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Laporte: «Je suis en première ligne»

Par Pierre-Laurent Gou
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    Laporte: «Je suis en première ligne»
Publié le Mis à jour
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Bernard Laporte à peine sorti du comité directeur, le président de la FFR a choisi de zapper le déjeuner pour nous accorder un long entretien. À 48 heures du vote décisif pour le Mondial 2023, il fait le point sur les chances françaises, mais aussi sur tous les dossiers brûlants qui secouent le rugby français.

Quel est votre programme sur les dernières heures ? Encore du lobbying ?

C’est terminé. Durant deux jours, je suis pris par le comité exécutif de World Rugby. Aujourd’hui, nous avons fait le tour des votants plusieurs fois, envoyé des courriers. On sait à peu de choses près qui va voter pour qui. Les présidents de fédération ne vont pas attendre le dernier jour pour se déterminer. Très souvent, la décision a été votée en « board » et ils vont la respecter.

Et alors, êtes-vous optimiste pour l’issue du vote ?

Je suis toujours confiant de nature !

Est-ce que, finalement, le plus dur n’est pas d’arriver à se qualifier pour le second tour, ou empêcher une victoire de l’Afrique du Sud au premier ?

Bien sûr que ce genre de comptes, on les a faits et refaits, mais dans ma tête je me dis surtout qu’il faut gagner au premier tour. Après, quand tu regardes les forces en présence, tu te dis effectivement que si la France ou l’Irlande arrive en deuxième position, la nation européenne a une vraie chance de report de voix des pays du Nord et donc de l’emporter.

Avec du recul, comprenez-vous les conclusions de la recommandation technique de World Rugby qui place l’Afrique du Sud en tête ?

Il n’y a pas eu de mauvaise foi, mais, après coup, je pense que nous aurions dû avoir les critères de notation avant. Que ce soit sur le dopage, ou la qualité de nos stades, on ne peut pas accepter leur compte rendu. Que les enceintes de l’Euro 2016 de football n’arrivent pas en tête, je ne peux toujours pas l’entendre. Alors que nous avons les plus beaux stades, nous arrivons derrière l’Afrique du Sud. Ils auraient dû nous mettre au moins à égalité. C’est surprenant. Comme les points perdus sur le manque possible de disponibilité de nos stades. Nous ne nous serions pas lancés dans l’organisation d’une Coupe du monde, si nous n’étions pas certains de pouvoir utiliser les stades sélectionnés !

Craignez-vous que les affaires qui secouent la FFR actuellement, plombent un possible vote en faveur de la France ?

Les présidents de fédérations ne sont, soit pas au courant, soit cela ne les intéresse pas. Pas un ne m’en a parlé ! Ils veulent savoir quelles seront les retombées économiques et populaires pour leur pays et World Rugby.

Est-ce que les attaques que vous avez subies vous ont pollué dans votre mission au quotidien ?

Absolument pas. Ce n’est pas dans ma nature. Je ne vais pas dire que cela m’a fait plaisir mais je me devais de montrer à mon équipe force et détermination. Je suis devant et en première ligne ! Si je baisse pavillon, je ne suis pas un chef. Or, je suis le président et j’entends le rester !

Pourquoi cela serait important pour la France d’obtenir le Mondial ?

Pour deux choses principales, qui se sont vérifiées en 2007. Cela apporte à ton sport une notoriété qu’aucun autre évènement ne t’amène. + 20 % de licenciés ! Et aujourd’hui, nous en avons besoin. Il faut recréer un élan. Et la deuxième des choses, financièrement parlant, cela te laissera entre 50 et 60 millions d’euros dans les caisses de la FFR, pour le monde amateur! C’est énorme et t’amène les moyens de tes ambitions. La FFR va faire cette année 900 000 euros de bénéfices. C’est donc au minimum 50 années d’un coup qui t’arrivent !

Comment pouvez-vous assurer que France 2023 sera forcément bénéficiaire ?

Parce que nous avons construit notre budget en nous inspirant fortement de l’expérience de 2007 qui a laissé 34 millions d’euros à la FFR. Les prévisionnels sont réalistes et validés par des sociétés d’audit reconnues.

Et comment faites-vous alors en cas de défaite ?

On poursuit sur notre lancée. Déjà, début décembre, il y a les élections pour les treize Ligues régionales. Les réformes que je souhaite mettre en place pour le monde amateur se feront. Je tiendrai mes engagements. Un succès nous faciliterait grandement la tâche. Et puis je me refuse à envisager l’échec. Je dis cela parce qu’avant tout nous avons un excellent dossier. Nous sommes sûrs de nos forces.

Qui est, selon vous, votre principal adversaire? L’Afrique du Sud qui est ressortie première de la recommandation technique, ou l’Irlande réputée pour son habileté politique ?

Il faut se méfier de l’Irlande, jusqu’au bout et ne pas la mésestimer. Quel est le principal enseignement de la préconisation de World Rugby ? Que les trois pays, Afrique du Sud, France et Irlande sont capables d’organiser une belle Coupe du monde. Les recommandations ont surtout mis tout le monde dans l’embarras, même s’il n’y a pas eu de ficelle ou de manipulation politique.

Même s’il se murmure que l’Argentin Agustin Pichot, vice-président de World Rugby, détient la clef de ce scrutin en coulisses ?

Déjà, à ma connaissance, Pichot n’est pas inscrit parmi les votants, mercredi prochain. S’il est capable de décider et d’imposer ses vues, alors il ne fallait pas lancer ce processus. Mais je ne le crois pas et ne le pense pas une seconde. Je ne veux pas entrer dans ce genre de considérations.

Et si vous pouviez voter, pour qui ? Et pourquoi ?

J’aurais voté pour la France pour deux raisons. D’abord une raison économique car la Coupe du monde, c’est 90 % des revenus de la fédération internationale. C’est de la compétition qu’elle tire les moyens de ses actions. France 2023 est le projet qui amène le plus de recettes et de loin. Sur ce plan-là, il n’y a pas de match. Deuxièmement, la France est le pays le plus visité au monde. Un pays dont on connaît l’excellence en termes d’organisation planétaire d’évènements sportifs.

Avoir déjà organisé le Mondial il y a dix ans, n’est-ce pas trop handicapant par rapport à l’Irlande qui ne l’a jamais eu ?

L’Irlande doit jouer là-dessus, c’est une évidence ! Mais France 2007 n’est pas un handicap. Cela a été une telle réussite pour notre sport ! Le rugby français a besoin d’une nouvelle Coupe du monde sur son territoire.

La défaite de la France, samedi soir, peut-elle influencer les votes de mercredi, dans le sens où, en ce moment, les mauvaises nouvelles s’accumulent dans le rugby français ?

Non, c’est complètement indépendant ! Et heureusement d’ailleurs. Sinon avec le très beau résultat de l’Irlande sur l’Afrique du Sud…

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