Le retour du magicien

Face à Toulouse, il y eut d’abord la percée de Nonu. À la septième minute, le centre toulonnais se défaisait de Gaël Fickou, accélérait, voyait la ligne… mais échouait à dix mètres de l’en-but haut-garonnais. Ensuite ? Un jeu simple, très simple, trop simple (suffisant, malgré tout, pour prendre le meilleur sur une équipe en pleine crise de confiance). Mais le (vrai) premier frisson du Stade Vélodrome intervint à la 69e minute. Entré en jeu à la place de Drew Mitchell six minutes plus tôt, Josua Tuisova se mettait rapidement en évidence, assenant sur l’aile droite une percussion destructrice à un défenseur toulousain. Sa victime ? Un certain Thierry Dusautoir. Le Fidjien se défaisait ensuite de Maxime Médard et de Piula Fa’asalele. Une mise en bouche pour le champion Olympique qui nous gratifiait ensuite de quelques charges et d’imprévisibles crochets. À l’heure où les Toulonnais ont fait le choix de revenir à un rugby plus simple (notamment avec l’éviction de Mike Ford) et alors qu’ils ont officiellement lancé le sprint final face au Stade toulousain, Josua Tuisova pourrait donc être le dynamiteur du RCT. « Tuisova ? C’est toujours un facteur X ! On le voit chaque week-end, il avance tout le temps, il est surpuissant… On l’a vu sur Thierry Dusautoir la semaine dernière, il l’a fait voler de cinq mètres ! Pourtant je pense que Dusautoir n’est pas un mauvais défenseur, s’amusait mercredi Sébastien Tillous-Borde. Ça montre toute l’explosivité qu’il a. Il va nous emmener du punch et j’espère qu’il sera en grande forme pour la fin de saison. » Sa vitesse, ses appuis et sa densité physique (1,80m pour 108 kg) feront de « Josh » la principale arme offensive du RCT pour terminer la saison.

« Josh’ est unique »

Remplaçant au Vélodrome, Josua Tuisova retrouvera donc logiquement une place de titulaire pour la réception de Castres, aux dépens d’un Drew Mitchell emprunté depuis plusieurs semaines. Et s’il a manqué cinq mois et demi de compétition (entre les JO et deux blessures aux chevilles), le champion Olympique a montré qu’il était déjà en grande forme. S’il continue de bander sa cheville gauche, par précaution, Josua Tuisova a retrouvé tous ses moyens et apportera de nouvelles options au staff du RCT. « C’est le genre d’ailier que l’on déteste affronter, observe Richard Cockerill. Avec le ballon, il est très fort. Il est petit mais tellement costaud. C’est un joueur énorme, un phénomène. En un contre un il est inarrêtable. Aujourd’hui il n’a que 23 ans, il lui manque encore d’expérience, mais je peux affirmer qu’il deviendra exceptionnel. Est-ce qu’il m’est arrivé de coacher des joueurs de ce profil ? À Leicester il y avait bien Vereniki Goneva, mais Josh’est unique… » Bernard Laporte qui l’avait lancé dans le grand bain en 2013 (alors qu’il n’avait que 18 ans) allait même plus loin, affirmant que Tuisova était « un monstre », que le vestiaire surnommait affectueusement « l’animal ». Il y a tout juste un an, après la victoire contre Castres (17-7) au stade Mayol, le désormais président de la FFR confiait à son sujet. « De mon vécu, j’ai rarement vu un joueur avec un tel potentiel. J’avais dit à ses partenaires avant le match : filez-lui quarante ballons surtout ! En un contre cinq, il est terrible ; alors imagine-toi en un contre un ! » Pour terminer la saison, le staff toulonnais pourrait donc retrouver un schéma de jeu pour le moins pragmatique : sortir de son camp proprement par le pied, retrouver un jeu direct, limiter les prises de risques et… donner le ballon à Josua Tuisova. Mais cette recette, si elle devrait permettre au RCT de se qualifier en barrages, suffira-t-elle à ramener le bouclier de Brennus sur la rade ? C’est en tout cas le pari des Toulonnais.

Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI