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A qui profite le crime ?

Par Nicolas Zanardi
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Qui sont les gagnants du passage à douze changements ? Difficile à dire, même si l’on peut craindre que le jeu appartienne de moins en moins aux joueurs…

Le passage à douze remplacements est-il une hérésie ? Il faudrait être de mauvaise foi pour prétendre le contraire, sachant que la question des remplacements était jusqu’alors le fruit d’une hypocrisie manifeste. Avec un petit effort de mémoire, vous vous souviendrez que lors du passage à huit remplaçants en 2011 (le Top 14 était à l’époque un précurseur), le huitième remplaçant (soit le deuxième pilier) était autorisé à entrer en jeu en cas de blessure d’un coéquipier, afin de lutter contre le recours aux mêlées simulées. Une règle que tous les techniciens d’alors ont contournée, en demandant à leurs joueurs de systématiquement simuler des blessures. L’hypocrisie déboucha rapidement sur le coaching complet à huit joueurs, qui fut lui aussi détourné ! Les entraîneurs se servant toujours des blessures plus ou moins simulées pour permettre à certains joueurs de revenir en jeu lors de moments cruciaux. Souvenez-vous du remplacement de Pierre Maïau par Ben Tameifuna lors d’un barrage entre le Racing et Toulouse en 2016, qui fit couler tant d’encre…

Avec douze possibilités de remplacement, on se dirige vers un jeu disputé par des joueurs frais en permanence et les risques de commotion semblent paradoxalement accrus… Du coup, les premiers perdants de cette disposition pourraient bien être les joueurs eux-mêmes.

Encore plus d’importance aux entraîneurs et aux budgets

Quant aux bénéficiaires de cette disposition ? Ils sont à chercher en premier lieu du côté des entraîneurs. Douze possibilités de coaching, c’est évidemment autant de chances de peser sur le sort du match pour, dans un jeu dont on déplore déjà assez qu’il appartienne de moins en moins à ceux qui le pratiquent. Forcément regrettable, puisque cela ne vient que confirmer l’idée selon laquelle les joueurs modernes sont ni plus ni moins que de la chair à canon… À l’exception notable des soi-disant « stars », dont certains craignent d’ores et déjà qu’elles soient utilisées avec parcimonie, à savoir dans les premières minutes puis dans le money-time, afin de les préserver tout en leur permettant de peser sur le sort des matchs, pendant que leurs petits copains ont assuré le sale boulot tout au long de la rencontre. Ce qui n’est pas vraiment dans l’esprit du jeu, vous l’avouerez… Un esprit du jeu plus que jamais appelé à être bafoué, au vrai : en jouant non plus à 15+8 mais réellement à vingt-trois, les plus gros effectifs, et donc les plus gros budgets, seront naturellement favorisés par rapport aux petits. De quoi renforcer (encore…) le rôle des présidents, et réduire les possibilités de surprises qui font le sel du sport ? Là aussi, l’avenir nous le dira…

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