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Kieran Read : Le papa tigre qui effraie les Lions

Par Marc Duzan
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    Kieran Read : Le papa tigre qui effraie les Lions
Publié le Mis à jour
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Le capitaine des champions du monde, auteur d’une performance exceptionnelle samedi dernier, est un personnage central de l'épopée contemporaine des All Blacks. Il raconte...

Des lions et des tigres. Il y a un peu de tout ça dans la vie de Kieran Read, en ce moment. Concernant les premiers, on ne vous fera pas l’affront de vous expliquer pourquoi. Concernant les seconds, en revanche, le capitaine des All Blacks a bien une idée. À cette évocation, il se marre : « Mes deux filles (Elle, 6 ans, Eden, 4 ans) aiment faire des jeux de rôles à la maison. Et elles adorent quand je participe à leurs scénarios. Des fois, je suis un prince. » Mais le plus souvent, Kieran Read est le papa tigre d’un clan comptant quatre membres, lui-même, son épouse Reuben et leurs deux petites. « Je dois alors déambuler dans la maison à quatre pattes en poussant des grognements. Mes filles sont les bébés tigres et me suivent dans la jungle. Nos chiens sont de méchants loups, il faut parfois combattre. […] Les petites sont très drôles. La maison est mon sanctuaire, mon sas de décompression. » En Nouvelle-Zélande, le capitaine des All Blacks est, devant le premier ministre, le personnage le plus important du pays. Lorsque le numéro 8 des Crusaders a succédé à Richie McCaw, il a aussitôt ressenti le poids de ses nouvelles responsabilités. Au bout du monde, le débat fit rage : d’un côté du ring, il y avait ceux qui pensaient que le plus expérimenté des Blacks en exercice (32 ans, 98 sélections) était légitime ; de l’autre, il y avait ceux qui juraient que « Reado » manquait de charisme et d’autorité. Verdict ? L’an passé, pour la première saison passée sous les ordres de Read, les Blacks ont disputé quatorze rencontres et en ont remporté treize, s’inclinant seulement face à l’Irlande à Chicago (40-29). Read poursuit : « Si on m’avait dit que l’on ne perdrait qu’un match en 2016, je ne l’aurais pas cru : quoi qu’en pensent les gens, nous sommes toujours en reconstruction… » Après le Mondial anglais, Hansen et ses porte-flingue ont ainsi dû remplacer Dan Carter, Richie McCaw, Ma’a Nonu, Conrad Smith, Keven Mealamu et Tony Woodcock, leaders de l’équipe depuis plus de dix ans. Read, encore : « Nous y sommes en partie parvenus parce que nous avons la chance de pouvoir nous appuyer, en Nouvelle-Zélande, sur un réservoir de joueurs exceptionnel. Beaucoup de ceux qui ne jouent pas chez nous feraient le bonheur d’autres équipes nationales. » On pense ici aux frères Savea, à Waisake Naholo, Nehe Milner-Skudder, Lima Sopoaga, Malakai Fekitoa ou encore Damian McKenzie, tous membres du groupe élargi des All Blacks mais rarement considérés comme des premiers choix par Hansen et Foster, son bras droit en équipe nationale.

 

Le somnambule en slip

S’il est un All Black assuré de faire partie du XV majeur néo-zélandais lors du prochain Mondial, c’est bien Kieran Read. Doté d’une technique individuelle hors du commun, le numéro 8 des Crusaders offre à son staff un intérêt tout particulier. « Au bout de trois temps de jeu, explique l’ancien demi de mêlée des All Blacks Justin Marshall, Reado se positionne entre la ligne de touche et celle des cinq mètres. Il est à ce moment-là utilisé comme finisseur (21 essais marqués) ou dernier passeur. » Finisseur, parce que son explosivité est rare. Passeur décisif, parce que sa capacité à « offloader épais », comme dirait l’autre, est ahurissante. « Samedi dernier, confie Aaron Smith, il a une nouvelle fois montré à quel point il était génial. Sur le premier essai du jeune (Rieko Ioane), il me fait une passe d’un autre monde, alors qu’il est à terre et entouré de quatre défenseurs. Sur le coup, je me suis dit : « Elle vient d’où celle-là ? De Mars ? » Pfff… Reado est juste incroyable. » Kieran Read, qui devrait décrocher sa centième sélection lors du prochain Four Nation, a pourtant bien failli tourner le dos au rugby, à l’adolescence. James Fraser, son coach au collège de Saint Kentirgen, raconte : « Kieran était aussi un surdoué du cricket. Je lui ai donc demandé, à une époque de sa vie, d’oublier le rugby pour se concentrer exclusivement sur sa batte. Vous savez, le rugby était devenu difficile pour lui : il pesait 75 kg et affrontait des Polynésiens de 100 kg tous les week-ends… » Au fil de ces affrontements torrides, Kieran Read a pourtant appris à compenser un manque de poids relatif par une technique individuelle parfaite. Fraser poursuit : « Il voulait me prouver à quel point j’avais tort de vouloir lui faire arrêter le rugby. Le matin, il me demandait donc de l’accompagner sur le terrain à 7 heures, avant que les cours ne commencent. La première demi-heure, j’étais son sac de plaquage. La suivante, j’avais pour mission de lui bloquer les bras » ; Le coach n’y parvenait évidemment jamais… Exceptionnel à Auckland alors qu’il revenait samedi soir de sept semaines de convalescence, Read a fait passer les Lions pour des tendres chatons, remportant logiquement le match de l’année et gagnant in fine le droit à quelques nuits tranquilles. « Rien n’est moins sûr, conclut le pilier Wyatt Crockett. Reado est somnambule. La première fois où j’ai partagé ma chambre avec lui, il s’est levé en slip en pleine nuit, a ouvert la porte, l’a refermée et s’est réveillé presque nu dans le couloir. Vous savez quoi ? Il est tellement gentil qu’il n’a pas frappé pour que je lui ouvre. Il avait peur que je ne me rendorme pas. » C’est donc vêtu d’un simple slip que le capitaine des All Blacks est, cette nuit-là, descendu à la réception pour y demander une autre chambre. À l’été 2017, l’histoire ne dit pas si les enregistrements vidéos de cet hôtel sud-africain ont été effacés ou non.

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