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Camou : « Pas de double billetterie »

Par Marc Duzan
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    Camou : « Pas de double billetterie »
Publié le Mis à jour
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Au gré d’une conférence de presse organisée samedi matin dans le septième arrondissement parisien, Pierre Camou a mis les choses au clair concernant la billetterie de la FFR.

Dans un article publié vendredi, le site Mediapart faisait état d’une billeterie douteuse à la FFR. Qu’en est-il réellement ?

La FFR et sa billetterie sont très régulièrement contrôlées par les douanes et la cour des comptes. Il n’y a pas de double billetterie à la fédération. Je vous rappelle que depuis que je suis président (décembre 2008, N.D.L.R.), nous avons engagé soixante actions judiciaires contre divers agences ou revendeurs de billets, obtenu vingt-et-une condamnations judiciaires. Dans un amalgame, il est aussi indiqué au sein de cet article que j’aurais été condamné à 1500 euros d’amende par un tribunal pour ne pas m’être présenté à l’audience. Je tiens à préciser que j’ai été entendu dans un procès opposant Claude Dourthe à un journaliste de Midi Olympique. Je n’ai pas pu m’y rendre car j’étais en réunion déontologique. Madame la présidente du jury a estimé que je ne m’étais pas présenté. En appel, j’ai été blanchi. Ca, on oublie de le dire. […] Les actions concernant la transparence de la billetterie datent d’ailleurs de 2013. Je crois que c’était moi le président, à cette époque là.

 

Que dites-vous sur le fait que l’article ait été publié quinze jours avant le scrutin ?

Je prends de la hauteur sur les évènements. Moi, je cherche avant tout l’unité de ma famille, une famille qui s’appelle le rugby français. Alors, je ne soutiendrai jamais qu’il n’y a pas de revente des billets au marché noir, le jour des matchs. Il suffit d’ailleurs de se placer autour du Stade de France pour s’en rendre compte. Mais ce genre d’agissement est propre à tous les grands évènements.

 

Des gens à la fédération ont-ils néanmoins profité de la revente de billets ?

Je n’en sais rien. Personnellement, je n’aurais aucune peur à publier mon patrimoine personnel et mes biens, si on me le demandait. Vous avez, je n’ai pas un service de police derrière tout le monde. Je vous signale enfin que j’ai été responsable du marketing et de la billetterie pendant un an et demi et que j’en suis parti. Chacun cherche ses raisons… C’est monsieur Piera qui m’a remplacé.

 

Pourquoi avez-vous quitté ce poste ?

Le CNR de Marcoussis m’intéressait énormément, c’est tout ce que je répondrai…

 

Pourquoi avoir attendu autant de temps pour dénoncer les pratiques de la société Impact Sport et du duo Martinez-Godet ?

Je n’étais pas président à l’époque où ces agissements ont été dénoncés. Ni président, ni secrétaire général. Je sais seulement que cette société, après avoir été condamnée à verser plus de 40 000 euros par la FFR, vient d’être à nouveau sanctionnée par la justice.

 

Changeons de sujet. Quel est votre credo en vue de l’élection ?

Je veux unifier le rugby français et remettre le club à la place qui devrait être la sienne. Certaines personnes me parlant aujourd’hui du rugby amateur me font penser à des gens devenant père à l’âge de 45 ans ; ils découvrent le nouveau-né avec émerveillement. Ces émerveillements tardifs ne sont que ma jeunesse et ma vie permanente. En fait, ces gens-là détestent le mot amateurisme, eux qui n’ont eu que le mot de professionnalisme à la bouche. La pureté de la jeunesse, c’est bien. Quand on avance en âge, on sait aussi pourtant comment les dames patronnesses ont commencé…

 

Ne pensez-vous pas votre campagne trop polie ?

Je ne rajouterai pas du buzz à du buzz. Ces élections sont un peu l’opposition de deux mondes. On me reproche d’être trop intellectuel, pas assez mordant… Mais dois-je vraiment m’abaisser à répondre à toutes ces attaques ? Mes parents ne m’ont pas élevé comme ça. J’essaie d’aller dans les sujets de fond. Il y a des méthodes qui me surprennent, me dépassent. Je ne tomberai pas dans la vulgarité. Je ne fais pas pression sur les gens. Je n’appelle pas les uns et les autres sur leurs téléphones privés. J’ai le respect de l’autre.

 

Qu’avez-vous fait, au juste ?

En quatre ans, nous avons doublé les effectifs de filles, nous sommes à + 24 % chez les garçons et + 60 % chez les arbitres… On a créé une structure professionnelle à 7, lancé des pratiques nouvelles, comme le rugby à 5, en pleine expansion ces derniers mois. Les assurances ont été baissées cette année. Du coup, ce sont 6 millions d’euros qui ont été reversés aux clubs et aux licenciés.

 

Pourquoi ne pas avoir attaqué Bernard Laporte sur son programme ?

La première faiblesse de celui-ci est l’absence de démocratie. Ces gens-là appellent les clubs à voter pour un comité directeur qu’ils dissoudront dans la foulée et qu’ils remplaceront par exepert ceci, experts cela… Des points de faiblesses, il y en a des séries. Je lis dans son programme : « Je vous promets 200 cadres techniques ». J’aurais aimé, quand il était secrétaire d’état, qu’il ne m’enlève pas d’entrée 1 million d’euros dans la convention d’objectifs, une réduction qui avait entraîné une réduction des cadres techniques.

 

Pourquoi parlez-vous si peu ?

C’est mon plus gros défaut, je sais. Mais je suis fils de paysan. Je laboure le sillon.[...] Les nouvelles générations crient très fort ce qu’elles ne font pas. Ce n’est pas mon tempérament. Nous avons fait bougé le paquebot de la fédé. Mais je n’éprouve pas le besoin de faire une conférence de presse ou une émission de radio le soir à chaque fois que je réforme quelque chose. Je sais que nous sommes dans un pays bonapartiste, que le pouvoir est centralisé, mais le président n’est pas omniscient ; d’autres personnes autour de moi sont autorisées à prendre la parole et monter au front. Si vous m’y autorisez, je citerais Kipling à ce sujet : « Si tu peux supporter d’entendre des paroles travesties par des gueux pour exciter des sots et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles sans mentir toi-même d’un mot, tu seras un homme mon fils ». Et je veux l’être.

 

N’avez-vous pas toutefois perdu le lien avec le « rugby d’en-bas », à cause de ce silence ?

Qui connaît mieux que moi le rugby des villages ? Qui connaît Martres-des Veyres (petit village du Puy de Dôme, N.D.L.R.), si ce n’est moi ? Je suis tous les dimanche sur des terrains de série régionale. J’en vois qui enfilent des survêtements pour l’entraînement de l’école de rugby. Ils font la photo, très bien, ça passe dans la presse, très bien. Qu’ils gardent ces archives parce qu’ils ne le (Bernard Laporte, N.DL.R.) reverront plus. Moi je ne fais pas de photos. Mais j’y suis.

 

Le Grand Stade, est-ce bien raisonnable ?

La simplicité, pour moi, aurait été de m’assoir et d’attendre, deux mandats durant. Ce n’est pas dans mon tempérament. Un homme d’état doit penser aux générations futures. Avec quels moyens financiers va-t-on construire l’avenir ? Qui, demain, dirigera l’équipe de France sans fédération forte ? Quand la RFU peut mettre sur la table tout cet argent et négocier avec ses clubs, que peut-on faire, nous ? Le Grand Stade n’est pas l’objet de la campagne. Les clubs -et non le comité directeur- décideront après l’élection, au cours d’une assemblée générale, s’ils veulent de ce projet ou pas. Je vous rappelle enfin que l’ancien secrétaire général (Alain Doucet, aujourd’hui candidat, N.D.L.R.) avait fait le tour de France -je peux vous montrer les articles- en disant que sans stade, nous étions des SDF.

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