Carnet de campagnes

  • Charles OLLIVON
    Charles OLLIVON Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Le rendez-vous est posé comme un instant de vérité : samedi prochain, les Bleus de Charles Ollivon iront frotter leur fraîcheur insouciante à la rigueur galloise dans l’étouffoir du Millennium de Cardiff. Un choc des cultures. Du rude, de l’épais, du muscle et une ambiance surchauffée comme un premier voyage aux portes de l’enfer pour cette équipe de France encore franchement tendre à l’arête. Une sélection qui promène sa jeunesse attachante pour reconquérir les cœurs, mais sans encore tout maîtriser de son expression collective. On verra donc, samedi de quel bois se chauffe véritablement l’équipe de France. Si elle est capable de gagner rapidement un titre pour répondre à l’incantation de Fabien Galthié, ou si elle devra patienter, se roder et se forger un moral dans la difficulté de la défaite.

Une chose est sûre : elle n’a pas attendu sa troisième apparition pour produire ses premiers effets. Les ondes redevenues positives autour des Bleus bercent le rugby français dans une drôle d’ambiance, quasi euphorique. En tous les cas très éloignée du climat de tension et d’affrontement qui prédomine d’ordinaire en année électorale. Nous y sommes pourtant, avec des votes à venir à la Fédération, la Ligue et même à World Rugby. Pour l’heure, c’est l’effet XV de France, les campagnes nationales semblent endormies : Florian Grill et son équipe multiplient les réunions de terrain mais ils se battent quasiment sans adversaire. Bernard Laporte surfe sur une double vague : le Mondial 2023 que la France accueillera et la promesse du renouveau tricolore porté par Galthié. Il ne lui en faut pas davantage pour camper le rôle du favori et attendre, le plus longtemps possible, avant de se lancer dans la bataille. D’ici là, avec ou sans lui, les supputations iront bon train quant à la composition de sa future liste…

Du côté de la LNR, l’actualité politique est figée dans un semblable « no man’s land ». Paul Goze a épuisé son crédit de mandats et attend qu’une majorité de clubs professionnels lui demande de rempiler. Le sujet devait être abordé en marge du dernier sommet de la Ligue, il le sera finalement lors de la réunion des présidents. Goze sera ainsi très vite fixé en interne - ce qu’il souhaite - mais rien ne dit que la FFR accepte ensuite de modifier les statuts pour que le Catalan puisse effectuer un troisième mandat. En clair, si le climat général était à l’apaisement depuis la nomination de Galthié, l’ambiance s’est à nouveau tendue depuis quelques semaines, avec le fonds de pension CVC pour figer les oppositions. Dans la mêlée, se joue l’avenir du Top 14, des Coupes d’Europe et du Tournoi des 6 Nations à l’horizon 2024, selon les prochains choix de World Rugby. De quoi crisper l’ambiance… « Le rugby français est ainsi fait que tout se termine toujours par un rapport de force », nous confiait, lucide, un dirigeant rodé aux joutes liguo-fédérales. « La question est de savoir si l’on peut se passer du Top 14. Personnellement, je n’y crois pas… » Alors, si Laporte déroule pour le moment son plan d’action dans un mode « bulldozer » qui lui est propre, Goze doit lui composer. Et ses clubs, eux, d’imaginer des solutions de rechange si jamais la fédération devait s’opposer à son troisième mandat. Alain Tingaud est dans les starting blocks mais Pierre-Yves Revol a le profil du rassembleur, de tous bords.

Affaires à suivre, dans les semaines à venir. Quand les campagnes seront véritablement lancées. Certainement après le temps des municipales, où tous les coups -bas- semblent permis… Pour l’heure, le rugby y a toujours échappé, préférant laver son linge sale en famille plutôt que d’avoir à se vautrer dans la vilenie. Ce n’est pas le moindre des combats.

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