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La règle et le règlement

Par Jacques Verdier
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Le débat sur la règle, pour aussi pertinent qu’il soit, ne doit pas minorer celui sur le règlement, ainsi que me le faisait très justement remarquer Richard Astre la semaine dernière.

On peut s’interroger en effet sur l’efficacité du règlement actuel devant des fautes graves, polluantes, redondantes, qui affectent le déroulement des matchs, mettent à mal la santé des joueurs et sont le plus souvent ponctuées d’un simple carton jaune. Ainsi du plaquage « cravate », dit aussi de « la corde à linge » - métaphores saisissantes - infligé sur le cou de l’adversaire, dont la dangerosité est évidente. Un carton jaune pour un acte pareil, sur un joueur lancé en pleine vitesse, c’est de la prison avec sursis pour un violeur d’enfant. Ainsi toujours du comportement proprement hallucinant de certains joueurs autour des rucks où, sous couvert de permettre la libération du ballon, ils s’autorisent le droit de venir percuter de tout leur poids, épaule en avant, des joueurs au sol sans défense, ou des joueurs debout hors de l’action proprement dite. Ici, le règlement devrait être sans appel. Or il ne l’est pas. On pourrait décliner les exemples à l’envi. Ainsi, toujours, de ces deux contre un avortés pour un en-avant volontaire, qu’un simple carton jaune ne dissuadera jamais totalement. La preuve, ils se multiplient. Je suis aussi de ceux qui pensent que le rugby étant, par essence, un sport d’usure, nous aurions tout à gagner à revoir la partie concernant le remplacement des joueurs. Remplacement sur blessure, bien sûr ! Mais rien d’autre, rien de plus. La gestion de l’engagement s’en trouverait modifiée. Et comme avant-hier, les fins de matchs verraient des espaces s’ouvrir, le jeu se débrider. On est le seul sport de combat au monde à privilégier le remplacement de joueurs quand tout est fait, à la lettre, pour user l’adversaire, lui faire rendre gorge et non pas pour introduire à l’infini des forces vives. Imaginez plutôt une anomalie pareille en boxe, en judo, en lutte ? On y perdrait en stratégie - et encore ! - ce que l’on y gagnerait en noblesse, en panache, en suspense. Sinon, bien sûr, en économie pure avec un effectif réduit à proportion.

De sorte que si le changement des règles - impérieux à certains égards, la plupart ayant été conçues pour un sport amateur et méritant d’être revues et corrigées à l’usage des professionnels - mettra de longues années avant de se mettre en place (on connaît les pesanteurs qui régissent World Rugby), il est tout à fait possible, en revanche, de revoir assez vite le règlement interne pour un usage franco-français. Lequel, le cas échéant, fera chorus au niveau international. Cela éviterait peut-être l’étrangeté d’une situation où tout le monde convient, dans un débat certes contradictoire, qu’il faudrait évoluer sans trop savoir comment s’y prendre.

Pour autant, rien ne se fera, je vous en fiche mon billet, tant que les joueurs n’auront pas mis les pieds dans le plat, comme cela s’est produit aux États-Unis, pour le foot US et le Hockey. Quand les joueurs de la NFL ont pris conscience que leur espérance de vie (dopage et coups mêlés) ne dépassait pas les 47 ans, ils ont souhaité réagir. Nous n’en sommes pas là, Dieu merci, mais il n’est pas interdit à nos jeunes rugbymen de prendre part à un débat qui les concerne en tout premier chef.

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