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Safi N'Diaye: « L'équipe de France n'appartient à personne »

Par midi olympique
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    Safi N'Diaye: « L'équipe de France n'appartient à personne »
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Reconnaissable à son casque tricolore, qu’elle porte en match, Safi N'Diaye, figure de proue de l’équipe de France, s'est livrée avant de décoller ce samedi matin pour l’Irlande et la Coupe du monde (9 août - 26 août). Entretien avec une drôle de dame.

Ce sera votre deuxième Coupe du monde à titre personnel. Quels sont les objectifs ? 

L’objectif collectif, c’est ramener la Coupe du monde en France. Nous sommes dans le flou par rapport au premier match. Les Anglaises, les Irlandaises, les Italiennes nous les avons déjà jouées. Mais les Japonaises, nous ne les connaissons pas. Nous ne les avons jamais jouées. Même si nous voyons des images, nous partons dans l’inconnu. Du coup, nous nous concentrons sur nous-mêmes et sur ce que nous allons proposer. Le premier objectif, sera de battre le Japon. Ce serait tellement fou de penser déjà à la demi-finale. Cela va être dur, nous avons une poule très relevée.

 

Une troisième ligne qui fait de longues passes, ce n’est pas forcément l’image que le grand public a de vous…

Moi, j’adore. Parfois on rigole et on se dit qu’une troisième ligne comme moi avec un tel gabarit ne peut jouer que sur du physique. Mais j’adore faire des passes

 

Vous êtes aussi une boulimique de rugby apparemment…

Je regarde tout, c’est vrai. C’est ma passion avant tout, je regarde le 7, le 15, le Super Rugby, le championnat anglais. Je suis une mordue de sport en général, quand j’ai du temps libre... Cet été, j’ai regardé avec attention les championnats du monde de natation.

 

Votre référence en matière de rugby ce serait qui ?

J’adore les All Blacks. Particulièrement leur numéro 8 et capitaine Kieran Read. Il est polyvalent, technique, il fait toujours avancer son équipe. C’est ma référence.

 

D’un point de vue personnel, vous êtes une des figures de proue de cette équipe. Comment vivez-vous cette notoriété grandissante  ?

Je le vis très bien (rires). En fait, cette question nous est souvent posée mais nos vies n’ont pas tant changé que ça. J’ai toujours mon quotidien, je m’occupe toujours de mes jeunes en difficulté, je joue toujours dans le même club à Montpellier.

 

Justement, vous êtes joueuse et à la fois éducatrice spécialisée. Est-ce qu’il y a de la place pour le professionnalisme dans le rugby féminin comme dans le foot, le hand ou le basket ?

Je suis éducatrice spécialisée depuis 2012 à Montpellier, date de ma première sélection. C’est vrai que les filles des autres sports sont professionnelles et nous avons vu que celles qui ont fait l’aventure du 7 avec les JO ont aussi eu des contrats pros avec les contrats fédéraux. C’est positif. Quand on voit qu’en Angleterre, un championnat professionnel va être créé dès septembre prochain (sous le nom de Super Rugby, N.D.L.R), on se dit que cela arrivera forcément en France. Il le faudra, de toute manière, pour rivaliser. Sans doute avec des contrats semi-pros au début dans les clubs comme l’a fait le football par l’intermédiaire de Louis Nicollin ou Jean-Michel Aulas.

 

Revenons au rugby : le changement de staff technique, en janvier ne vous a pas perturbées ?

Maintenant, ça me paraît éloigné. Mais en janvier, on s’est dit « Wouah, attention. Dans huit mois, il y a la Coupe du monde… » Depuis deux ans nous étions avec eux (Jean-Michel Gonzalez, et Philippe Laurent) et les résultats étaient plutôt positifs. Nous avons eu peur de tout perdre. Il y a eu la préparation pour le Tournoi, puis la compétition en elle-même et, maintenant, nous sommes passées à autre chose. Nous sommes des amateurs mais nous devons avoir un comportement de professionnelles puisque nous nous entraînons comme des professionnelles. L’équipe de France n’appartient à personne, nous devons nous adapter. Ce n’est pas nous qui avons été décisionnaires. Ce n’est pas toujours évident car il y a eu de l’affect comme il y en a toujours avec des entraîneurs. Dans le sport féminin peut-être encore plus qu’ailleurs.

 

Pourquoi cela ?

Les entraîneurs qui n’ont entraîné que des garçons se disent qu’au début tout est pareil, car c’est le même sport. Ils se rendent compte vite qu’entraîner des équipes de filles ou de garçons, cela n’a strictement rien à voir. Nous ne percevons pas les mêmes choses, nous avons des sensibilités différentes. Peut-être parfois à tort. C’est différent, si on nous remplace au cours d’un match, on va se poser 150 000 questions. La gestion du groupe, de l’effectif et de celles qui ne jouent pas, ce n’est pas facile. Comme le rugby n’est pas notre travail et notre passion avant tout, nous faisons ça par amour du sport et nous avons beaucoup d’attentes. Désormais, ça se passe très bien avec le nouveau staff. Depuis juin, nous nous régalons aux entraînements, nous apprenons énormément de choses.

 

Avec une préparation longue de deux mois comme celle-là, n’y a-t-il pas un peu de lassitude ?

La préparation est nécessaire, on n’a pas le choix et on le sait. Nous sortons toutes d’une saison très longue, où nous avons beaucoup joué et nous n’avons pas des effectifs pour pouvoir tourner aussi facilement. Le championnat a été serré jusqu’à la fin, nous ne pouvions pas faire d’impasses. Nous sommes sorties toutes vidées. Du coup, il fallait avoir une période de récupération et repartir pour être au top physiquement.

 

Un championnat plus serré avec un niveau qui augmente : la différence est-elle aussi là ?

Oui, c’est super. Il y a quelques années, c’était toujours les mêmes équipes qui se hissaient dans le dernier carré. Là, ça change et ça va continuer à changer. J’ai la chance de jouer depuis sept ans à Montpellier, d’avoir gagné quatre des six finales jouées face à des Romagnat, Toulouse… Cette année, les demi-finales se sont jouées à trois ou quatre points. Le niveau augmente. Quand je vois jouer des équipes minimes, je suis impressionnée.Quand ces filles vont arriver en équipe de France, le niveau sera terrible. N’oubliez qu’en 2014, certaines filles avaient trois ans de rugby,venaient du hand, de l’athlétisme, de la gymnastique. Aujourd’hui, il y a des filles dans les écoles de rugby. Cela n’a plus rien à voir avec l’époque où j’étais cadette. On s’entraînait deux fois par semaine et, désormais, c’est deux fois par jour. Aujourd’hui, il m’arrive parfois de m’assoir et de regarder les jeunes jouer. Je savoure même après 17 ans de rugby.

 

L'intégralité des propos recueillis par Enzo Diaz sont à retrouver dans notre édition du 31 juillet

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