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Les dessous de l’affaire de « l’Higémanine Gate »

Par Emmanuel Massicard
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    Les dessous de l’affaire de « l’Higémanine Gate »
Publié le Mis à jour
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Nyanga et Dulin seront entendus par la commission de lutte contre le dopage de la FFR. Des traces d’higénamine ont été retrouvées lors des contrôles. Les Racingmen plaident la bonne foi mais la molécule est désormais interdite.

L’affaire

Mercredi soir, www.midi-olympique.fr révélait en exclusivité les convocations de Brice Dulin (26 ans, 25 sélections) et Yannick Nyanga (33 ans, 46 sélections) devant la commission de lutte antidopage de la FFR. Les deux joueurs du Racing 92, respectivement contrôlés le 23 novembre (avant France-Nouvelle-Zélande) et le 8 octobre 2016 par des représentants de l’Agence française de lutte contre le dopage. Leurs échantillons présentaient des anomalies, avec de légères traces d’higénamine. « Ma zone est de 19 alors qu’elle peut aller jusqu’à 100 000 au maximum… C’est dérisoire… », nous a confié Brice Dulin, mercredi ; les taux de Nyanga seraient sensiblement équivalents.

Higénamine, molécule interdite en 2016 ?

Les deux joueurs ont consommé une boisson dénommée Dyno (produit de la marque RSP Nutrition aux mérites vantés par des ambassadeurs évoluant en Top 14 dont les noms ont été retirés du site internet : Albacete, Nyanga, Goosen, David et Steenkamp). Le Dyno contient de l’higénamine, tel que le stipule la notice dudit produit. Cette molécule appartient à la famille des bêta 2-agonistes. Le 1er janvier 2017, l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) a ajouté l’higénamine à la liste des produits interdits. Elle précise sur son site internet : « L’higénamine est rapportée comme une composante de la plante Tinospora crispa, qui peut être trouvée dans certains suppléments nutritifs, et elle est considérée comme un bêta-2-agoniste non-sélectif. »

Les comparutions : Dulin convoqué mi-février

N’ayant pas répondu au premier courrier recommandé envoyé à son domicile par la FFR (il devait le faire avant le 16 janvier), Brice Dulin a vu son audition repoussée. Selon nos informations, il devrait être entendu mi-février par la commission fédérale de lutte antidopage alors que le délai maximal prévu par l’AFLD courait jusqu’au 7 mars. Dès lors, s’il venait à être blanchi par la commission fédérale, Brice Dulin pourrait ainsi participer à la deuxième partie du Tournoi des 6 Nations avec le XV de France. De son côté, Yannick Nyanga sera entendu ce jeudi 26 janvier à 9 h 30, dans les locaux du CNR de Linas-Marcoussis. Il sera suivi de quatre autres rugbymen amateurs et professionnels également convoqués par la Commission après des contrôles anormaux. Nyanga a demandé une contre-expertise de l’échantillon urinaire prélevé après le derby parisien du 8 octobre 2016 à Colombes, au lendemain de l’affaire des corticoïdes impliquant ses partenaires champions de France, Dan Carter, Juan Imhoff et Joe Rokocoko.

CE QU'il risque

Selon les règlements de la lutte antidopage, les joueurs pourraient risquer jusqu’à deux ans de suspension s’ils sont convaincus d’une utilisation illicite. Le footballeur international français, Mamadou Sakho, avait, lui, finalement été relaxé après un contrôle anormal en 2016. Pour Jean-Pierre De Mondenard, spécialiste de la lutte antidopage, l’higénamine faisant partie des substances dites « spécifiées », il pourrait y avoir des circonstances atténuantes. Surtout, les deux contrôles ayant été réalisés avant que les produits soient interdits par l’AMA, les joueurs vont plaider la bonne foi et pourraient être relaxés. Enfin, sachant que la commission fédérale de lutte antidopage se base toujours sur le classement AMA, les jurés devraient donc considérer que la rétroactivité n’est donc recevable…

Ce qu'ils en disent

Bernard Laporte, Président de la FFR

« Il faut accompagner les joueurs »

Il est important de signaler que ce n’est pas du dopage. Les joueurs (Brice Dulin et Yannick Nyanga, N.D.L.R.) sont des victimes dans cette affaire.à mes yeux, il est important de les accompagner. Dès que j’ai été mis au courant de cette affaire, j’ai appelé le petit Dulin pour le réconforter. Cette histoire est dommageable pour l’image du rugby et du Racing 92 car le grand public peut faire l’amalgame avec une pratique dopante alors que ce n’est pas le cas, je tiens à le répéter.

 

Bruno Genevois, Président de l’AFLD

« L’AFLD n’intervient pas »

Qui dit rapport d’analyse anormal, dit qu’on a décelé une substance interdite par la réglementation de l’AFLD. Mais cette seule circonstance ne suffit pas à entraîner obligatoirement une condamnation. Je ne peux pas me positionner pour l’instant […] Si le contrôle a décelé une substance interdite chez ces deux sportifs de haut niveau, leurs cas seront renvoyés devant leur fédération. Pour l’instant, l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) n’intervient en aucun cas. Si le dossier mérite un examen complémentaire, nous pourrons à ce moment-là intervenir […] La procédure, dans sa globalité peut durer au maximum quatre mois. Mais il ne semble pas qu’on soit réellement dans cette hypothèse pour le cas de Brice Dulin et Yannick Nyanga.

 

Brice Dulin, arrière du XV de France et du Racing

« Je ne l’ai pas pris débilement »

Je ne l’ai pas pris débilement. Tous les voyants étaient au vert. Si aujourd’hui, je vais sur le site de l’AFLD et que je demande si le produit en question est interdit, le moteur de recherche me répond que je peux l’utiliser, je ne comprends pas.

 

Yannick Nyanga, troisième ligne du Racing

« Un truc comme ça peut détruire un jeune… »

Il y a un ras-le-bol. Heureusement que ça m’arrive à 33 ans. Un truc comme ça peut détruire un jeune qui commence une carrière professionnelle.

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