut encore progresser. Ici, l’approche du travail est vraiment très professionnelle. Et nous avons pu avancer très vite sur le travail que j’avais à proposer en mêlée.

Quelle est votre mission précise ?

Gregor a cherché après la Coupe du monde à équilibrer ses forces. Aujourd’hui, le jeu de l’Écosse permet de mettre en difficulté n’importe quelle équipe. Mais notre style de jeu est connu de tous. Mon but, c’est donc de mettre en place une plate-forme d’attaque digne de ce que cette équipe est capable de réaliser. La conquête doit être aussi bonne que la qualité du système offensif.

Pensez-vous poursuivre avec le XV d’Écosse au-delà du Tournoi des 6 Nations ?

Les dirigeants de la Fédération ont exprimé le désir de discuter d’un prolongement de ma mission après le Tournoi. Je crois que ce qui a aussi séduit Gregor, c’est mon expérience en Afrique du Sud, le fait d’avoir travaillé de façon verticale avec toutes les équipes de jeunes jusqu’aux Springboks. Ce sera peut-être l’objet d’une nouvelle mission pour moi.

Il me tarde de croiser Raphaël et Fabien. Ça me fera plaisir de partager une bière avec eux après le match. Avec Raph, nous avons poussé très longtemps ensemble en mêlée. Entre nous, il y a beaucoup de respect et d’amitié. Nous avons même failli entraîner ensemble dans un club de Top 14

Deux défaites, une seule victoire, comment jugez-vous le début de tournoi de votre équipe ?

Nous pouvons nourrir quelques regrets sur la rencontre face à l’Irlande. Nous avons été longtemps dans le match et une victoire n’aurait pas été un vol. Physiquement et en conquête, nous avions rivalisé. Ensuite, face à l’Angleterre, dans des conditions météorologiques très difficiles pas franchement en notre faveur, notre équipe n’a rien lâché. Enfin, en Italie, nous n’avons pas su prendre tous les points qui se sont présentés, mais c’était important de gagner. Nous devons retrouver la force de cette équipe au niveau de son attaque.

Dans quel état d’esprit est l’équipe d’Écosse avant d’accueillir le XV de France ?

Cette équipe de France a rapidement trouvé ses marques, ce qui n’est pas le plus facile. À mon avis, une équipe anglo-saxonne n’aurait pas pu réussir ce challenge aussi vite. Mais ça, c’est une force du rugby français. Quand les choses sont faites dans l’ordre, que chacun est à sa place, une équipe française peut très très vite trouver ses repères. De ce que j’aperçois, j’ai l’impression que le cadre a été bien posé par le staff. À chaque place, il y a la bonne personne avec une mission bien précise. Et l’équipe de France s’épanouit, ce qui est tout de même une bonne nouvelle pour un rugby français en perte d’identité ces dernières années. Fabien (Galthié) a su s’entourer des compétences nécessaires et il ne s’est pas trompé. Personnellement, j’en suis ravi car le rugby français en avait bien besoin.

Justement, vous connaissez très bien Fabien Galthié et Raphaël Ibanez avec qui vous avez longtemps joué. Quel regard portez-vous sur leur association ?

Ce sont les bons entraîneurs, au bon moment, avec une génération de joueurs talentueuse. Toutes les étoiles sont bien alignées me semble-t-il en ce moment pour le XV de France.

Voyez-vous cette équipe faire le grand chelem ?

(il rigole) Question piège ! De par ma position d’entraîneur de la mêlée écossaise, j’espère que non. Mais la situation actuelle des Bleus me fait un peu penser à ce que j’ai vécu avec cette équipe, a l’époque où Bernard Laporte était sélectionneur. Fabien et Raphaël ont su mettre en place une défense remarquable, un jeu au pied d’occupation excellent et ça permet aux individualités de s’exprimer dans un confort important. En trois matchs, l’équipe de France a changé de statut. Elle est désormais respectée quel que soit l’endroit où elle joue et elle mérite son statut de favori. Ce sera un beau challenge pour nous. Il nous tarde de nous mesurer à la meilleure équipe du Tournoi actuellement.

Est-ce particulier pour vous de vous retrouver face au XV de France ?

Ça m’est déjà arrivé une fois ou deux avec les Springboks, mais c’est toujours un moment spécial. Il me tarde de croiser Raphaël et Fabien. Mais aussi William Servat avec qui j’ai joué. "La Bûche", je l’aime bien et il fait du super boulot avec la mêlée de l’équipe de France. Ça me fera plaisir de partager une bière avec eux après le match. Avec Raph, nous avons poussé très longtemps ensemble. Entre nous, il y a beaucoup de respect et d’amitié. Nous avons même failli travailler ensemble dans un club de Top 14. À l’époque, ça n’a pas pu se faire car j’étais engagé avec la Fédération sud-africaine.

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