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[DOSSIER ANGLETERRE] Richard Cockerill : « Novès part de plus loin »

Par Vincent Bissonnet
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    [DOSSIER ANGLETERRE] Richard Cockerill : « Novès part de plus loin »
Publié le Mis à jour
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Le consultant de Toulon et ancien boss de Leicester, Richard Cockerill, compare ce qui se fait en France et en Angleterre au niveau des sélections, des clubs et de la formation.

Le championnat anglais est-il au niveau du Top 14 actuellement ?

Oui, le Premiership a rattrapé son retard. Les deux compétitions sont d’un calibre semblable désormais. Après, chacun garde ses spécificités : en Angleterre, l’accent est peut-être davantage mis sur le collectif, sur le fait de suivre collectivement un projet de jeu ; en France, il me semble qu’il y a plus de place pour l’initiative individuelle, comme on peut le voir à Toulon ou Montpellier. C’est différent mais on ne peut pas dire que c’est mieux ou moins bien.

En tout cas, au niveau des sélections, le XV de la Rose a pris le dessus. Comment l’expliquez-vous ?

Votre problème est simple : prenez le nombre de joueurs étrangers et le nombre de joueurs sélectionnables dans chacun des championnats et vous comprenez. En Angleterre, plus de 70 % des joueurs sont éligibles pour la sélection. Non seulement ça élargit le vivier d’internationaux potentiels mais en plus, nos jeunes ont la possibilité de se former plus vite. C’est plus dur pour les vôtres d’obtenir du temps de jeu et donc d’élever leur niveau. Il y a votre système de Jiff qui se durcit mais ça prendra du temps avant que ça change vraiment la donne. D’un autre côté, le fait qu’il y ait autant d’étrangers rend votre championnat compétitif. Quand je vois qu’à Toulon, il y a Duane Vermeulen, Juanne Smith, Josua Tuisova et tant d’autres. En Angleterre, avec toutes les mesures dont le salary cap, ce ne serait pas possible.

Les politiques mises en places favorisent cette émergence de jeunes joueurs en Angleterre. Ce que l’on retrouve moins en France…

En Angleterre, l’accent a vraiment été mis sur les académies. Tout part de là. Il y a un système incitatif mis en place par la Fédération pour investir sur ce secteur : les entraîneurs, les infrastructures y sont de qualité. Le but étant d’intégrer au plus vite les meilleurs espoirs à l’équipe professionnelle. Ce qui n’existe pas encore vraiment chez vous.

Quel regard portez-vous sur le travail d’Eddie Jones à la tête du XV de la Rose ?

Ses résultats parlent pour lui, non ? Treize succès consécutifs, c’est impressionnant. Il est très fort sur deux domaines, tout particulièrement. Il a une capacité remarquable à tirer le meilleur de chacun de ses joueurs en les incitant à travailler toujours plus ; et il sait où il veut aller et comment, même si cette confiance peut le rendre dur. Quand tu parles avec Eddie Jones, tu sens qu’il a une grande foi en son projet. Il a réussi à communiquer cette assurance à ses joueurs en un temps record. C’est un très grand meneur d’hommes. Sa rigueur se retrouve sur les performances de son équipe et tout particulièrement sur les bases. En conquête et en défense, ils ont une constance épatante. Physiquement, les joueurs n’ont jamais été autant sollicités en termes d’efforts de préparation. Ils se plient à ses exigences et ça paye sur le terrain. Il n’y a qu’à voir la condition de chacun.

Il bénéficie aussi d’une génération exceptionnelle…

Oui, il dispose d’un groupe jeune et talentueux qui est à son écoute et croit en son projet. Maro Itoje est dans une forme hallucinante. Je suis aussi épaté par Ben Youngs qui a vraiment passé un cap. Mais il y en a tant : Dan Cole, George Ford, Owen Farrell… Tous ces gars ont du talent et ont grandi dans la victoire. Cette série de succès a bonifié leur potentiel. Elle les a placés dans les meilleures conditions. Même si l’Angleterre est contrariée par tous ses blessés, elle reste le favori du Tournoi et peut espérer réaliser le grand chelem.

Peut-on établir un comparatif entre l’apport d’Eddie Jones en Angleterre et celui de Guy Novès avec les Bleus ?

C’est hasardeux. Le XV de la Rose, malgré la déception de la Coupe du monde, avait de quoi rebondir avec une bonne génération qui commençait à se révéler. Stuart Lancaster avait vraiment réalisé un travail remarquable, cohérent, sur le long terme. Il ne lui a manqué que les résultats en fait. Le problème, c’est que tout le monde ne regarde que ça, finalement… Quand vous voyez ce qu’il réalise actuellement au Leinster, ça vous fait prendre conscience de ses qualités d’entraîneur. Eddie Jones a su s’appuyer sur son héritage et le bonifier. Le XV de France partait en revanche de plus loin. La mission de Guy Novès était plus dure. Il y a un gros travail de reconstruction à effectuer. Mais je lui fais confiance : avec toute son expérience, il est capable de réussir.

La France est-elle le concurrent le plus sérieux à l’Angleterre ?

Je pense plutôt à l’Irlande. C’est une équipe complète, sans point faible apparent. De toute manière, quand tu bats les All Blacks, c’est que ton collectif est compétitif.

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