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Planète Clermont

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Dimanche, Clermont défendra les dernières chances françaises en Champions Cup, face au Leinster, pour sa cinquième demi-finale en six ans. C’est Tout sauf le fruit du hasard…

Un lundi ensoleillé, à Clermont. La veille, l’ASMCA avait tenu ses promesses en faisant rompre la brigade toulonnaise en quart de finale de Champions Cup (29-9). Pour ce premier match éliminatoire, le public clermontois avait monté le volume sonore. Quelques heures plus tard, en ce matin du lundi 3 avril, le Marcel-Michelin était bientôt impeccable.

Le large parvis du stade, déjà, était comme neuf. Dans les tribunes, une brigade d’hommes en jaune (fluo) briquait l’enceinte auvergnate. Sur la pelouse hybride, grande fierté locale, un bonhomme austère alignait les longueurs, tondeuse au bout des bras. Bravant le panneau qui annonçait « pelouse interdite ». On a vite été prévenus : « Lui, c’est son métier. Mais vous, ne vous aventurez pas à marcher sur la pelouse. Il ne rigole pas avec ça ». Effectivement, l’homme en question semblait avoir envie de tout sauf de rigoler. De toute façon, à Clermont, on ne rigole pas avec grand-chose en lien avec le club. Et donc le mot « travail », cet élément de langage choisi comme base de la communication. Avant le talent ou le plaisir.

 

Anticipation, précision et pas mal de méfiance

L’ASMCA est un club qui cultive cette netteté. Quand un étranger signe à Clermont, il découvre sa maison à son arrivée. Devant elle, il trouve sa voiture. À l’intérieur, il trouve les connexions internet, les téléphones portables, le linge de maison. Quand il ressort, il trouve une nutritionniste qui l’emmène découvrir les supermarchés français, faire ses premières courses et confectionner ses menus. « C’est vrai qu’on met beaucoup de choses en place pour le confort des joueurs. C’est une manière pour nous d’accélérer leur intégration. Le message est le suivant : « tout est en place pour que votre vie soit facile. Donc pas d’excuse sur le terrain ». Les choses sont claires », justifiait Neil McIlroy, qui s’occupa longtemps de ces questions.

Avec le recul imposé à Jean-Marc Lhermet, McIlroy est désormais en première ligne sur le sujet du recrutement. C’est lui qui a négocié pour la venue du capitaine écossais, Greig Laidlaw, en Auvergne. C’est aussi lui qui œuvrait pour les arrivées de Flip Van der Merwe, Aaron Jarvis ou Scott Spedding. Un travail de recrutement sur lequel les Clermontois font persister leurs manières. En ne faisant intervenir les agents que le plus tard possible. En travaillant eux-mêmes sur l’évaluation et la détection des joueurs, sans attendre qu’on leur propose. En n’hésitant pas à démarrer l’entreprise de séduction d’un joueur près deux ans avant la fin de son contrat. De l’anticipation, de la précision mais aussi pas mal de méfiance. Secret pour le grand public, Clermont l’est tout en autant pour les autres acteurs professionnels du petit monde du rugby.

 

Tous les mots sont pesés

L’ASMCA est enfin une rareté. Pour ceci : à l’heure où les grands clubs du rugby français sont devenus les étendards de capitaines d’industrie, qui viennent chercher la reconnaissance de leur nom, on constate la dynamique inverse en Auvergne. Fondateur du club et partenaire mastodonte durant un siècle, Michelin prend du recul. Au moins sur la communication et le partenariat. C’est (beaucoup) plus relatif concernant la gouvernance, où l’héritage Michelin se perpétue de président en président. Et une manière de faire qui perdure. Discret, Clermont est donc un club à part. « Un club bizarre, froid et attachant à la fois, dans lequel je garderai des souvenirs fabuleux » confiait Julien Bonnaire au moment de raccrocher son dernier maillot jaune il y a bientôt deux ans. Si le quotidien du club est feutré, il prépare à disputer la cinquième demi-finale de Coupe d’Europe en six ans. Un tour de force, sur une scène continentale toujours plus dense. Cette stabilité sportive tient à celle de la gouvernance. Mesurée, qui pèse chacun de ses bons mots jusqu’à dégager extérieurement de la monotonie. « Vous appelez ça le feu ? Mais c’est finalement la vie normale d’un club, non ? » s’étonnait France Azéma, en 2013, quand les échecs de fin de saison avaient fait bouger la tectonique des plaques, en interne. « J’ai travaillé à Perpignan. Je sais ce que c’est quand il y a le feu au club. Ici, tout est tellement calme habituellement que la moindre secousse prend trop d’ampleur » Azéma n’était pas encore promu entraîneur en chef. Quatre ans plus tard, il compte parmi les hommes forts du club. Il présente rien de moins que le meilleur ratio de victoires en France, depuis bientôt trois ans.

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