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C'est loin l'Amérique ?

Par Emmanuel Massicard
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    C'est loin l'Amérique ?
Publié le Mis à jour
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C’est encore loin l’Amérique ? Tais-toi et rame… Il ne sera pas question, ici, de jauger les mérites ou l’intensité de la préparation physique qui meuble le quotidien des joueurs du Top 14 et de ProD2 depuis leur reprise. Dans l’ombre et sans ballon, la vie des rugbymen peut être aussi déroutante que celle d’un ermite reclus depuis 30 ans aux confins du Queyras ou des Baronnies. Engagez-vous qu’ils disaient…

Alors, l’Amérique ? Ce pourrait être le bout de la route tracée par le rugby français accroché à son fol amour tricolore, prêt à s’entendre et à tout changer pour que notre vitrine nationale retrouve un rang parmi les références mondiales. Clubs, syndicats, Ligue et Fédé ont donc ramé de concert pour sortir de la brume. Du néant, même. Depuis le 1er juillet, la crème des sélectionnables est ainsi « protégée » par la liste Elite, mise hors jeu temporairement pour mieux se reposer, se préparer et s’armer en vue des joutes de novembre. Tout irait ainsi -presque- pour le mieux dans le meilleur des mondes si le recrutement du Top 14 n’avait pas, une fois encore, largement débordé des frontières de l’hexagone.

Le Salary Cap et tous les Jiff du monde n’y changeront donc rien : les clubs poursuivent leur armement -en premier lieu dans l’hémisphère sud- en quête d’internationaux « têtes d’affiche » capables de justifier les plus folles de leurs ambitions. De sorte que notre championnat ressemblera tous les jours davantage à un repère de « galactiques » -les Four Nations Globbe Trotters !- quand il devait célébrer les vertus de la formation française pour ne plus appuyer sur les seuls « vices » de ses règlements allégrement contournés.

Une surprise ? Fondamentalement, non. D’abord parce que la liste Elite a conduit certains présidents à s’éloigner délibérément des internationaux français, dont la cote d’amour ne compensera pas les futures absences. Enfin parce que la course au Bouclier de Brennus est plus intense qu’elle ne l’a jamais été. Incertaine. Disputée. Dopée par l’émergence de nouvelles puissances, telles Bordeaux ou Rochelle et désormais Lyon, par exemple ; par l’exigence de Montpellier, qui souffre de ne jamais avoir gagné ; par les barons de Toulon, du Racing ou Clermont, accrochés aux sommets ; par les nouvelles ères qui s’ouvrent autour des Stades (français et toulousain)… Bref, vous l’aurez compris, il n’est pas temps de se fragiliser pour qui porte ces solides ambitions.

Il n’en faut pas davantage pour envoyer au placard tous les projets construits autour de recrutements « 100 % made in France » promus en tête de gondole pour mieux vendre des abonnements. Qu’importent les belles promesses, si vite oubliées, et les reniements. Qu’importe l’intérêt supérieur de la cause nationale ainsi bafouée. Qu’importent la valorisation de la formation et l’idée d’un horizon enfin débouché pour tant de jeunes joueurs jusqu’ici sans avenir… Non, qu’importe…

Le rugby français continuera à se construire sur cette drôle de dichotomie entre un Top 14 à l’appétit gargantuesque et une sélection nationale en quête de renouveau, sans que les limites entre des uns s’imposent définitivement aux autres et viennent mettre un peu d’ordre dans la mêlée. Alors ? On rame ! 

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