Irlande : Des adieux au goût amer

L’Irlande voulait rafler la Triple Couronne, récompensant l’équipe victorieuse de tous ses matchs contre les nations des îles britanniques… L’Irlande souhaitait terminer son aventure à Croke Park sur une bonne note… L’Irlande, seule formation avant cette dernière journée à pouvoir empêcher la France de remporter le Tournoi malgré une différence de points largement défavorable, voulait mettre la pression sur les Bleus… Pour tout cela, c’est raté ! Et pourtant, le XV du Trèfle partait évidemment favori contre une équipe écossaise qui pointait à dernière place de la compétition. "Nous avons toujours dit que dans cette compétition, n'importe quelle équipe peut battre n'importe quelle autre. C'est ce qui s'est passé", lâchait Declan Kidney après la rencontre. Dépité, voire désabusé, le sélectionneur des tenants du titre dans le Tournoi. Et on peut le comprendre.

La désillusion est grande. Les adieux à Croke Park, où les coéquipiers de Brian O’Driscoll auront disputé quatorze rencontres (neuf victoires, un match nul et quatre défaites), ont été gâchés, comme l’avaient été les débuts. En février 2007, pour leur premier match dans l’emblématique enceinte contre la France, ils avaient été crucifiés par un essai de Vincent Clerc dans les ultimes secondes. Là, ce fut une pénalité de Dan Parks à la 79e minute… "Nous sommes amèrement déçus d'avoir perdu notre dernier match à CrokePark mais on ne peut plus rien y faire, ajoutait Kidney de façon fataliste. Surtout qu’on ne peut pas se rattraper avant le mois de juin…". Les raisons de cette étonnante contre-performance ? Le sélectionneur préfère d’abord féliciter son adversaire : "L'Ecosse a fait un bon match et pas nous. Les gens s'attendaient à ce qu’elle s'effondre, mais pas nous. La touche écossaise a été la meilleure de ce Tournoi et ils nous ont mis sous pression dans ce secteur".

"Quand on n'est pas dans le match, on essaie de forcer son jeu"

Et Declan Kidney de pointer le manque de maîtrise de ses troupes qui a entraîné une physionomie de match défavorable : "Il y a beaucoup de secteurs où on n'a pas été formidable... Leur drop juste avant la pause leur offre sept points d'avance. On s'est donné une montagne à gravir, on s'est tiré dans le pied en première période. Quand on n'est pas dans le match, on essaie de forcer son jeu et on fait des erreurs. C'est ce qui s'était déjà passé à Paris (défaite au Stade de France, NDLR)". Le deuxième ligne Paul O’Connell est encore plus catégorique : "Les Ecossais ont profité de toutes nos erreurs pour se donner de l’élan et de l’espoir. Nous avons concédé plusieurs pénalités bêtement et la plupart d’entre elles offraient une possibilité de coup de pied. Dan Parks nous a punis en en convertissant la majorité. Nous aurions dû être disciplinés mais nous ne l’avons pas été". Un constat acerbe.

Le deuxième place finale au classement ne suffit évidemment pas à combler la déception. Ni même la convaincante victoire en Angleterre (20-16) il y a trois semaines, ou encore la démonstration contre le pays de Galles (27-12) il y a huit jours. Non, les Irlandais abordaient la compétition avec de légitimes ambitions. Auteur du grand chelem l’an passé et invaincus depuis un an et demi avant le Tournoi, les joueurs du XV du Trèfle étaient sur le toit de l’Europe. Et comptaient bien le rester. Surclassés en France (10-33), ils avaient reçu un premier avertissement… Et le revers à domicile contre l’Ecosse ressemble donc à une véritable claque. Suffisant pour réveiller les hommes de Declan Kidney ? "Cela a été un championnat décevant. Nous sommes une équipe qui veut gagner des trophées", reconnaît O'Connell. "Beaucoup des choses qui n'ont pas fonctionné peuvent être rectifiées", assure Kidney. Alors, s’il est effectivement trop tôt pour parler de déclin, le Trèfle a tout de même perdu de ses feuilles durant ce Tournoi…