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« Notre sport est en danger »

Par Pierre-Laurent Gou
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Publié le Mis à jour
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Laurent Cardona - Arbitre de Top 14

Avec quelques jours de recul, comment jugez-vous votre décision d’exclure définitivement Sergio Parisse lors du dernier Usap - Paris ?

Après avoir visionné plusieurs fois l’action, je n’ai pas peur de le dire, je me suis trompé. Le plus mauvais geste technique est commis par le défenseur, Alan Brazo, et pas par Sergio Parisse qui ne cherche effectivement qu’à se défendre. À vitesse réelle et sur les images des écrans géants d’Aimé-Giral, j’avais l’impression que le coude du Parisien avait occasionné les blessures du joueur de Perpignan qui est sorti la bouche en sang. Et finalement, ses deux dents cassées et ses points de suture sont la conséquence d’un choc de sa tête sur l’épaule du troisième ligne italien (après l’impact, le joueur parisien repousse le Catalan de l’avant-bras, N.D.L.R.). L’action est complètement involontaire. Je l’ai d’ailleurs stipulé dans mon rapport à la commission de discipline, et j’ai tenu à appeler Sergio Parisse pour m’expliquer.

On a eu l’impression lors de cette première journée de Top 14 que vous et vos confrères étiez beaucoup plus sévères et attentifs à ce genre d’action. Avez-vous reçu des directives en ce sens ?

Absolument, et c’est une bonne chose. Notre sport a une bien vilaine image. Et notre direction (Direction Nationale des Arbitres) a pris ses responsabilités en nous demandant d’être vigilants et sévères. Des actions sanctionnées jusqu’alors d’un simple jaune ou d’une pénalité pourront coûter une expulsion. Les derniers événements de cet été (décès du joueur d’Aurillac, Louis Fajfrowski), nous ont obligés à modifier notre façon d’arbitrer. Il faut protéger les joueurs. Je ne crois pas que le rugby soit plus violent qu’auparavant, mais les gabarits et les vitesses ont changé. Il y a 20 ans, il n’y avait qu’un seul Jonah Lomu sur la planète rugby. Maintenant chaque équipe de Top 14 possède plusieurs de ce gabarit ! Les points d’impact même légaux sont devenus impressionnants. Cela frappe fort, trop fort. On se doit d’être extrêmement vigilants. Nous avons prévenus les entraîneurs de Top 14 et de Pro D2, lors de la réunion arbitres - entraîneurs. La DNA a bien communiqué en ce sens. Maintenant, il ne faut pas tout attendre de nous…

C’est-à-dire ?

J’ai l’impression que l’on se repose sur les arbitres pour régler tous les problèmes de violence et de commotions cérébrales ! Et que pour changer l’image catastrophique du rugby actuel, il suffira que les arbitres soient plus sévères ou détectent toutes les commotions cérébrales… Je crois que l’on se trompe. L’arbitrage ne résoudra pas tous les problèmes de notre sport. Il faudra également légiférer et aussi qu’entraîneurs et joueurs jouent pleinement le jeu.

Qu’attendez-vous d’eux ?

Je vais vous citer un exemple : la règle des douze changements qui est déjà contournée. Lors des premières journées de Pro D2 et de Top 14, on a vu des entraîneurs s’en servir pour procéder à des changements tactiques. Or, elle est destinée au départ à permettre aux joueurs fatigués de sortir du terrain. Je ne suis pas certain que cela soit une bonne chose de voir sortir un pilier au bout de 25 minutes et de lui permettre ensuite de revenir en jeu pendant le dernier quart d’heure d’une rencontre. Que se passera-t-il le jour un entraîneur aura utilisé tous ses remplacements et qu’il aura à sortir un joueur blessé…

Que pensez-vous du carton bleu ?

Ce n’est qu’une option que l’on a formalisée, la règle qui existait déjà. Les arbitres avaient déjà la possibilité de sortir un joueur s’ils avaient la conviction que son état de santé l’exigeait. Il ne faut pas que nous, arbitres, nous substituions aux professionnels de la santé. Nous n’en avons pas la formation. Je pense qu’il faudrait un médecin indépendant pour chaque rencontre professionnelle, soit une personne qui serait habilitée à demander aux joueurs de sortir dès suspicion de commotion.

 

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