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[France - Nouvelle-Zélande ] Kaino, le retour du titan

Par Marc Duzan
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Publié le Mis à jour
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Dissuasif, agressif et intimidant, Jerome Kaino est le bad boy dont ne sauraient se passer les All Blacks. Mis au repos contre l’Irlande, le colosse devrait revenir aux affaires samedi soir, contre les Bleus...

C’est une gueule incroyable, comme taillée au burin. Une mâchoire carrée, un sourire rare et deux billes noires, ancrées au fin fond de ses orbites et généralement surplombées par une large bande d’Elastoplast, qu’il noue d’ailleurs en quinconce, à la façon d’un pirate. Au premier regard, Jerome Kaino (1,96m et 105 kg) ne prête ni à la distraction, ni à la confidence. « Il est increvable, dit de lui Steve Hansen, le sélectionneur des All Blacks. Jerome n’est jamais blessé. C’est comme si corps était fait d’acier. » Acier ou pas, Kaino n’a pas raté une seule minute de la Coupe du monde 2011. « Je n’ai bizarrement aucun souvenir de la finale de 2011 face aux Français (9-8), expliquait-il récemment. Mis à part l’essai de Tony Woodcock et l’image de Richie (McCaw) soulevant le trophée, j’ai tout oublié. » Sauf les centaines de lettres ayant inondé, ensuite, la boîte aux lettres de sa maison du North Shore, à quelques miles d’Auckland. « Ce premier titre était quelque chose d’incommensurable » pour un môme tel que lui, arrivé en Nouvelle-Zélande dans les valises de parents samoans (Velonika et Sa) à l’âge de 4 ans. « Ma mère ne voulait pas que je joue au rugby, au départ. Elle trouvait ça trop violent. Elle disait même que les Tonguiens ou les Maoris me feraient du mal et m’arracheraient la tête. » Au souvenir de son enfance, le colosse dégaine alors son tout premier sourire, évoquant le surnom (« aunty », tatie) dont l’avaient affublé ses cinq frères et sœurs, dans la banlieue Sud d’Auckland : « Ils disaient que j’étais toujours en train de faire le ménage, de ranger un truc ou de secouer des nappes. J’aimais que les choses soient propres, c’est tout ! » Après avoir convaincu la mater familias, sans l’aval de laquelle rien n’était envisageable dans le clan Kaino, Jerome a finalement débuté le rugby à 10 ans. D’abord au poste d’arrière, puis au centre, avant de laisser les gazelles vaquer à des occupations qui ne le concernaient guère.

Le porte flingues

La suite ? Elle fut plus chaotique. Il avait 23 ans lorsque Graham Henry le convoqua pour la toute première fois dans le squad des All Blacks, afin d’affronter l’Irlande à Hamilton. Avec le recul, Kaino (66 sélections) avoue ainsi avoir été consacré trop jeune par le Grand Rédempteur. « J’ai perdu le sens commun, après cette première cap. Je me suis mis à sortir tous les soirs, j’avais la grosse tête, j’étais comme en représentation. » Le flanker des Blues, un temps dans le viseur du Stade toulousain, ne faisait pas les choses à moitié. « Je sortais jusqu’à 7 heures du matin, je rentrais chez moi prendre une douche et je filais à l’entraînement. La nature m’a beaucoup gâté, vous savez. J’étais tellement en forme, à l’époque, que je faisais illusion aux yeux des coachs. J’étais au niveau des autres, en fait. […] Les jours de repos, je les passais sur mon canapé à soigner les maux de tête.C’était fun. Je pensais que tout le monde vivait ainsi. Le problème, c’est que je ne progressais pas. J’étais un joueur honnête. Pas davantage. » Pour lui, le déclic s’est finalement produit en 2008, au soir où il fut arrêté par la police du North Shore, ivre au volant de sa voiture de sport. « Ce fut un premier avertissement. Quelques mois plus tard, lorsque ma fille Milan est née, j’ai tourné la page de ma folle jeunesse. J’ai aussitôt promis à ma femme Di que je ne toucherai plus une goutte d’alcool. » Jusqu’au-boutiste, le « dark destroyer » du pack néo-zélandais a tenu parole, ne s’accordant qu’une bière par mois et s’imposant aux yeux de tous comme la face sombre, intimidante et dissuasive de la troisième ligne des All Blacks. C’est Jerome !​

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