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Blanchard : « Les Gluco corticoïdes devraient être interdits »

Par midi olympique
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    Blanchard : « Les Gluco corticoïdes devraient être interdits »
Publié le Mis à jour
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Le medecin du Racing 92, auteur de la médicamentation de Carter, Rokocoko et Imhoff, s’est exprimé pour la première fois mardi en conférence de presse. Sur la désinformation des médias, sur le secret médiacal baffoué et sur l'usage de cette thérapeutique.

Vous ne vous étiez ps encore exprimé sur cette affaire au coeur de laquelle vous vous trouvez. Pourquoi ? 

J’ai mis un point d’honneur a réserver mes déclaration à mes confrères et aux experts de la commission fédérale de la fédération française de rugby. Je suis médecin et je devais répondre de mes actes en première intentions auprès de mes pairs.  Qu’il y ait un travail journalistique derrière, c’est bien sur votre droit, et même votre devoir d’informer les gens. Je n’ai aucun problème avec ça. 

 

Avez vous craint d’avoir fait une erreur ? 

Honnêtement, quand le président nous a convoqués en urgence avec les coachs et les joueurs ce fameux jeudi 1er septembre, je ne savait pas trop de quoi il s’agissait. Mais dés que j’ai su qu’on avait entendu parler par l’intermédiaire de « Canal + », de fuite concernant la présence chez trois de nos joueurs de trace de cortisone dans leur urines suite au contrôle diligenté par la FLD le soir de la finale, j’ai été rassuré. J’ai dit immédiatement qu’il n’y avait pas de soucis. Et qui plus est, quand j’ai su le nom des trois joueurs. Il y avait bien eu des traitements réalisés dans les semaines qui ont précédé la finale. Ce sont des traitements autorisés, réalisés par voix autorisées, et que l’on a bien signalé sur les procès verbaux le jour du contrôle. Je savais que devant une commission, qui se réunirait pour voir s’il y a bien une cohérence entre ce qui avait été déclaré et ce qui avait été trouvé, il n’y aurait aucun problème. J’insiste sur un point au sujet de notre sérénité devant cette affaire : on n’a pas demandé l’échantillon B, car les traitements réalisés correspondaient exactement aux substance retrouvées. Pourquoi contester un fait qui était attendu, et qui est très fréquent eu égard au traitement réalisé. Pour nous, il n’y avait pas lieu de demander une quelconque forme de contre expertise. Tout était logique. D’ailleurs, cette contre expertise n’a pas été demandée par la FLD, qui en avait la possibilité, s’il y avait eu une quelconque incohérence dans tout ça.

 

Comment avez-vous perçu cette affaire de votre côté ? 

Nous avons pu bénéficié d’un certain traitement médiatique…  J’ai été profondément meurtri par la désinformation et les amalgames qui ont pu être faits. Ceci alors que les information relatives à la réglementation anti dopage sont du domaine public et accessible en 2 clics sur le site de la FLD. Certains d’entre vous se sont renseignés sur cette procédure et n’ont pas fait de diffusion erronée sur cette information. Je tiens à les remercier. Mais ce qui m’a surpris, c’est qu’on soit informé d’abord par voie de presse. Ça m’a laissé perplexe, et je reste interrogatif quant au déroulement des choses et à l’origine des fuites, qui ne peuvent venir que d’une structure ou d’une institution qui est pourtant dépositaire de la lutte antidopage, et de la probité et de l’éthique dans notre sport. Au delà du secret de l’instruction qui n’a pas été respecté, c’est le secret médical qui a été bafoué. Et ça, je pense que le conseil de l’ordre des médecins va se saisir de ce type de problématique. On ne peut pas laisser dire tout et n’importe quoi sur des résultats d’analyse de n’importe quel individu, a fortiori quand ce sont des sportifs professionnels.

 

Pouvez-vous commenter le détail de votre intervention de médecin sur les trois joueurs chez lesquels des traces de corticoïdes ont été retrouvées ? 

Un chiffre d’abord : le dernier joueur qui a été suspendu pour un usage de corticoïde avec un usage retenu comme pratique interdite, avait des taux urinaire de l’ordre de plusieurs milliers de nano-grammes par millilitre. Il n’y pas a un seul de nos joueurs pour lequel ce taux excède 100 nano-nagrammes. On a 81, 49, et 31. On a instruit une affaire de 31 nano-grammes en sachant que le seuil de notification est de 30. Et un nano-gramme par millilitre, c’est très loin du seuil de précision de ces analyses. On a un rapport d’expertise qui le spécifie, et qui dit qu’en la matière, ce 31 aurait pu être un 27 ou un 29. Concernant ce qui a été fait avec les joueurs, Daniel Carter a eu 2 injections de dérivés cortisoïnés. Joe Rokocoko en a eu une seule. Pour Imhoff, c’est zéro. Lui a eu une fois des gouttes pour le nez parce qu’il avait une sinusite carabinée. Un peu plus d’un mois avant la finale, il a eu cette sinusite qui n’a pas pu être soignée avec les traitements sans dérivés cortisoïnés. On est dans une pratique claire. 

 

Est-ce que le traitement de Daniel Crater a été exceptionnel en raison de la finale ? Lui auriez vous fait le même traitement pour un match ordinaire ? 

Son injection a été pratiquée le lendemain de la demi-finale car il avait des signes inflammatoires assez important à son genou. Il avait une gène. J’avais devant moi suffisamment de temps pour lui faire un traitement dont je connais l’efficacité, et qui est prouvé par la littérature scientifique, avec la possibilité de lui donner 2 jours de repos avant qu’il ne reprenne le terrain. Que ce soit avant la finale, ou le reste de la saison, c’était un geste thérapeutique. D’ailleurs, au moment de la confrontation avec les gens de la commission fédérale, il n’y a pas eu de discussion sur les alternatives thérapeutique à ce geste. C’était un traitement indiqué. Le fait qu’il y ait la finale derrière ne m’a pas fait me poser davantage de question sur le fait qu’il faille le faire ou pas. Il fallait le faire à ce moment là. Je fais le même type de traitement le reste de l’année. 

 

Et pour Joe Rokocoko ? 

Pour Joe, c’est une situation similaire. Il a eu une inflammation importante de sa cheville suite au match de barrage disputé contre Toulouse.  J’avais la possibilité d’infiltrer et de laisser le joueur au repos avant la reprise de entraînement. Il n’y a pas eu de forme d’urgence, la veille ou l’avant veille du match. On peu le faire dans l’urgence, mais je n’en ai pas l’habitude. L’efficacité n’est pas aussi avérée que lorsqu’on prend le temps de pratiquer correctement, et puis c’est assez agressif comme traitement. 

 

Dans vos précédentes fonctions, et notamment dans celle que vous occupiez dans le football, avez vous déjà été confronté à ce genre de situation ?

Oui. Il m’est arrivé à plusieurs reprises depuis 10 ans que je travaille dans le milieu du sport professionnel, d’avoir à justifier ce que la formule consacrée nomme une justification de résultats anormaux d’analyses. Dans la majorité de cas, ça se règle simplement par voie de courrier, que ce soir au niveau de l’AMA ou de la fédération internationale de football, puisque je travaillais effectivement dans le milieu du ballon rond auparavant. Ce sont des cas simples. Cette fois-ci, et c’est très bien expliqué dans les courriers envoyés à nos joueurs, compte tenu du traitement médiatique, de son ampleur, et du fait qu’il y ait trois joueurs qui aient eu des résultats anormaux, la fédération a été jusqu’au boutiste dans la procédure. Elle ne s’est pas contenté d’un simple échange de document écrits, mais elle est allé jusqu’à la convocation devant un collège d’experts, pour laisser les joueurs s’exprimer. Elle a eu raison. Il pouvait y avoir une sorte de fantasme sur notre organisation autour du cas de 3 joueurs, et je n’ai pas besoin de vous rappeler  le déroulement extraordinaire de notre finale. Il y avait un caractère exceptionnel, et la fédération, pour couper court à toute accusation de légèreté dans le traitement de ce dossier, a bien fait de nous convoquer. On s’est expliqué. Ça s’est passé de façon cordiale et professionnelle. Et la probité des joueurs, et la mienne, a été reconnue. 

 

Le Racing sort complètement blanchi de cette affaire. Mais vous, en tant que médecin, pensez-vous que les produits que vous avez utilisés devraient être sur la liste interdite des produits dopants ? 

On peut se poser la question. A titre personnel, je suis complètement favorable à ce qu’on laisse les gluco corticoïdes sur la liste des produits interdits (ndlr, Jacky Lorenzetti intervient à ce moment là : « ça c’est pas la question d’aujourd’hui. C’est un autre sujet. Le jour où on parlera de la médication du sport, on en parlera. Notre sujet d’aujourd’hui, c’est que tu es innocent, le Racing aussi, et les joueurs également. Pas d’amalgame entre cette question et notre sujet du jour. Suffisamment d’amalgames ont déjà été faits »). 

 

Propos recueillis par Guillaume CYPRIEN

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