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Fins tragiques à "Pierre-Antoine"

  • Christophe Urios va donc quitter Castres sur une sortie de route à domicile contre Toulon. La fin d’une ère dans le Tarn...
    Christophe Urios va donc quitter Castres sur une sortie de route à domicile contre Toulon. La fin d’une ère dans le Tarn... Dépêche du Midi
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L’impensable est arrivé. Le CO a été privé de phase finale à l’issue d’un match totalement manqué. la deuxième ère Urios se termine par un couac qu’il ne méritait pas. Yannick Caballero aussi rêvait d’une sortie plus joyeuse. À "Pierre-Antoine - Pierre-Fabre", une page s’est tournée dans la tristesse.

C’est surréaliste ! Castres, l’a fait ! Trois défaites à domicile de rang pour finir le championnat, dont cet ultime revers inimaginable face à Toulon, comme un coup de poing au foie ou "un parpaing dans la gueule" selon les mots de Christophe Urios. Le pire fut sans doute ce post-scriptum cruel, cette rumeur qui s’empara de Pierre-Antoine alias Pierre-Fabre. Elle indiquait que Clermont venait de marquer in extremis un essai victorieux. On vit des attroupements devant des organisateurs, des "geeks" les yeux rivés à leur smartphone.

Des supporters le regard implorant vers la tribune de presse. Puis le lointain verdict scella l’après-midi funèbre. "Un truc de fou. Je suis ressorti du vestiaire en pensant qu’on pouvait s’en sortir malgré tout…" confia Urios. Non, le CO ne serait pas sauvé par un coup du sort extérieur. Il faudrait assumer à 100 % cette défaite incontestable, ponctuée d’une kyrielle de ballons tombés avec fébrilité, d’une mêlée beaucoup moins dominatrice que prévu (c’est le moins qu’on puisse dire). Faut-il convoquer le mental ou la psychologie pour expliquer tout ça ? Peut-être, en effet, qu’à 8-0 après un essai d’Urdapilleta petit côté (après un franchissement décisif de David Smith) les Castrais ont cru que c’était dans la poche… Ils ne pensaient peut-être pas que Toulon pourrait marquer deux fois presque coup sur coup, avant la pause pour relancer la partie. Voilà comment la confiance a changé de camp…

Le speaker fait son possible

Une fois la défaite consommée, le speaker fit son possible pour animer l’après-match avec dignité. Il fallait célébrer les partants et saluer le public. Tout le monde a tâché de le faire, l’esprit un peu étourdi. "N’oublions pas ce que nous avons vécu la saison dernière" martela l’homme au micro pour faire passer la pilule. Dans ce genre de circonstances, c’est vrai, son boulot n’est pas une sinécure.

Cette non-qualification a donc souligné d’une triste note la sortie de deux figures emblématiques. Yannick Caballero d’abord, 36 ans, Castrais depuis les minimes (avec un intermède à Montauban). "Oui, il y avait beaucoup d’émotion. Je finis donc sur une désillusion, mais nous l’avons mérité. Nous n’avions pas assez d’énergie pour aller plus loin. Nous sommes tombés dans le rythme de Toulon, nous nous sommes énervés, ils nous ont sortis du match assez facilement. Nous n’avons plus joué en équipe mais avec des actions individuelles" diagnostiqua le troisième ligne, le visage empreint d’un sourire triste. "Ce qui a grippé depuis quelques semaines ? Je ne trouve pas de raisons particulières. Je constate juste qu’à l’extérieur, nous étions capables d’aller bouger n’importe qui alors qu’à domicile, nous étions fébriles. Nous avons gâché une voie royale. Contre Toulouse, nous avons perdu de très peu, c’est vrai. Mais au vu des défaites qui ont suivi, je le repète, nous ne méritions pas d’être dans les six. On s’est longtemps dit que si nous arrivions dans les six, une nouvelle aventure commencerait… Peut-être aussi qu’avant, les autres avaient peur de nous et que cette année, nous ne faisions plus peur… "

Dernières poignées de main

Yannick Caballero restera sans doute dans le giron du CO, pour prospecter le vivier des jeunes Tarnais dans un premier temps. Ses propos d’après-match avaient le doux parfum de la nostalgie, ils respiraient la classe d’un joueur qui nous a toujours semblé si heureux d’être là : "On ne me prévoyait pas un tel avenir, avec mon physique, si courant, depuis les Crabos. Je suis fier de ce que j’ai fait et je suis fier de toutes mes rencontres. Je me suis inspiré de tout le monde, Français, étrangers, coaches…"

Christophe Urios aussi a achevé sa deuxième vie castraise sur un échec. Il vint s’exprimer rapidement avec sa faconde habituelle, empreinte forcément d’une certaine gravité : " Je pensais bien que nous aurions été capables de battre Toulon. Mais dans la vie, on a ce qu’on mérite et sans doute qu’on ne méritait pas de faire mieux que septième. Depuis le match de Bordeaux, nous avions un boulevard devant nous et nous n’avons pas assumé. Je ne vais pas tirer sur une ambulance… Mais je le reconnais, on a pris un parpaing dans la gueule cet après-midi. À se demander qui jouait la qualification et qui jouait pour l’honneur… Même à 8-0, alors qu’on faisait des trucs pas mauvais, je ne sentais pas cette agressivité qui fait la différence."

À mesure qu’il parlait, il évoqua quelques sensations enfouies qui lui étaient revenues, quand Toulon construisait son succès. "Je suis très triste, abattu même. Tout est fini. Ce matin quand je suis arrivé, je me suis dit que ça pouvait arriver, mais je n’y croyais pas. Voilà mon erreur et peut-être que d’autres ont pensé comme moi. Dans la vie, je sens des trucs. L’an passé, je sentais qu’on pouvait aller loin. J’ai senti aussi que Montpellier pouvait gagner à Clermont. Et cette année, depuis le match de Bordeaux, je sentais plein de choses, je ressentais une certaine impuissance, même si on est peut-être plus forts que l’an passé. J’ai senti les mecs sans ressort. On a pourtant fait une saison incroyable, mais on n’a pas su gérer la fin du championnat alors que d’habitude c’est notre force."

Le boss du CO, connu pour son habileté à faire jouer ses hommes à 110 % de leur potentiel, était forcément conscient qu’il n’a pas conforté cette réputation qui fait que l’UBB l’attend comme le messie. "Est-ce que c’est moi qui ai fait une erreur après notre bonne victoire à Bordeaux en parlant de la quatrième place ? Peut-être. J’ai sûrement fait des erreurs ce dernier mois."

Une voix se hasarda à le rassurer en lui parlant d’un "bilan satisfaisant". "Satisfaisant ? Mon bilan général est très bon, je vous rappelle qu’en 2015, j’ai trouvé une équipe au bord du Pro D2. Je sais ce que nous avons fait depuis, mais attention je n’étais pas tout seul." Christophe Urios ne put réprimer un ton de lassitude. "Bon, maintenant, je vais vider mon bureau. Ce soir, je n’aspire qu’à une chose, me reposer car je suis fatigué. Je vais partir un peu en vacances alors que je ne voulais pas en prendre. Puis basculer vite sur mon prochain défi qui est Bordeaux, comme vous le savez." C’était la dernière fois qu’il venait donner la bonne parole dans la salle de presse mythique du CO, au milieu des médecine-ball. Du moins dans la peau d’un local. Avant de s’éclipser, il distribua trois poignées de main vigoureuses aux plumitifs qui ne le suivront plus. Voilà comment se termine une ère inoubliable.

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