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Toulouse, à pied d’œuvre

  • Thomas Ramos contre Clermont
    Thomas Ramos contre Clermont Midi Olympique
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Plus entreprenants, les Toulousains ont surtout remporté cette finale sur la qualité de leur défense et leur jeu au pied. Preuve que les leçons du Leinster ont vite été retenues…

On ignore quels sentiments confus ont bien pu traverser l’esprit de Guy Novès, installé dans les tribunes du stade de France. Mais on est à peu près certain que ce dernier a eu comme un sentiment de déjà vu… Au vrai, la domination en mêlée en moins, cette finale ressembla furieusement à celles remportées par le Stade des années 90. Avec les mêmes recettes : premier rideau imperméable susceptible de faire perdre ses moyens à l’adversaire, occupation du terrain sans faille, et un brin de talent pour conclure les occasions… La preuve, en somme, que ce Stade version 2019 a bien retenu la leçon de sa défaite en demi-finale de Champions Cup face au Leinster…

Car oui, si l’on ne peut que s’enthousiasmer pour le joli doublé de Yoann Huget et les parfaits services de Kolbe (lire ci-dessous), c’est d’abord en défense que les Toulousains ont remporté ce titre. En ne concédant aucun essai (et donc en obligeant Clermont à ne scorer que par leurs pieds), les Haut-Garonnais ont en effet récité une partition sans faille en défense. Le plan bâti par William Servat et Laurent Thuéry était limpide : face au jeu direct des Auvergnats, il s’agissait pour Toulouse de monter de manière très agressive sur les blocs d’avants jaunards (quel match des flankers Cros et Elstadt !), en les impactant haut tout en cherchant à faire "ripper" les ballons, tandis que les centres Guitoune et Ahki se chargeaient de couper les extérieurs, en visant systématiquement le trois-quarts caché dans le dos dudit bloc. Une méthode qui perturba considérablement l’attaque clermontoise, provoquant une pénalité pour passage à vide, plusieurs en-avant de passe, et surtout un nombre incroyable de ballons perdus au contact (lire ci-dessous). Le ton ayant été donné d’entrée de jeu par le gros plaquage de Kaino sur Kayser, jusqu’à un ultime coffrage réussi par Guitoune, Ntamack et Ramos sur Penaud…

Toulouse et la "zone Raka"

Toutefois, au-delà de la qualité de leur premier rideau, c’est bien l’intelligence des Stadistes dans leur jeu au pied qui força l’admiration. Hormis une grossière erreur de Ramos (14e) sur un coup d‘envoi, les Toulousains ont en effet su occuper le camp avec pertinence, durant 60 % du match. Mieux ? Jamais les Auvergnats ne sont parvenus à entrer dans les 5 mètres toulousains, ne tenant le ballon que 1’ 16” dans les 22 mètres adverses, contre près de 4 minutes pour les hommes de Mola. Le fruit d’un «kicking game» parfaitement élaboré, dont l’essentiel tenait à déposer le ballon dans le dos du «maillon faible» désigné, Alivereti Raka. Au-delà des diagonales dans l’en-but infructueuses distillées par Ramos sur l’aile du Fidjien (5e, 48e), les Toulousains parvinrent ainsi à tromper à plusieurs reprises le "Fidjiff " par Médard (19e), Ramos (46e) ou Dupont (60e), tandis que Yoann Huget remporta à deux reprises ses duels aériens (37e, 43e) face à son vis-à-vis, qui plus est pendant l’exclusion temporaire de Kolbe. Et l’on ne parle pas des deux essais de l’ailier toulousain, bénéficiant à chaque fois d’une défense collective aléatoire de Raka en bout de ligne, dont la tendance à se "déconnecter" de George Moala a sauté aux yeux. Franck Azéma n’ayant finalement d’autre choix, face au calvaire vécu par son ailier, que de le sortir dès la 61e minute pour le remplacer par un… ouvreur, Tim Nanai-Williams.

Laidlaw et lopez n’ont pas fait oublier parra

Pour tout dire ? L’intelligence et la qualité du jeu au pied toulousain trancha singulièrement avec les faiblesses auvergnates, à l’image d’un Laidlaw certes auteur d’un sans-faute face aux poteaux, mais aussi de plusieurs mauvaises sorties de camp en début de match, qui ne permirent pas aux siens de faire la course en tête. Des erreurs qui lui valurent d’ailleurs de céder étonnamment tôt sa place à Cassang, et faire amèrement regretter aux Auvergnats l’absence de Morgan Parra, que la demi-finale contre Lyon n’aura pas suffi à faire oublier… Cela d’autant plus qu’en l’absence de son habituel binôme, Camille Lopez rendit une prestation en-deça de ses standards, multipliant les mauvais dégagements en deuxième période. Sa hasardeuse chandelle de la 53e (alors que son équipe venait de recoller à 14-12) se trouvant même à l’origine du temps fort qui ramena les Toulousains dans les 5 mètres, prélude au deuxième essai de Huget. Difficile de parler de hasard, à ce niveau…

Avis de déchets

Il ne sera pas faire injure aux acteurs d’affirmer que cette finale dite "de rêve" ne tint pas toutes ses promesses, la faute à un déchet considérable, partagé par les deux équipes. La preuve résidant dans ce nombre incroyable de ballons perdus (18 par Toulouse, 15 par Clermont) qui ne permit que trop rarement aux équipes de trouver de la continuité. Le paradoxe ? Il est que si on attendait du jeu debout de la part des Toulousains et un jeu plus axé sur la conservation au sol pour Clermont, les deux formations se sont exposées sur le point fort de l’adversaire… L’ASM remportant ainsi une demi-douzaine de ballons au sol (dont 3 contre-rucks d’école) tout en perdant pratiquement illico ses munitions au contact, notamment pour avoir tenté des passes après contact impossibles face aux gros bras toulousains. De quoi attiser les regrets ? Pour Clermont, c’est certain…

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