Même chez les arbitres, on a refait le match... et il y a eu de quoi dire !

  • Thierry Dusautoir (Toulouse) avec l'arbitre Mathieu Raynal - août 2016
    Thierry Dusautoir (Toulouse) avec l'arbitre Mathieu Raynal - août 2016
  • Caminati a assuré l'intérim de Kockott à la mêlée
    Caminati a assuré l'intérim de Kockott à la mêlée
  • Bismarck Du Plessis (Montpellier) s'est excusé auprès de Therry Dusautoir - Août 2016
    Bismarck Du Plessis (Montpellier) s'est excusé auprès de Therry Dusautoir - Août 2016
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TOP 14 - Les arbitres du Top 14 et de Pro D2 se sont réunis cette semaine en stage à Luz Saint Sauveur dans les Hautes Pyrénées. Jeudi, ils ont ouvert leurs portes à la presse pour une séance vidéo sans artifice. Au plus près de l'écran, le patron des arbitres Didier Mené a mené les débats. Au menu, retour sur tous les appels à la vidéo de la première journée et les décisions qui ont suivi.

A peine le Top 14 débuté, les arbitres se sont réunis pour un stage. Durant plusieurs jours, ils ont débattu. L'appel vidéo a clairement été au centre des débats. Dans l'intimité de cette séance collective, Didier Mené, le patron des arbitres, n'a pas hésité à bousculer ses troupes. Comme avec Sébastien Minery, arbitre du match Castres-Pau. La critique débute par le retour vidéo sur le carton rouge attribué à Rory Kockott. L'action se focalise sur Julien Caminati malmenant Julien Thomas. Mais Sébastien Minery a vu autre chose. En direct je vois Kockott marcher sur quelque chose mais je ne sais pas où. Il demande donc à l'arbitre vidéo Philippe Bonhoure de regarder l'action du neuf Castrais. À l'image ce dernier marche sur la cheville du demi de mêlée Palois. Carton rouge : la règle est respectée.

Pas suffisant pour Didier Mené qui, voyant à l'écran le nez ensanglanté de Thomas, revient sur le cas Caminati. Je reconnais que c'est difficile, mais pour moi il fallait jaune et rouge sur l'action. Au rugby on peut aussi jouer à treize. Puis vient à l'image cette action où l'on voit Caminati auteur d'un plaquage haut sur Colin Slade. Le jour du match, après visionnage de la vidéo, Sébastien Minery ne sanctionne pas le joueur castrais. Didier Mené a vu pour sa part un plaquage dangereux et fronce les sourcils. Il demande à Philippe Bonhoure ce qu'il en pensait. L'arbitre vidéo lui apprend qu'il avait jugé le jeu dur et que cela méritait une pénalité et un carton jaune. Des recommandations que Sébastien Minery n'a pas suivies au moment des faits.

Caminati a assuré l'intérim de Kockott à la mêlée
Caminati a assuré l'intérim de Kockott à la mêlée
Tu dois te ressaisir. Tu n'as pas voulu les mettre à 13, mais s'ils doivent jouer à 13, ils jouent à 13. Si c'est 12, c'est à 12... (Didier Méné)

Une semaine plus tard au vu des images, ce dernier juge avoir considéré à tort que Caminati jouait le ballon. On ne doit pas juger avec autant de mansuétude, rappelle Didier Mené. Tu dois te ressaisir. Tu n'as pas voulu les mettre à 13, mais s'ils doivent jouer à 13, ils jouent à 13. Si c'est 12, c'est à 12. Après la séance, Sébastien Minery a admis que ce genre de critique touche personnellement mais qu'il faut l'accepter. L'arbitre poursuit son autocritique : C'est grâce à ça qu'on avance. Il faut accepter l'erreur. J'ai eu des décisions erronées. Sur ce match Castres-Pau, il y a donc eu des erreurs de jugement. C'est sans doute difficile à admettre pour les équipes concernées. Mais il y a quelque chose de rassurant à voir tous les arbitres finalement d'accord sur les décisions qui auraient dû être prises.

Ce qui n'est pas toujours le cas. Comme le confirme l'action d'une autre rencontre de cette première journée du Top 14 : Toulouse-Montpellier. Mathieu Raynal était ce jour-là au sifflet et il a dû intervenir sur un geste de Yoann Huget. On voit l'arrière toulousain lever la jambe pour barrer le chemin du Montpelliérain Mogg qui venait de taper un coup de pied à suivre. Huget a-t-il fait exprès ? Non pour Mathieu Raynal qui se rappelle du pourquoi de sa décision. Il n'y a pas d'évidence que le Toulousain ne veuille pas jouer le ballon. Didier Mené acquiesce, mais dans l'assistance certains pensent autrement.

Bismarck Du Plessis (Montpellier) s'est excusé auprès de Therry Dusautoir - Août 2016
Bismarck Du Plessis (Montpellier) s'est excusé auprès de Therry Dusautoir - Août 2016
Il y a certaines décisions comme ça qui peuvent donner deux réponses défendables. C'est là la difficulté (Mathieu Raynal)

L'arbitre de Pro D2 Vivien Praderie trouve par exemple que cela fait un moment que Mogg a tapé dans le ballon. En Pro D2, il n'a pas droit à la vidéo et dans un tel cas il dit être obligé de sanctionner le Toulousain. Mené précise alors : En Pro D2 ou Fédérale, c'est jaune. On ne peut pas juger l’intentionnalité puisqu’il n'y a pas la vidéo. Alors, fallait-il sanctionner Huget lorsqu'on bénéficie des images ? Intentionnel, pas intentionnel, l'assistance reste partagée. Mathieu Raynal intervient : Il y a certaines décisions comme ça qui peuvent donner deux réponses défendables. C'est là la difficulté. Et Didier Mené d'insister : Il n'y a pas une seule vérité dans certains cas. En revanche lorsque plus tard dans la rencontre Bismarck Du Plessis marche sur le coup de Thierry Dussautoir, tout le monde est d'accord : il n'y a rien de répréhensible car il n'y a pas intention. Il n'y a pas débat, dit Mené. Le plaquage est serré et c'est la seule manière de s'en sortir. Et puis si l'on se rappelle l'action d'Huget, il y a une forme de cohérence dans l'appréhension du jeu déloyal sur cette rencontre.

À Luz Saint Sauveur, les arbitres ont ouvert leurs portes pour faire partager un peu de leur intimité. Ils n'ont rien caché au risque de voir leur ego en pâtir. Didier Mené a été égal à lui-même, sincère et passionné. Comme il l'est à longueur de saison lorsqu'il s'agit de recadrer et/ou soutenir les siens. Non, les arbitres n'évoluent pas dans ce monde fermé ou régnerait le complot et l’auto-satisfecit permanent, comme le pensent certains. Ils s'interrogent, se remettent en question et évoluent en faisant des erreurs. Des gens normaux en sorte.

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