Landreau: "Peut-être que le grand gagnant à l’ouverture, ce sera Trinh-Duc"

  • Fabrice Landreau pense que le grand gagnant du Tournoi à l'ouverture, c'est... Trinh-Duc
    Fabrice Landreau pense que le grand gagnant du Tournoi à l'ouverture, c'est... Trinh-Duc
  • Fabrice Landreau, l'actuel directeur du rugby de Grenoble - Mars 2015
    Fabrice Landreau, l'actuel directeur du rugby de Grenoble - Mars 2015
Publié le Mis à jour
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Fabrice Landreau estime qu’après le Tournoi des Bleus, il est compliqué de tirer des enseignements. Si certains joueurs semblent incontournables, pour compléter la liste des 36 joueurs appelés à effectuer la préparation pour le Mondial, il s’agira d’un "casse-tête" pour le staff tricolore qui a testé au total 82 éléments depuis début 2012.

Avec votre œil de technicien, comment avez-vous jugé la performance de l’équipe de France en Angleterre ?

Fabrice LANDREAU: Comme un peu tout le monde, assez partagée. La première chose qui vient est que c’est un score beaucoup trop lourd. 55 points, c’est historique. J’ai fait partie de l’équipe qui avait encaissé 48 points en 2001, je ne pensais pas que ça pouvait être battu. Après ce qui a surpris tout le monde, et qui était agréable, c'est qu’on a vu une équipe de France assez offensive, qui semblait libérée. Cela ressemblait plus à un match de gala ou de Super Rugby, où l’aspect défensif n’était pas forcément la priorité, les Anglais ayant la volonté d’inscrire le maximum d’essais pour remporter ce Tournoi. Ça a plutôt été favorable à la France. C’est très difficile de tirer des enseignements de ce Tournoi et de ce dernier match.

Contre les Anglais, les Bleus ont été en grande difficulté en défense et inspirés en attaque, un peu tout le contraire du reste du Tournoi…

F.L: Il y a un essai sur ballon porté, un autre sur ballon récupéré avec une course de 80 mètres. J’ai trouvé qu’il y avait eu une bonne entente entre Mermoz et Fickou. J’ai trouvé Fickou très intéressant, qui proposait autre chose. Après Spedding a été dans son registre, comme quand il est à Bayonne. Il a eu plutôt de bonnes initiatives. Encore une fois, c’était un match très décousu. Au moins, ils se sont libérés, ils ont tenté beaucoup de choses. Ils se sont exposés aussi défensivement en prenant des essais (sept).

Philippe Saint-André est quelqu’un qui sait fédérer autour d’un projet, maintenant il faut que les joueurs se l’approprient

Le bilan comptable est de deux victoires et trois défaites…

F.L: Le bilan comptable n’est pas bon. Il manque une victoire contre le pays de Galles. Le réveil a été un peu tardif contre l’Irlande. Je pense que tout le monde aurait été content de voir une équipe de France aussi offensive en Irlande. Pour le groupe des 36 (pour la préparation au Mondial, NDLR), ça va être compliqué. Après 82 joueurs, 16 charnières, c’est difficile de pouvoir sortir 36 noms, sachant qu’il n’y a pas trop d’enseignements de ce match à Twickenham. Bien sûr qu’il y a des tauliers, des indispensables, mais pour compléter ce groupe, ça va être un sacré casse-tête pour le staff tricolore, chercher la complémentarité, les compétiteurs. Maintenant, la Coupe du monde, c’est un tournoi, il y a sept matches pour être champion du monde. Il y a une longue préparation. Je pense que Philippe Saint-André va tout miser dessus. Il a sûrement déjà ses petites idées en tête. C’est quelqu’un qui sait fédérer autour d’un projet, maintenant il faut que les joueurs se l’approprient. Ce n’est "que" sept matches à gagner avec une poule très favorable. Il y a l’Irlande mais on sait aujourd’hui qu’on peut être finaliste en perdant deux matches de poule, puisque les Français l’ont fait en 2011. Même s’il y a une déconvenue contre l’Irlande, avec une seule défaite, on est qualifiables. On sait que l’équipe de France, en phases finales, sur un match, a souvent été capable du meilleur.

Fabrice Landreau, l'actuel directeur du rugby de Grenoble - Mars 2015
Fabrice Landreau, l'actuel directeur du rugby de Grenoble - Mars 2015

Personne ne s’est imposé à l’ouverture lors de ce Tournoi…

F.L: A la mêlée non plus. On a vu Morgan Parra, Sébastien Tillous-Borde, Rory Kockkott. Maxime Machenaud était aux tests de novembre. Difficile de savoir qui sera l’heureux élu. A l’ouverture, c’est pareil. Il y a des bonnes choses sur chaque joueur et des manques. Trouver le juste équilibre, c’est tout le chantier qui attend l’équipe de France. A chaque poste, il va falloir le trouver pour que l’équipe soit la plus constante possible.

En numéro 10, le grand gagnant n’est-il pas Trinh-Duc ?

F.L: En tout cas, Rémi Tales n’a pas eu de temps de jeu, donc on n’a pas pu le voir à l’œuvre. Peut-être que le grand gagnant, ce sera effectivement François Trinh-Duc. Après, il faut qu’il retrouve un bon niveau d’ici la fin de la saison. Il a l’expérience d’une Coupe du monde, de ces matches de haut niveau. Après, avec sa blessure, je ne connais pas sa constance dans son tir au but. Aujourd’hui, le problème récurrent de l’équipe est le buteur. Romain Teulet (en charge du jeu au pied chez les Bleus, NDLR) a du travail. Et puis on ne change pas un buteur en deux mois, c’est un travail de longue haleine.

Maintenant, il va falloir trancher, définir une ossature avec une équipe-type

Pour la Coupe du monde, quel style de jeu devrait adopter l’équipe de France ?

F.L: Je ne sais pas. En tout cas, elle doit s’appuyer sur ce qu’elle maîtrise bien: déjà la conquête. Le travail mis en place par Yannick Bru avec ses avants paye sur les touches. Ils font presque 100% à chaque fois, sauf sur le dernier match, et pas forcément avec des sauteurs, c’est remarquable. Ils sont très bien organisés sur les ballons portés, plutôt bien organisés sur les contres. Dans ce qui est conservation du ballon, on s’aperçoit que l’équipe est capable de bien le garder avec ses avants et de le bien récupérer sur les rucks aussi. Ce sont des points forts. Défensivement, hormis le match face à l’Angleterre, la défense circule plutôt bien. Elle est homogène, les garçons ont bien compris le système. Quand on est déjà fort sur les fondamentaux et qu’on a une bonne défense, ce sont de bonnes bases. Après, il y a le chantier de l’aspect offensif. Il va y avoir ces trois mois de préparation où l’équipe de France va peut-être pouvoir mettre un système en place, pouvoir travailler tous les jours, en opposition, avoir des matches de préparation. Je pense qu’on va avoir une idée beaucoup plus claire s’il y a une équipe qui se détache et travaille tout le temps ensemble. Ce qu’il a manqué, je pense, à cette équipe de France pendant ces quatre saisons, c’est d’avoir de la régularité par rapport aux sélectionnés. Il y a eu des essais de joueurs, des blessés. Les joueurs sont épuisés. Ils donnent le maximum pour leurs clubs. Ils ont le championnat, la Coupe d’Europe, plus l’équipe de France. Honnêtement, ce n’est vraiment pas facile, mais maintenant il va falloir trancher, définir une ossature avec une équipe-type.

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