XV de France - Du Vélodrome glacial au bouillant crunch : le Tournoi des 6 Nations 2024 de toutes les émotions pour les Bleus

Par Tristan Failler (avec J.F)
  • Le soulagement français après la victoire dans le Crunch
    Le soulagement français après la victoire dans le Crunch - Andrew Matthews
Publié le Mis à jour
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Du marasme irlandais à Marseille au crunch salvateur à Décines-Charpieu, en passant par l'enfer du Nord face à l'Italie, les Bleus sont passés par toutes les émotions dans ce Tournoi. Flashback du grand manège à sensations que fut l'édition 2024 !

Tony Montana disait donc vrai : "Les yeux chico, ils ne mentent jamais". Samedi, au coup de sifflet final de ce victorieux finish face aux Anglais dans un crunch dantesque (33-31), les regards de Thomas Ramos et Fabien Galthié parlent pour eux. Empreint d'une forte émotion difficilement dissimulée, l'ouvreur des Bleus admet que sur sa dernière frappe lourde, de puissance et de conséquences, il a ressenti "un peu d'émotions.. [il coupe et souffle, les yeux humides] parce que ça n'a pas été un Tournoi facile". Les mots du décisif buteur français résonnent comme un aveu d'un certain soulagement, comme un "pfiou", à l'unisson. Juste après lui, le sourire à pleines dents de Fabien Galthié contraste. Mais respire paradoxalement la même énergie : de l'apaisement et de la joie d'avoir remporté ce crunch et de terminer deuxième de ce Tournoi. "Comment cette équipe s'est reconstruite ? Elle ne s'est pas reconstruite tout simplement parce qu'il n'y a pas eu destruction du groupe. Il y a eu un passage difficile, qui est le cycle et la vie normale d'une équipe" justifiait le boss des Bleus. 

Un passage difficile donc qui aurait pu coûter cher à ce coq, si fragile et si fort à la fois. Fort de talent, fort de révolte aussi et d'un vivier décidément intarissable, à l'instar des Le Garrec ou des nouveaux Barré, Meafou et Depoortere. Mais aussi fragile de son passé proche, de cette désillusion qui lui colle à la peau après une Coupe du monde à la maison éteinte prématurément. Achevé par ce succès in extremis sur une pénalité de cinquante mètres, le Tournoi de ces Bleus a connu les très bas et le très haut émotionnellement. Le froid glacial de Marseille et Villeneuve-d'Ascq aux chaleurs suantes de Cardiff et Décines-Charpieu.

Les Bleus sont touchés après la défaite inaugurale face à l'Irlande
Les Bleus sont touchés après la défaite inaugurale face à l'Irlande Icon Sport - FEP

Irlande par KO...

Le plus dur se présente en entrée de compétition. Face à l'Irlande, l'objectif est de se "laver" de cette défaite en quart de finale du Mondial qui trotte dans les têtes. Manqué. Dépassés dans de nombreux domaines par les hommes d'Andy Farrell, v'la que les Bleus replongent. Secoués, mâchés, les joueurs sont hagards. Le sélectionneur aussi. Jamais Fabien Galthié n’était, depuis sa prise de fonction en 2020, apparu aussi marqué après une rencontre. "C’est un moment dur", lâchait-il en conférence de presse. Contre l'Écosse ensuite, la gagne est là. Poussive mais bien là. La fin de match met à rude épreuve les nerfs des joueurs et du staff. L'Écossais Skinner aplatit après la sirène et Monsieur Berry ne valide pas l'essai mais fait appel au TMO. Après quatre minutes de visionnage, les Bleus exultent : décision terrain confirmée. À la sortie de ce scénario fou, Grégory Alldritt exprimait son immense joie : "C’est un peu idiot ce que je vais dire, mais c’est une de mes plus belles victoires avec l’équipe de France ce soir. On a vécu une semaine compliquée mais comme a dit Fabien, on s’est resserré, et ce n’est pas un élément de langage." Un bol d'air frais pour des Bleus qui cherchent leur second souffle. Celui qui permettra de qualifier d'aboutie une victoire tricolore comme ils en ont déjà offert. L'Italie peut-être ? 

Sébastien Taofifenua, genou à terre, face à l'Italie
Sébastien Taofifenua, genou à terre, face à l'Italie Icon Sport - Hugo Pfeiffer

.. Italie par chaos !

Pas vraiment non. Les Bleus sont bousculés et agressés dans les règles par une Squadra Azzurra qui sentait l'odeur du doute dans les rangs français. Elle ne s'était pas trompée. Bien que dominateurs, les Français manquent de réalisme et s'en mordent les doigts à la fin, avec un match nul au goût de défaite. Mais toujours moins que l'Italie de Garbisi et son tee maudit, qui pouvait croire à un authentique moment d'histoire. Imaginez le coup de massue que prennent les Bleus avec ce nul alors que l'Italie n'avait connu que la défaite sur le sol français dans la compétition. Tendus et marqué par un gros coup d'arrêt, les Bleus le font ressentir. Le pilier Uini Atonio sort de ses gonds alors qu'un confrère le questionne sur une "crise". "Celui qui dit ça n'a jamais mis les pieds sur un terrain de rugby" lance-t-il avant de s'en aller. Quelques jours plus tard, Thomas Ramos, dans les colonnes du Midi Olympique envoie un message fort : "Il faut que chacun fasse son autocritique et regarde ses matchs."

Une tension palpable et qui se poursuivra jusqu'à la préparation du match contre le pays de Galles. Fabien Galthié brouille les pistes lors de la préparation au match et avant l'annonce de la composition d'équipe. "Pour aller chercher de l'énergie, explique le sélectionneur, pour nous challenger et challenger les joueurs. Ce que nous avons recherché, c'est faire monter le niveau de l'entraînement." À Cardiff, avec un groupe modifié par la titularisation de la jeunesse bleue, la France ressort véritablement la tête de l'eau. Un succès ample (45-24) bien que long à se dessiner. La physionomie, l'entrée du banc : les Bleus ont des motifs de satisfaction et offrent une victoire sérieuse à tous les supporters. C'est sur cela qu'ils ont construit pour s'offrir le dénouement victorieux de samedi lors d'un crunch épique.

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Les commentaires (2)
Reubon69 Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 10:37

La France est de nouveau rentré dans son rythme/organisation dominé par le Top14: Les joueurs déjà fatigués se sont réunis 2 semaine avant le 1er match pour faire de la récup', et ont eu 2 entrainements véritables pour se préparer. La France a fait le choix (???) de privilégier le Top14 (pourquoi 14 clubs ? Seuls championnat au monde à jouer autant...) et le paiera constamment tant qu'une reforme de fond ne sera pas votée (Top10 ou 12, 20 matchs max. pour les internationaux, 2 mois de préparation l'été, 1 semaine de prépa/mois avec l'EdF...). On sera toujours défavorisé face aux autres équipes

Mich2a Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 09:19

Ce tournoi 2024 c'est un peu comme un anniversaire sans gâteau. On est ni satisfait ni déçu. Peut-être même que le sentiment de déception l'emporte tellement la défaite contre les irlandais est agaçante. On va gagner au pays de Galles, hier c'était un exploit, aujourd'hui c'est naturel vu le très faible niveau des gallois. Victoire en Écosse qui est miraculeuse mais l'arbitre a pris sa décision. Match nul contre des italiens qui auraient dû gagner. Victoire contre une belle équipe anglaise joueuse, mais une victoire qui laisse un sentiment de chantier abandonné, de boulot mal fini. Bref l'équipe de France reste une des meilleures nations d'Europe mais ne se dresse plus comme « l'équipe a battre » statut qu'elle avait réussi à avoir il y a 2 ans oú elle avait rousté la planète rugby.