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L’art de tout embrouiller

Par Emmanuel Massicard
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    L’art de tout embrouiller
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Et si le rugby français était frappé d’une forme collective du syndrome de dédoublement de la personnalité ? 

Et si le rugby français était frappé d’une forme collective du syndrome de dédoublement de la personnalité ? Ne riez, pas la question se pose véritablement pour notre petit bout de monde quand celui-ci apparaît régulièrement victime de son propre inconscient entre deux phases de « normalité », secoué par des jugements et des actes incohérents.

À froid, nous serions les rois du constat, de l’auto flagellation collective, prêts à tout casser (ce qui n’arrive jamais). À chaud, il n’y a plus personne pour raser gratis et encore moins de candidat pour tenir la promesse d’une énième révolution. L’évidence s’impose comme jamais : le rugby est toujours aussi conservateur malgré ses atours de modernité.

La défaite du XV de France sur le sol Néo-Zélandais est l’illustration parfaite de tous nos maux. L’expression de ce malaise culturel qui nous hante depuis tant d’années, de nos lacunes les plus profondes et de ces ambitions que nous sommes finalement incapables d’assumer.

La gifle accompagne l’amertume : notre rugby est aujourd’hui rayé de la carte du plus haut niveau international, privé de la vitesse et de l’intensité qui font la grandeur des Blacks, Springboks, Irlandais ou Anglais, pour ne citer qu’eux. Ce n’est pas une nouveauté, vous avez bien raison. N’empêche, le constat est encore plus cruel alors que l’on vient d’assister à la valse du staff tricolore sans que ne rien change.

En guise de règlement de comptes, ce sacrifice des hommes sur l’autel des résultats nous renvoie en arrière avec des Bleus contraints de s’accrocher à leur défense comme à une fragile bouée de sauvetage. Le chantier de l’offensive qu’avait ouvert sans succès le trio Novès-Bru-Dubois n’est plus la priorité et l’on se recroqueville désormais autour de Bastareaud, notre sauveur désigné en l’absence de Guirado.

Aussi formidable soit-il en termes de générosité, « Basta » incarne pourtant nos incohérences au centre de l’attaque, et cette quête actuellement impossible à mener d’un jeu de vitesse et de passes qui nous permettrait de soutenir la comparaison avec les meilleurs. C’est tout juste si ce rugby nous permet de faire illusion à l’intérieur du Top 14 et, par instants, sur la scène des 6 Nations.

La rupture culturelle avec ce qui faisait la grandeur de notre rugby est allègrement consommée mais elle n’en reste pas moins difficile à assumer après à la cruelle image renvoyée par le miroir des All Blacks : le XV de France ne fut que l’ombre de lui-même. Et même si Bernard Laporte se plaît à vanter la richesse du réservoir néo-zélandais, il serait trop simple et injuste de considérer les Bleus comme seuls responsables du marasme ambiant.

Sans doute Jacques Brunel lui-même a-t-il placé la barre trop haut en déclarant qu’une tournée réussie serait conclue par trois victoires… On ne jurera pas qu’il tienne pareil discours en interne mais il n’en reste pas moins difficile à suivre. Pourtant, on le voit bien, faute d’un choix politique qui l’amènerait à préparer dès à présent le Mondial 2023 ce XV de France est contraint de parer au plus pressé. Et, à notre grand désespoir, il finit par se vautrer dans un rugby de combat impossible à soutenir contre les All Blacks pour qui délaisse la guerre des rucks comme les Bleus l’ont fait samedi à Auckland… Là encore, vous chercherez la cohérence !

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