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Romain et Sébastien Taofifenua : « Dans le jardin, on fonçait tout droit »

Par midi olympique
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    Romain et Sébastien Taofifenua : « Dans le jardin, on fonçait tout droit »
Publié le Mis à jour
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A plus de 500 km de distance, les deux frères ont accepté d’échanger, par téléphone. Autour du match de dimanche mais aussi de leurs souvenirs d’enfance. Rafraîchissant.

En rugby il est coutume de dire qu’entre amis on ne se fait pas de cadeaux pendant quatre-vingts minutes. Qu’en est-il entre deux frères ?

Sébastien Taofifenua _ Nous n’avons pas le choix ! C’est important de faire la part des choses en faisant abstraction du contexte, sinon on peut passer à côté de notre match. Nous avons passé nos vacances ensemble à Bordeaux, on va certainement se voir samedi à l’hôtel et après le match, à la réception. Mais pendant la rencontre, il faudra essayer de faire comme si on ne se connaissait pas.

 

Est-ce à dire qu’entre deux Toulonnais, au hasard Samu Manoa ou Romain, vous n’hésiterez pas à faire mal à votre frère ?

Sébastien _ Déjà si ça arrive, je ferai une petite prière parce que les deux sont costauds ! Ensuite je prends la meilleure décision pour l’équipe. On ne peut pas se faire de cadeau dans ce genre de match.

 

D’autant plus qu’on imagine que, plus jeunes, vous avez dû multiplier les un contre un ?

Sébastien _ On peut dire qu’on a multiplié les duels en effet. C’était même notre jeu préféré ! On prenait un ballon, dans le jardin, on fonçait tout droit et on essayait de franchir. Les crochets ? Très peu pour nous.

 

Qui était le plus fort ?

Romain Taofifenua _ Il n’y avait pas match, le plus fort c’était Seb ! Il était plus costaud. C’était une petite boule, déjà, et il était dur à arrêter. Me baisser pour le plaquer ? Pas tout le temps, il me faisait trop mal !

 

Et vos parents vous laissaient faire ?

Romain _ Bien sûr ! Pire, ils nous regardaient et notre père rigolait. Il nous encourageait à continuer.

 

Étiez-vous plutôt complices ou rivaux dans votre jeunesse ?

Sébastien _Nous n’avons jamais été rivaux. Nous étions très proches, de par notre âge déjà (deux ans d’écart, N.D.L.R.). Nous avons côtoyé les mêmes écoles. Comme Romain était plus vieux que moi, je pouvais faire n’importe quoi, personne ne venait m’embêter. Il y avait toujours le grand frère derrière moi donc j’en ai profité un peu.

 

Et au rugby ?

Sébastien _ Le meilleur exemple c’est quand je suis arrivé au pôle espoirs d’Ussel, où Romain était déjà depuis deux ans. Comme dans n’importe quel pôle espoirs, il y a une petite semaine de bizutage pour les petits nouveaux. Mais comme Romain gardait toujours un œil sur moi, j’étais un peu plus tranquille que les autres.

 

Romain, est-ce que ça n’a pas été un peu envahissant de voir votre frère arriver au pôle ?

Romain_ Jamais ! J’étais très heureux, c’était on ne peut plus positif pour nous deux. C’était mérité sportivement et au-delà de ça, je préférais faire les 400 coups avec lui plutôt que sans lui.

 

Quels sont vos premiers souvenirs de rugby ?

Romain _ Aller voir notre père jouer à Grenoble. Au final ce n’est pas un souvenir personnel mais plutôt commun. Nous étions tout petits et déjà inséparables. On passait dans les vestiaires, on allait parler avec les joueurs après les matchs. C’était surréaliste pour des enfants de notre âge mais nous étions trop jeunes pour être impressionnés.

Sébastien _ Pareil. Personnellement, ce ne sont pas les matchs qui m’ont le plus marqué. Nous étions trop petits. Mais on aimait bien, dès que le match était terminé, se précipiter dans les vestiaires, pour rester à côté de notre père.

 

À l’époque, rêviez-vous de faire carrière ?

Romain _ Nous n’y avons jamais vraiment réfléchi. Depuis tout petit, nous baignons dans le rugby, c’est donc venu naturellement.

 

Vos parents suivent de près vos carrières. Comment font-ils, désormais, avec un fils à Toulon et l’autre à Bordeaux ?

Romain _ Déjà, nous ne sommes pas que deux mais cinq (quatre frères et une sœur), donc ça n’a pas dû être facile tous les jours. Aujourd’hui, ça doit l’être encore moins… Au début, lorsque nous avons quitté l’Usap, ils tentaient de faire les déplacements. L’un venait à Bordeaux, l’autre à Toulon mais au fur et à mesure, c’est devenu de plus en plus difficile. Maintenant ils préfèrent rester à Perpignan et regarder les matchs à la télé.

 

Et ce week-end, quel maillot porteront-ils ?

Sébastien_ Celui de l’Usap ! (rires) Mais désormais que nous sommes loin, ils suivent surtout notre petit frère (Killian, joueur de l’Usap et intégré au pôle espoirs de Béziers).

Romain_ Est-ce que nous voir lui donne des idées ? Forcément il connaît nos parcours et ça lui donne envie de nous suivre.

 

Peut-on imaginer, un jour, les trois frères Taofifenua réunis sous un même maillot ?

Romain_ Ce serait génial ! Mais pour y arriver il faudrait que je dure un moment encore… J’ai quand même dix ans de plus. Ce serait beau. Après il faudra trouver un club qui voudra bien de nous (rires).

 

Vous êtes passés par le pôle d’Ussel, Clermont, l’Usap. Avoir un parcours si commun était-il un choix de votre part, ou un simple fait du hasard ?

Romain_ Les clubs nous voulaient ensemble, donc ce n’était pas pour nous déplaire. Malheureusement, avec la descente de l’Usap en Pro D2, nos chemins se sont séparés. J’espère qu’on va vite se retrouver.

 

Est-ce plus facile de jouer avec son frère ?

Romain_C’est surtout chiant de regarder tous les matchs de Bordeaux ! (rires)

 

Sébastien, quel a été le rôle de Romain dans votre parcours ?

Sébastien_ J’imagine qu’intégrer l’effectif pro a été beaucoup plus facile pour moi car il y avait Romain. Il était là depuis un moment, il connaissait tout le monde. Je n’avais pas l’impression d’arriver dans l’inconnu. Je ne m’en rendais peut-être pas assez compte. J’ai compris que sa présence me rassurait lorsque je me suis retrouvé tout seul, à Bordeaux, dans un univers très différent.

 

Aviez-vous le sentiment de vivre dans son ombre ?

Sébastien _ Non pas du tout. Au contraire, j’étais rassuré.

 

Romain, le protégiez-vous ?

Romain _ Plus ou moins. Je le protégeais un peu mais je ne le couvrais pas toujours, il fallait qu’il apprenne. Que ce soit sur le terrain ou dans la vie je l’ai souvent laissé se débrouiller.

 

Racontez-nous votre premier affrontement (le 6 septembre 2014, Toulon - UBB : 18-13).

Romain _ Nous venions tout juste de rejoindre Toulon et Bordeaux, donc, au-delà de l’aspect familial, c’était très spécial de se rencontrer sous un autre maillot que celui de l’Usap. C’était vraiment un match bizarre.

Sébastien _ Je me rappelle notamment du couloir. Rentrer sur la pelouse pour défendre des équipes différentes faisait remonter plein de souvenirs. Il a fallu passer outre cet aspect émotionnel pour rester dans le match.

 

Vous semblez vous comporter comme des jumeaux…

Sébastien_ Dans nos comportements peut-être, mais ça va être difficile à faire avaler ! Romain fait deux mètres et moi à peine un mètre quatre-vingts… Est-ce que l’un de nous deux a avalé plus de soupe ? C’est surtout que l’autre a mangé plus de frites !

 

Comment préparez-vous une rencontre comme celle-ci ?

Sébastien _ Moi, je le chambre un peu…

Romain _ Beaucoup ! Depuis lundi, il m’envoie la compo de l’UBB. Mais bizarrement, c’est tous les jours une compo différente.

Sébastien _ La seule chose qui ne change pas, c’est que j’essaie de me mettre titulaire (rires).

 

Que peut-on vous souhaiter ?

Sébastien _ J’espère surtout qu’ils ne vont pas prendre trente points… Non en réalité je lui souhaite de faire un bon match, comme il fait depuis le début de saison. Sommes-nous favoris ? Je ne pense pas…

Romain _ (il coupe) Il a passé les vacances à répéter que l’UBB allait faire un résultat à Toulon !

Sébastien _ Le mieux, ça serait une victoire bordelaise et pas de bobo. Ni pour l’un ni pour l’autre…

 

Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti

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