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L'exception française

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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C’est une envie généralisée, jusqu’à l’auto-persuasion pas toujours étayée de faits. Celle de l’exception française. Celle qui voudrait que le seul acte de naissance estampillé bleu-blanc-rouge suffise à conférer une particularité de morale à ses détenteurs.

Quand vient le sujet du rugby, l’exception française, ce serait cette insolence latine et libertaire. Cet esprit et l’envie de surprendre pour entreprendre, qui pouvait casser tous les paradigmes du rugby d’hier, mais que le rugby d’aujourd’hui a finalement dompté. Depuis une petite dizaine d’années, l’exception française, c’est plutôt cette dépréciation du maillot bleu, jusqu’à la banalisation d’une sélection que l’on voudrait si précieuse.

Les démonstrations de cette altération symbolique sont légion. Tous les joueurs, pourtant, à l’annonce d’une convocation, éructent le couplet du rêve de gosse qui se réalise, l’attachement à la nation et l’envie de tout casser pour les beaux yeux de la cocotte. Que valent ces mots bleus ? Pas grand-chose, au regard des actes qui leur sont trop souvent juxtaposés. On ne compte plus les joueurs qui, ces dernières années, se sont interrogés auprès de leur entourage sur la nécessité de répondre aux convocations internationales. Comme s’il s’agissait d’un fardeau. Plus visible, il y a aussi ces refus polis de sélection. Dérangeants.

Les derniers en date sont ceux de Louis Picamoles et Virimi Vakatawa, pas assez blessés pour rater les phases finales de leur club mais beaucoup trop pour s’envoler, en suivant, disputer trois test-matchs face aux idoles all blacks. Entendons-nous bien : il n’est même pas question de pointer du doigt la décision de ces deux joueurs. Ils ne font qu’épouser les codes d’un rugby français où, défiant la logique puritaine, les clubs sont devenus plus importants que le XV de France. Avant eux, ces derniers mois, on avait vu Fulgence Ouedraogo et Virimi Vakatwa (déjà) décliner gracieusement une convocation avant de jouer, le même week-end, pour leur club. Les Clermontois Camille Lopez, Rémi Lamerat et Arthur Iturria, dans la même veine, s’étaient épargné la dernière galère en Afrique du Sud pour positionner, pendant le mois de juin 2017, des opérations nécessaires de longue date.

Sur le fond, tout ceci s’explique. Dans un calendrier qui implose, il faut bien trouver du temps pour soigner les corps et reposer les esprits. On s’étonne cependant que ce soit presque systématiquement au détriment des Bleus. Ailleurs ? On se souviendra de Nathan Hines ou Leigh Halfpenny tournant le dos à Perpignan et Toulon, des veilles de finale de Top 14, pour s’envoler avec les Lions britanniques. À Clermont, Jonathan Davies en avait fait de même pour rejoindre la sélection galloise, elle aussi en partance pour une tournée en Nouvelle-Zélande. C’est qu’ailleurs, la sélection supplante tout. Dans un contexte de convention LNR-FFR qui se finalise, pensée nous jure-t-on pour le plus grand bien du XV de France, voilà un peu de grain à moudre.

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