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Mené : « Les valeurs du rugby sont enterrées »

Par Vincent Bissonnet
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Publié le Mis à jour
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L’ancien arbitre pousse un coup de gueule contre le traitement subi par les officiels.

Quelle a été la principale problématique abordée lors du congrès des arbitres, organisé à Agen, en fin de semaine dernière ?

Lors du bilan, j’ai tout particulièrement fait part de mon inquiétude quant aux dérives du professionnalisme. Deux arbitres internationaux (Romain Poite et Alexandre Ruiz par Sylvère Tian et Rory Grice, N.D.L.R.) ont été menacés et insultés, la saison passée. Si les joueurs dérapent, c’est parce que le contexte les incite à ce genre de débordements. Les présidents, même ceux qui viennent d’arriver, et les entraîneurs parlent d’arbitrage à longueur de saison, y compris quand ils gagnent. Dès lors, les vannes sont ouvertes. C’est très préoccupant.

Ne peut-on pas considérer ces excès comme des actes isolés ?

Je vous le prédis : le rugby va droit vers les excès du foot. Peut-être pas demain mais après-demain, ça va arriver. Les valeurs de notre sport sont enterrées depuis longtemps. Les arbitres peuvent en témoigner. Il faut arrêter d’être aveugle. J’ai entendu beaucoup de personnes s’offusquer des affaires Trinh-Duc et Clerc, c’était moins le cas pour les arbitres. Ces derniers sont pourtant censés être les garants de l’éthique. Il est hors de question d’accepter cette fuite en avant. Sinon, vous verrez où le rugby en sera dans dix ans.

Quels leviers peuvent être activés pour limiter ces débordements ?

Il faudrait s’attaquer aux racines du mal : c’est-à-dire aux comportements des présidents et entraîneurs. Une charte éthique a été signée par la LNR et la FFR. La commission éthique n’est pas encore mise en place mais de toute manière, j’ai des doutes quant à ces modes d’action : j’ai l’impression que les gens n’ont pas peur des sanctions. Des joueurs et entraîneurs sont lourdement punis mais récidivent. Comme si ça les faisait rigoler. Je me sens démuni du coup…

Quelle est l’attitude des clubs à votre encontre ?

Ce qui m’inquiète le plus, c’est le discours que j’entends : « J’ai dérapé parce que les autres l’ont fait. Et depuis leur coup de gueule, les arbitres sont plus cléments avec eux. » Je ne sais pas d’où vient cette légende urbaine. Même des clubs qui étaient réputés pour être au-dessus de toutes polémiques sont concernés. Cette stratégie n’est pas gagnante, je peux vous le garantir. Car si un arbitre agit par faiblesse, il sera sanctionné. En tout cas, il est dramatique que l’arbitrage soit le principal enseignement de nombreuses défaites. J’entends aussi dire que les arbitres seraient meilleurs s’ils étaient mieux payés. Les présidents pensent que tout s’achète. Je suis totalement opposé à cette course à l’argent. Il faut préserver notre indépendance économique et intellectuelle. Tout comme il me paraît indispensable de rester en contact avec la vie réelle. L’idéal, hormis pour les arbitres internationaux, c’est le semi-professionnalisme.

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