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Retière : « Ne plus perdre de joueurs en route »

Par Vincent Bissonnet
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    Retière : « Ne plus perdre de joueurs en route »
Publié le Mis à jour
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Le DTN, Didier Retière, revient sur la génèse du dispositif de la liste « Développement » du XV de France, nous en explique le fonctionnement et livre ses espoirs.

Comment vous est venue l’idée de ce groupe développement ?

Il y a une statistique intéressante : dans le Top 14, seuls 5 % des joueurs ont moins de 23 ans. Ce chiffre montre l’effet pervers de notre championnat où les places sont de plus en plus chères. L’ensemble des acteurs du rugby français a établi ce constat : le passage de bon espoir à titulaire au niveau professionnel est dur à franchir. Les jeunes ayant atteint la vingtaine se retrouvent généralement entre deux structures : ils ne sont plus vraiment avec les espoirs et pas encore avec l’équipe première. Il faut mieux les accompagner.

Le groupe est très hétérogène et les profils différents. Quelle est la ligne directrice ?

Nous avons voulu matérialiser un groupe de jeunes qui ont un vrai potentiel pour intégrer le XV de France. Ça ne concerne pas 50 000 gars, juste ceux sur lequel il faut s’arrêter. Mais il y a des niveaux différents. Certains jouent déjà régulièrement avec leur club, d’autres le feront prochainement, certains sont en Top 14 et d’autres en Pro D2. C’est pourquoi ce sera vraiment du cas par cas.

Comment cela va-t-il se concrétiser au quotidien ?

La question est de mettre en place un suivi du joueur : réfléchir à ce qu’il doit travailler, comment il doit le faire, évaluer sa progression… Les jeunes demandent une prise en compte et une attention différentes. Je prends l’exemple de Florian Fresia quand il a commencé à percer à Toulon. À cette époque, il y avait Carl Hayman. L’équipe pro n’effectuait pas plus de vingt minutes de mêlée par semaine alors que Flo aurait eu besoin de minimum 1 h 30 de séance pour bien progresser. Un travail de collaboration doit être mis en place avec les clubs. C’est la clé de tout.

Quelle a été la réaction des entraîneurs à l’annonce de cette nouveauté ?

Nous n’avons eu que des retours positifs. C’est l’occasion de mettre en valeur des clubs qui jouent le jeu de la formation. Regardez Grenoble qui a trois joueurs dans la liste… Ça valorise le travail des éducateurs et leur politique. Cette communication n’est pas neutre. La nouvelle convention vient confirmer une dynamique que nous avions commencé à sentir. Le rapport est basé sur l’échange et non plus sur l’opposition.

Sur le papier, cela semble cohérent. Mais ne craignez-vous pas que les intérêts finissent par diverger entre des clubs privilégiant le court terme et vous qui pensez à l’avenir ?

Tout le monde a intérêt à ce que nos jeunes soient meilleurs, non ? C’est pourquoi nous avons tous à gagner à mettre nos forces en commun. Jusque-là, il y avait une embûche : on ne se donnait pas le temps. Les clubs sont pris dans la dynamique des résultats et dans la gestion de l’effectif. Il est dur de prendre du recul dans ce contexte. L’idée est que tout le monde s’assoit autour de la table pour réfléchir à la formation de ces jeunes. Nous aurons une équipe, composée des entraîneurs du pôle France et des moins de 20 ans, qui suivra l’évolution du joueur et le club aura, au quotidien, son rôle dans la préparation du joueur. L’idée est de croiser nos regards.

La Fédération pourra-t-elle être amenée à intervenir dans les choix de club des joueurs, à court ou moyen terme ?

Il n’est pas question de s’immiscer dans les carrières mais de proposer des pistes. Souvent, les joueurs sont victimes d’une forte concurrence, ils peuvent être en froid avec leur entraîneur, n’écouter que leur agent… Et quand leur club propose de les prêter en Pro D2, ceux-ci refusent alors que ça pourrait leur être positif.

Ce dispositif peut-il suffire à pallier les carences de la formation française ?

Je suis persuadé qu’il peut lui être très bénéfique. Nous avons perdu trop de joueurs en route. C’est autant de sources de regrets. Il faut minimiser les trous d’air pour que ça change. Passer du cadre d’une gestion du joueur et non plus des équipes peut nous permettre d’y arriver. La démarche est fondamentalement différente.

Quel modèle étranger a nourri votre réflexion ?

Il y a une inspiration de ce qui est pratiqué en Angleterre mais c’est revu à la sauce française avec le plan individuel de développement qui va progressivement recouvrir toutes les catégories jeunes.

Il va tout de même falloir s’armer de patience pour mesurer les effets à moyen terme de ce groupe développement…

Oui, c’est du travail sur le moyen et long terme. Cette saison, nous allons être sur de la montée en puissance et le système va véritablement être en place dans un an. Par ailleurs, nous sommes en négociations avec plusieurs autres nations pour organiser trois matchs de sélection moins de 23 ans sur la fenêtre internationale de juin.

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