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Les voyages forment la rudesse…

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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C’est en bus que les Dacquois vont se déplacer vers la Bretagne et le chaudron de La Rabine.

L’apprentissage universel du jeune joueur de rugby se fait en plusieurs étapes. Tout d’abord, il doit apprendre les rudiments d’un sport un peu bizarre où il faut, pour avancer, se passer le ballon en arrière… Vient ensuite les bonheurs du vestiaire. Il découvre ainsi les joies des nœuds aux chaussettes, des échanges de sous-vêtements et du partage, parfois contre son gré, du shampoing et de la serviette de bain. Aussi pénibles que puissent être ces moments, ils nourrissent ce que le rugby a de particulier, l’esprit de groupe.

A l’extérieur, le rugbyman devra s’acclimater aux caprices de la nature. Le soleil, la pluie et de la boue jusqu’au yeux, qui, une fois séchée, deviendra un terrain de jeu pour fakirs… Dans ces conditions, les cuisses, les doigts et les oreilles des rugbymen devraient être promus à l’ordre du mérite sportif… On ne parlera pas des bleus et bosses qui font partie, autant que les chaussettes et le protège dent, de la panoplie quotidienne. L’autre particularité du sport collectif joué en plus grand nombre se trouve dans…les déplacements en bus. Jeune, le rugbyman est incollable sur la capacité d’un bus. On y rentre deux équipes et un aéropage d’accompagnateurs ! Avec l’âge et le niveau, le bus devient plus intimiste et « habitable ».

Avec cette évolution, se dessine aussi une certaine sociologie de ce « vestiaire roulant ». Comme dans les vestiaires, le placement suit un rituel et des règles à ne déroger sous aucun prétexte. Une observation attentive révèle que l’ancienneté est souvent liée à l’avancé vers le fond du bus. Il existe même un rite initiatique invitant les plus jeunes à venir toucher la vitre du fond… Cette remontée vers le temps et l’espace ne se fait pas sans bruits ni fracas, mais il permet aux novices d’approcher de près, ce que le temps leur offrira comme privilège…

Le déplacement, au-delà de sa longueur et de son inconfort, représente également un moment toujours particulier dans une vie de championnat, celui du match à l’extérieur. Sorti de son confort quotidien, le rugbyman va devoir recréer ses petits rituels contraphobiques. Entre lecture, jeu de cartes, tchats et films en streaming, le voyage aller doit éviter la trop grande gamberge pour le match en terre inconnue et parfois hostile. On dit souvent qu’un groupe se forme à l’extérieur.  Défier une équipe sur ses terres est, de tous temps, un exercice un peu particulier. Le bus, l’hôtel et le vestiaire deviennent des refuges de paix, au milieu d’une rhétorique guerrière… Dans un moment particulier de la saison, l’US Dax se déplace en Bretagne pour affronter Vannes dans son chaudron « britannique » de La Rabine.

Un match décisif pour la fin de saison

Les deux clubs sont en difficulté au classement (Dax 12e, Vannes 14e). Ce match est bel et bien décisif pour la suite de la saison. On comprend aisément que pour ce match, les Bretons vont faire appel aux valeurs ancestrales de leur région. Les Dacquois le savent bien. C’est ce qui rend ce long voyage en bus aussi angoissant qu’excitant. Il existe quelques classiques de ces déplacements périlleux et iconiques. Jouer et gagner en pays catalan d’Aimée Giral, varois de Mayol, isérois de Pierre Rajon ou basque de Jean Daugé reste à jamais dans la vie d’un groupe ou d’une carrière.

Les Vannetais, promus cet été, font découvrir à leurs visiteurs, un stade et un public inédit dans le championnat professionnel. Les Bretons, comme les Basques ou les Catalans, sont un peuple de culture et de valeurs. Dans un contexte évidemment hostile, les Landais vont devoir confirmer leurs récents progrès. Ils vont affronter une équipe vannetaise qui défend fièrement sa peau et qui montre les qualités nécessaires à une pérennité dans ce monde professionnel. Les Rouge et Blanc auront face à eux une équipe performante et accrocheuse et qui sera soutenue par l’âme d’un pays tout entier. C’est dans ces conditions, que les joueurs de l’US Dax doivent créer l’exploit. Un exploit qui ne viendra pas tous seul. Il faudra un supplément d’âme aux protégés du trio Daret-Saint André-Furet… L’éventualité d’une victoire rendrait ce fameux retour en bus, paradoxalement plus court que l’aller. Il pourrait le rendre bien plus bruyant et animé. Ce moment particulier pouvant devenir la récompense d’un retour de campagne, auréolé d’un exploit majuscule. Acte qui fondera un peu plus l’histoire collective de cette équipe dacquoise en rédemption…

par Laurent Travini

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