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[TECHNIQUE] Nouvelle-zélande la machine à contrer

Par Nicolas Zanardi
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    [TECHNIQUE] Nouvelle-zélande la machine à contrer
Publié le Mis à jour
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Pas forcément dans un bon jour, les Blacks s’en sont remis à leur défense et leur historique propension à utiliser le moindre ballon de contre-attaque pour s’offrir l’Australie et leur record. Décryptage.

« On ne mesure pas la qualité d’une équipe à l’emporter quand tout va bien, mais à son niveau de performance dans un mauvais jour. » La confidence nous avait été effectuée, en pleine Coupe du monde 2011, par le légendaire Ted, « aka » Graham Henry, alors sélectionneur des All Blacks. Cinq ans plus tard, l’assertion s’avère plus vraie que jamais et sied comme un gant à ces Néo-Zélandais, définitivement maîtres du monde. Pourquoi ? Parce que, bien que gênés aux entournures par les Wallabies ainsi que par la pression liée au résultat (comprendre par là ce record de victoires consécutives, auquel les Kiwis tenaient énormément), les All Blacks ont su au final demeurer fidèles à leurs standards, avec une victoire garnie de six essais, dont un doublé de Julian Savea. Car si ses individualités peuvent douter et évoluer parfois en-deçà de leur habituel niveau (à l’image de l’ouvreur Beauden Barrett, prématurément sorti à la 45e minute, ou d’inhabituelles imprécisions dans les transmissions), l’équipe néo-zélandaise ne doute jamais.

À ce titre, et bien que l’on répugne d’ordinaire à faire appel aux statistiques, les chiffrent s’avèrent éloquents. Pour éviter de s’exposer aux vagues d’attaques néo-zélandaises, les Australiens avaient misé sur la possession de balle. Auteurs de douze séquences longues (à plus de sept temps de jeu) contre zéro aux Blacks, les Wallabies ont tenu le ballon 65 % du temps, occupé 68 % du temps le camp adverse, joué au pied 14 fois contre 26, et couru balle en main 138 fois contre 90. Tout ça pour un bilan, en termes de mètres parcourus, paradoxalement favorable aux Blacks, avec 523 mètres contre 503. Et surtout 6 essais inscrits à 1…

Pression défensive à la limite du hors-jeu

Les raisons ? Elles résident, évidemment, dans la capacité des Blacks à se reposer sur leurs points forts historiques, à savoir leur défense et leur capacité à marquer sur les ballons de récupération, qui les conduit à flirter en permanence avec les limites du hors-jeu. Un parti pris risqué, mais assumé, les Tout-Noirs ayant pleinement conscience que leur aura leur offre certaines libertés. « Notre truc, c’est de faire cogiter l’adversaire, expliquait le sélectionneur Steve Hansen. N’importe quelle équipe est dangereuse lorsqu’elle joue de manière instinctive. Notre but, c’est de la forcer à réfléchir pour qu’elle perde en spontanéité, et commette des erreurs. » Entendez par là qu’elle perde les ballons susceptibles de se transformer en contre-attaques…

Or, c’est exactement ce qui s’est passé sur la pelouse de l’Eden Park. En effet, hormis l’essai de Lienert-Brown sur un lancement de jeu (essentiellement dû à une énorme erreur défensive de Speight), cinq des six réalisations des Blacks relèvent de contres. L’un du demi de mêlée TJ Perenara, sur un jeu au pied inqualifiable du centre Hodge. Mais surtout, par ailleurs, de deux contre-attaques sur jeu au pied (le premier essai de Dagg et le dernier de Coles) et de deux ballons de récupération sur la ligne de front, préliminaires du doublé de Savea.

La morale ? C’est que si les Néo-Zélandais ont perdu pendant la Coupe du monde des joueurs qui leur permettaient de contrôler le jeu sur leurs propres initiatives (à commencer par le milieu de terrain Carter-Nonu-Smith), les All Blacks ont encore renforcé leur défense (mention spéciale au centre Crotty ou à Matt Todd, digne successeur de McCaw) et leur propension à contrer, dans le sillage d’individualités comme Barrett ou Coles, et surtout leur extraordinaire fond de terrain Dagg-Smith-Savea. Une véritable machine à contrer servie par une technique individuelle incroyable… Rien de nouveau sous le soleil noir, vous dites ? Probablement. n’empêche qu’il est des gestes dont ne parviendra jamais à se lasser, à l’image des trois offloads consécutifs réussis pour amener l’essai de Dagg, du coup de pied de recentrage de Ben Smith sur le premier de Savea, ou du festival de Coles à la récupération de sa propre réalisation. « Ils peuvent parfois paraître arrogants lorsqu’ils tentent de tels gestes, nous susurrait en début de Four-Nations le numéro 8 du Racing Chris Masoe. Mais s’ils étaient seulement arrogants, ils l’auraient payé depuis longtemps… Ils ont juste confiance en leur jeu et savent à quoi se raccrocher, même lorsque certaines individualités passent à côté. » Preuve en a été faite samedi. et c’est là toute la magie noire.

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