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Danse avec le LOU

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Malgré un scénario des plus défavorables et un match qui ne restera pas dans les annales, le Lou a su trouver les ressources pour prendre sa revanche et bouter hors de la compétition l’épouvantail montpelliérain. Une étape supplémentaire dans la progression d’un club et d’une équipe, qui souhaite désormais ne plus s’arrêter en si bon chemin...

Une histoire d’hommes, qu’ils disaient. Une histoire de mecs, de vrais, qui s’étaient "dit les choses " et livraient un des plus improbables come-back jamais connus dans le championnat de France. Un roman à l’eau de rose, un conte à la Disney, de ceux dont raffolent ces médias qui avaient un peu trop tôt fait du MHR un des favoris pour le Brennus, au vu de leur incroyable fin de saison. Seulement voilà, en sport comme dans la vie, les histoires sont parfois trop belles pour être vraies. Surtout lorsqu’elles sont fondées sur des clichés un peu plus beaux que la réalité… "L’équipe a logiquement manqué un peu d’essence mais elle n’a rien lâché, appréciait en beau perdant le manager Vern Cotter. Les gars ont construit une équipe cette année, et ça doit leur servir pour l’avenir. " La grande souffrance connue par le MHR durant l’hiver ayant au moins eu le mérite d’humaniser l’équipe des Robocops de l’Hérault, et de changer en partie l’image de ceux qui déploraient, à juste titre, être considérés comme les mal-aimés du championnat…

Mais cela ne doit pas occulter un autre aspect de la question, comme oublié durant la semaine. À savoir que les Lyonnais, grands dieux, vivent eux aussi une histoire d’hommes, une histoire de mecs qui se "disent les choses ", et avancent en formation groupée. À la différence que ce Lou, régulier en diable depuis le début de la saison, a le mérite de vivre son aventure dans l’ombre, malgré sa troisième place obtenue lors de la phase régulière… "Quand j’ai vu les images de Pierre Mignoni en conférence de presse d’avant-match, ça m’a amusé, souriait le demi de mêlée Jean-Marc Doussain. Mais il a raison : à un moment donné, les histoires de favoris, tout ça, ça n’a pas vraiment d’importance. On ne parle pas beaucoup de nous ? Tant mieux, après tout. On trace notre petit bonhomme de chemin, et ça nous va très bien… " Pas assez sexy, pas assez flashy, ces Lyonnais ? Pierre Mignoni n’en a évidemment cure, qui balaie ce vocabulaire bien peu "rugby " d’un revers de main. "J’entends des spécialistes dire que nous sommes une équipe "moyen bien ". Je ne sais pas ce que ça veut dire… Moi, je préfère dire "homogène ". Je connais notre effectif, puisque c’est moi qui l’ai recruté. Je sais pertinemment que nous n’avons pas les points forts de certains de nos adversaires. En revanche, je sais aussi que nous n’avons pas beaucoup de points faibles, et ça, ça m’intéresse. " Un peu à l’image d’un certain CO, champion de France l’an dernier, faut-il le rappeler…

Alors certes, il est beaucoup trop tôt pour savoir si ces Lyonnais seront de la trempe à aller décrocher un Brennus dans quinze jours. Seule certitude : toute la meute s’est enfin persuadée que la chose était possible, ce qui n’était pas le cas l’an dernier après le barrage à Toulon. "L’an dernier, après le barrage, nous étions en bout de course physiquement, et nous avions eu du mal à négocier la demie, rappelait le capitaine Julien Puricelli. Cette année, la gestion de l’effectif a été différente, et nous en ressentons les bénéfices. Il y a plus de fraîcheur. "

Sacrée résilience

Une fraîcheur qui se ressent sur le physique, bien sûr, mais surtout sur le mental. Au vrai, combien d’équipes auraient été sonnées, K.-O. debout, en prenant en pleine figure l’uppercut que fut le contre sur Charlie Ngatai dès la 2e minute, suivi quelques minutes plus loin par un crochet pleine tempe matérialisé par la sortie sur saignent de Jonathan Wisniewski ? Et pourtant, dans cette atmosphère de sauve-qui-peut généralisé, le Lou a su serrer les crocs. "Cette équipe a pris de la maturité, elle dégage une sérénité qui fait qu’elle ne s’affole pas, appréciait Doussain. À titre personnel, lorsque j’ai vu "John" sortir, j’ai été surpris qu’on m’appelle car je n’avais pas beaucoup tourné à l’ouverture dans la semaine. C’était plutôt Jean-Marcellin Buttin… Et je rentre sur une mêlée à cinq mètres pour eux, où ils devaient envoient Nadolo en premier attaquant… On peut dire que ça m’a mis dans le bain ! Mais ça s’est plutôt bien terminé pour nous, puisque nous avons réussi à laisser passer l’orage en n’encaissant que trois points. "

Cette résilience ? Elle est, à n’en pas douter, la marque de fabrique du Lyon de Mignoni. Car malgré un scénario contraire, malgré un match haché par les coups de sifflet d’un M. Ruiz jamais vraiment au diapason, malgré une mêlée sur le reculoir, ce Lou réussit à marquer sur ses deux seules véritables occasions et à reprendre l’avantage, à la grâce d’un bon coaching et d’un réalisme étonnants. "Les entrants nous ont fait du bien, confirmait Mignoni. Ça m’a parfois agacé qu’on ne parvienne pas à jouer davantage, à prendre plus d’initiatives, mais notre état d’esprit en fin de match nous a permis d’assurer l’essentiel. "

Des messages pour la charnière

Un message subliminal lancé à une charnière Couilloud-Wisniewski qui ne présentait certes pas 300 minutes en commun avant le match, mais devra peser davantage sur les débats en demi-finale si elle souhaite permettre au Lou de se frayer un chemin jusqu’à Saint-Denis. "Concernant Baptiste, c’est un match qui doit le faire grandir, souriait Mignoni. Il a pris quelques bonnes initiatives mais il doit encore faire mieux, notamment en matière de gestion et de jeu au pied. Quant à Jonathan, il a été parfois très bon, parfois un peu plus timide… Lui aussi doit faire mieux. "

Faut-il y voir un surplus de pression, dicté par cette légende urbaine qui voyait un Wisniewski un joueur incapable de gagner une rencontre de phases finales de Top 14, en quinze ans de carrière ? Le fait est que samedi, celle-ci a enfin été conjurée, ce dernier ne manquant au passage aucun de ses tirs au but. Un déclic comparable à celui connu par le Lou, enfin vainqueur de son premier match de phases finales en Top 14 (sa qualification face à Toulon l’an dernier ayant été le fruit d’un match nul, 19-19). Et surtout une autre belle histoire, une histoire d’hommes, qui vient à point pour nourrir la geste de cette drôle de saison. À l’image de celle de Liam Gill, revenu d’entre les morts après avoir contracté une mauvaise bactérie en début d’année et perdu 11 kilos, de Jean-Marcellin Buttin revenu à la compétition après quatre mois d’arrêt, de Ngatai auteur de son pire match sous le maillot lyonnais avant d’inscrire l’essai de la qualification. Un essai validé sans l’aide de la vidéo, tout comme fut signalé un passage en touche de Nagusa… Autant de décisions discutables et autres faits de jeu qui contribuent, eux aussi, à la belle histoire de ce Lou bien décidé à danser jusqu’à la fin du printemps.

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