Crise FFR - Florian Grill : "Quelle est la légitimé d’Alexandre Martinez ?"

  • Florian Grill s'interroge sur la légitimité d'Alexandre Martinez, désigné président par intérim de la FFR.
    Florian Grill s'interroge sur la légitimité d'Alexandre Martinez, désigné président par intérim de la FFR. Anthony Dibon/Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors que le Comité directeur de la FFR doit valider la candidature au poste de président par intérim d'Alexandre Martinez, le leader de l'opposition Florian Grill s'interroge sur la légitimité du futur ancien trésorier fédéral. Il évoque également la position de Jean-Claude Skrela...

Quelle est votre réaction à la nomination d’Alexandre Martinez à la présidence par intérim de la FFR ?

J’ai beaucoup de questions à poser à Alexandre Martinez. J’aimerais d’abord, comme il s’y était engagé lors de l’Assemblée Générale financière le 2 décembre dernier, qu’il réponde à la question du montant des frais d’avocats engagés par la FFR depuis 2017. Il ne l’a toujours pas fait. Ensuite, j’aimerais lui demander si ces frais d’avocats ont été effectivement remboursés.

Si ce n’est pas le cas, comme il est désormais président par intérim, sa responsabilité est engagée car ça matérialise une complicité d’abus de confiance et un détournement de fonds publics depuis le 13 décembre. Ensuite, j’aimerais savoir si sous sa responsabilité, la FFR va de nouveau se porter partie civile pour le procès en appel de Bernard Laporte. Je ne peux pas entendre qu’il n’y a pas de préjudice pour la FFR.

Le préjudice d’image est énorme. Les valeurs du rugby sont secouées en France et à l’international et construire ou reconstruire une image est un investissement massif. Et puis, quelle est sa légitimité ? Il s’assied sur le vote des clubs au référendum, il récupère une présidence par intérim sans passer par les urnes et il est le troisième choix après Serge Simon rejeté par le comité d’éthique et de déontologie et Patrick Buisson rejeté par le référendum des clubs. Surtout sa gouvernance de France 2023 pose aussi question. Il siégeait au conseil d’administration et au comité des finances du GIP. Il n’a rien vu des dérapages de Claude Atcher. Il a même validé le fait que ce dernier puisse continuer à représenter la France au Comité des 6 Nations après sa mise à pied.

Je ne veux pas mettre le rugby en danger

On m’indique aussi qu’il y a eu des oublis de charges pour 30 millions d’euros, probablement sur le programme « Campus 2023 ». Ni lui ni personne n’a rien vu, c’est pourtant énorme. La gouvernance de France 2023 par la FFR a été un échec. J’aimerais donc qu’il rende des comptes sur ces sujets, sachant que lorsque nous étions encore membre du Comité Directeur de la FFR, nous n’avons jamais eu accès aux comptes de France 2023. Enfin, Serge Simon est nommé pour siéger au GIP France 2023 en tant que représentant de la FFR.

La candidature de Serge Simon a été retoquée par le comité d’éthique de la FFR
La candidature de Serge Simon a été retoquée par le comité d’éthique de la FFR Hugo Pfeiffer/Icon Sport

Je trouve ça assez incroyable qu’on le nomme au GIP alors qu’il a été rejeté par le comité d’éthique et de déontologie pour assumer le rôle de président-délégué de la FFR. Donc oui, beaucoup de questions pour Alexandre Martinez. Il faudra aussi qu’il nous explique comment il compte renouer des liens apaisés avec l'État. Je rappelle que l’État a été caution de la Coupe du Monde, qu’il mobilise les forces de sécurité, qu’il finance des cadres détachés à la FFR. Sans l’État, pas de Coupe du Monde. Comment Alain Doucet ou d’autres élus du Comité directeur peuvent dire qu’ils « se moquent de l’avis de la Ministre » ? C’est une faute politique majeure qui met en danger la FFR et la Coupe du monde ! Ce n’est pas de nature à apaiser le rugby.

Pourquoi alors avoir démissionné du Comité Directeur de la FFR ?

D’abord, parce que la Ministre des sports a réclamé des élections générales. Nous avons donc répondu positivement à cette demande qui supposait notre démission. Je note que la LNR a fait de même. Ensuite, nous ne pouvons pas tolérer que l’actuelle gouvernance fasse comme si le référendum n’avait pas existé et vole le résultat aux clubs. Au rugby, on ne change pas les règles au milieu du match. Alexandre Martinez et Patrick Buisson avaient déclaré dans la presse que si le « non » l’emportait au référendum, des élections générales seraient organisées. Commencer sa mandature de président par intérim sur un mensonge, ça interroge. Enfin, dans le meilleur des cas, nous nous serions dirigés vers une élection uniquement pour le poste de président où j’aurai probablement eu des chances d’être élu, mais sans changer le Comité directeur.  Une cohabitation en pleine Coupe du Monde n’aurait eu aucun sens. Je ne veux pas mettre le rugby en danger. Je ne vise pas un poste. Je veux pouvoir agir avec mon équipe dans un cadre apaisé et œuvrer en particulier pour le rugby amateur et les bénévoles.

Mais comment poserez-vous vos questions à Alexandre Martinez ?

Je reste "invité" du Comité Directeur en ma qualité de président de la Ligue Île-de-France. J’aurai donc toujours la possibilité de m’exprimer. Je continuerai aussi à faire mes propres commentaires, mes propres comptes rendus sur la page Facebook Ovale Ensemble et sur nos réseaux sociaux.

Pourquoi avoir fait un signalement au PNF ?

Nous n’avons pas fait qu’un signalement au PNF. Après plusieurs courriers sans réponse concrète, nous avons aussi envoyé une lettre d’avocat à tous les élus du Comité Directeur car notre responsabilité personnelle, en tant qu’élu, est engagée. Depuis le 13 décembre, tous les élus, y compris ceux d’Ovale ensemble jusqu’à la date de notre démission, sont en complicité d’abus de confiance et de détournement de fonds publics. Et pour cause. Nous avons utilisé des fonds publics pour payer des frais d’avocats alors qu’il y a une condamnation en première instance. Évidemment, les élus d’Ovale ensemble ne cautionnent pas et notre responsabilité n’est pas engagée avec ces nombreux courriers d’alerte. Je suis attentif à respecter la loi. D’autant plus que l’abus de bien social et le détournement de fonds publics relèvent potentiellement du pénal. J’appelle donc à la responsabilité de tous les élus. Seulement, cette gouvernance est sourde et aveugle.

Jean-Claude Skréla, membre d’Ovale ensemble, a fait savoir qu’il était en désaccord avec cette démission des élus d’opposition et a voulu faire machine arrière. Comment avez-vous accueilli cette position ?

C’est la position de Jean-Claude (Skrela) pour qui j’ai beaucoup de respect. Il a effectivement appelé Christian Dullin pour savoir s'il pouvait revenir sur sa décision de démissionner. C’est son droit le plus entier. Moi, je ne fais pas de politique, je parle avec le cœur et mes convictions. J’estime qu’il y a des sujets avec lesquels on ne peut pas transiger. Il n’était pas tolérable qu’on accepte ou qu’on cautionne ce système. Au sein d’Ovale ensemble, les gens sont libres de faire leur choix. Jean-Claude a pris sa décision, je ne la commente pas. Je la respecte, mais ce n’est pas la nôtre. Dont acte.

Est-il toujours membre d’Ovale ensemble ?

Oui s’il le souhaite. Je pense qu’il n’a pas compris les raisons de notre décision. Une décision prise au départ à l’unanimité, aujourd’hui à la majorité des élus Ovale ensemble, mais ça ne change pas la décision dont je suis fier et qui prouve que nous ne cherchons pas une place mais le respect de l’éthique.

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