Lombard: "L’hégémonie des All Blacks est contestée"

  • Owen Franks en mauvaise posture - Australie Nouvelle Zélande - 16 août 2014
    Owen Franks en mauvaise posture - Australie Nouvelle Zélande - 16 août 2014
  • Thomas Lombard - mai 2014
    Thomas Lombard - mai 2014
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Pendant toute la durée de ce Four Nations, Rugbrama demande chaque semaine à un expert d’analyser le jeu d’une équipe en compétition. Samedi, la Nouvelle-Zélande accueille l’Australie (9h35 à Auckland) et l’Afrique du Sud se déplace en Argentine l’Argentine (21h10, à Salta).

Avant cette deuxième journée, c’est l'ancien ailier ou centre international (12 sélections), Thomas Lombard, désormais consultant chez nos confrères de Canal+ et RMC, qui se prête à ce petit jeu concernant la Nouvelle-Zélande. Observateur attentif et régulier du Super 15, il avait également commenté l’an dernier la tournée des Bleus chez les All Blacks. Comme souvent, son analyse est précise.

Les Blacks sont-ils moins dominateurs ?

"On peut surtout dire que les autres équipes ont progressé. Aujourd’hui, on lit que les All Blacks ne sont plus aussi maîtres de leur sujet qu’ils ne l’étaient l’an passé, c’est discutable et ce n’est pas complètement faux. L’Angleterre a franchi un cap. L’Australie a retrouvé de l’allant et du talent. Mais les All Blacks marquent peut-être un peu le pas, avec l’absence de Woodcock en première ligne, l’année sabbatique de Conrad Smith, etc. Je pense aussi que l’absence de Dagg est une explication. Et je ne suis pas convaincu que McCaw est sur le déclin comme on l’entend un peu partout… Il y a une transition qui s’est opérée après le titre de 2011, notamment devant avec l’arrêt de Brad Thorn ou Ali Williams, l’année sabbatique de McCaw. La courbe de résultat est toujours impressionnante mais la domination est moins nette. Même si, je le pense, il faudra attendre la fin du Four Nations pour tirer des conclusions. Aujourd’hui, l’hégémonie des Blacks est contestée. D’une part par l’Afrique du Sud comme on l’a vu l’an dernier ; et par les Australiens qui sont confortés par leur victoire dans le Super 15 avec les Waratahs".

Le réservoir est-il toujours aussi impressionnant ?

"C’est toujours pareil, il  y a toujours eu un équilibre en Nouvelle-Zélande avec des joueurs de grande expérience à des postes hautement stratégiques. Je dirais qu’aujourd’hui, ils ont peut-être une expérience qui est moindre par rapport à ceux qu’il y avait avant. Je pense que ça a été une des critiques faite à Graham Henry, c’est d’avoir un effectif de grande qualité mais assez limité. Quand Steve Hansen a pris les rênes de l’équipe nationale, c’est le challenge qui lui a été fixé. C’est-à-dire étoffer le groupe, avoir plus de concurrence à tous les postes, plus de joueurs potentiellement sélectionnables en cas de méforme. C’est ce qu’il a réussi à faire et il ne faut pas tirer trop vite sur lui. Les Blacks ont encore une marge de progression et de développement".

Dan Carter est-il toujours indispensable à cette équipe ?

"Je me permettrais de faire une comparaison entre la carrière de Wilkinson et celle de Carter. J’ai l’impression que Dan Carter est dans le creux de la vague du Wilkinson après la Coupe du monde avec l’Angleterre, où il a enchaîné les blessures, où il avait du mal à retrouver une fraîcheur physique, une condition physique. C’est un joueur qui n’est pas très vieux mais qui a déjà énormément joué. Je ne suis pas là pour donner des leçons ou quoi que ce soit, mais je pense qu’il serait de bon ton qu’il aille chercher une cure de jouvence ailleurs. Pour sortir un peu de ce carcan néo-zélandais où il est adulé, on sent qu’il plafonne un peu. D’ailleurs, la concurrence est de plus en plus forte pour lui, avec Barrett ou Cruden. Si on prend l’exemple de Jonny Wilkinson (le départ à Toulon, nldr), ce changement dans sa vie, dans sa carrière, a sans doute été pour beaucoup dans son renouveau".

Le jeu au pied est-il devenu une l’arme redoutable des Blacks ?

"Cette alternance a débuté notamment lors du deuxième test face à l’équipe de France, en juin 2013. Cela vient encore d’une idée de Steve Hansen quand il a listé les manques de cette équipe. Il a voulu que son équipe gagne, mais avec un jeu et une tactique adaptative à l’adversaire, à la situation et aux conditions. Donc une palette de jeu plus large. Je me souviens que sur ce deuxième test, la France attendait une débauche de jeu, elle a une débauche de pied ! C’est le propre des grandes équipes, de pouvoir jouer en fonction de leur adversaire et de ce qu’on leur propose. C’est peut-être le seul point que l’équipe pouvait améliorer. Intrinsèquement, la Nouvelle-Zélande avait déjà les meilleurs joueurs. Même sur les ballons de récupération, tout est désormais travaillé. Il y a plein de choses qu’on ne mesure pas ou voit pas. Tout n’est pas uniquement une inspiration ou le génie d’un joueur. On peut même aller jusqu’à dire que lorsque Ben Smith joue un ballon dans ses 22 mètres, il le fait en ayant analysé tout un tas de paramètres. C’est une grande force. Ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler le 'All Black flair' ".

Thomas Lombard - mai 2014
Thomas Lombard - mai 2014
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