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Le dernier cap

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Julien Rey - trois-quarts centre de Bordeaux-Bègles Sélectionné avec le XV de France. C’est l’apogée d’une longue montée en puissance et d’un changement de gabarit qui lui a permis de passer un palier. Dix kilos de plus qui font toute la différence.

Son apparence juvénile est trompeuse, Julien Rey fêtera ses trente ans en septembre et il n’a plus le temps d’attendre la récompense que son talent mérite. Ça tombe bien son nom circule avant la tournée du XV de France en Argentine. Une éventuelle consécration sonnerait comme la mise en valeur un peu tardive d’un potentiel longtemps sous-estimé. Nous l’avions découvert en 2011 à Agen,, lors de la finale d’accession de l’UBB face à Albi, déjà pour son profil de pur-sang longiligne. Son mélange parfait de justesse technique et de présence physique avait permis à l’UBB de forcer les portes de l’élite. À ceux qui s’enthousiasmait après une telle prestation les éternels grincheux persiflaient que le Top 14 , ce serait autre chose, qu’on en reparlerait dans un an. Cinq ans après on a tout vu : 90 titularisations au plus haut niveau, plus quatre en Coupe d’Europe et récemment un match énorme à Chaban-Delmas contre Brive. Et quand on se demande pourquoi la reconnaissance n’est pas arrivée plus tôt, l’intéressé répond : « Physiquement, j’ai enfin fait une saison complète, ça faisait un petit moment que ça ne m’était pas arrivé. Les trois dernières années, j’ai souffert de la même blessure, une pubalgie, pathologie difficile à soigner. Regardez ce qu’a vécu Giteau… » Sans ça, il aurait forcément déjà attiré l’œil des sélectionneurs. Son coéquipier Jean-Baptiste Dubié avec qui il aura été souvent associé en fin de saison, synthétise ainsi son profil : « C’est un vrai premier centre et il n’y en a pas beaucoup sur le circuit. Il peut mettre des grosses percussions, des bons plaquages et peut user aussi d’un bon jeu au pied. » Comme ça arrive souvent à Bordeaux-Bègles, Julien Rey est d’abord une trouvaille du président Marti qui est allé le dénicher en 2010 à Colomiers : « Je me souviens qu’à l’époque, j’avais dû vaincre les réticences de Marc Delpoux et de Vincent Etcheto qui y croyaient moins que moi. Ils le trouvaient un peu nonchalant. Mais Julien, c’est un métronome, qui déçoit rarement, mais c’est vrai sa carrière aurait pu être plus belle s’il avait été moins blessé. » C’est sûr, Julien Rey n’est pas un compétiteur sanguin, sa première approche révèle un calme olympien et un certain goût pour la discrétion. « Je ne vais pas forcément prendre la parole à la mi-temps ou avant les matchs, mais j’essaie quand même de communiquer sur le terrain... ».

Issu du même club qu’Albert Cigagna

Ces dernières semaines, à mesure que son cas était discuté en haut lieu, la comparaison avec Yannick Jauzion s’est imposée dans les conversations. Même gabarit longiligne, même douceur de caractère, rétif à toute esbroufe. Peut-être que sa timidité apparente lui a fait manquer quelques occasions, à 12 ou 13 ans déjà, il refusa d’aller au Stade Toulousain qui l’avait repéré via Robert Labatut : « Je ne me sentais pas assez mûr pour quitter mon cocon familial. » Il vivait alors dans un petit village de Haute-Garonne, Belbèze en Comminges et jouait au rugby à Mazères-sur-le Salat, club qui remontera en Honneur l’année prochaine et qui a aussi formé un certain Albert Cigagna. « Il m’a entraîné et je l’ai retrouvé en France Universitaires. » Puis, un peu plus tard, il se sentit assez fort mentalement pour affronter une journée de détection organisée par Colomiers. Sa carrière s’est lancée ainsi, des sélections en équipe de France de jeunes aux côtés des Médard, Trinh-Duc, Mermoz et Guirado ; des débuts en Pro D2 en 2005 à 19 ans à l’aile, une descente en Fédérale 1 en 2007, un retour en Pro D2 et un premier contact avec Laurent Marti : « Son discours m’a plus sur la grande ville à qui il manquait un grand club «

Des longs segments pour passer les bras

La réussite de Julien Rey c’est aussi l ‘histoire d’une métamorphose, voulue par nécessité. Lui qui ne goûte pas a priori le travail en salle, a pris conscience qu’il devait changer pour s’imposer dans l’élite : « Après deux blessures coup sur coup, j’ai compris qu’il fallait que je fasse évoluer mon jeu. Il fallait que je gagne dix kilos, avec un peu de tout aussi bien du gras que du muscle pour peser d’avantage sur les défenses adverses. » Quand on pense à lui, nous remonte forcément l’image du gars qui part à l’abordage de la défense adverse avant de déployer ses longs segments pour « passer les bras », sésame du jeu offensif moderne. « Je suis capable de le faire, mais je peux aussi jouer devant la défense et soulager mon ouvreur avec le pied. Il peut m’arriver de percuter, mais sincèrement, je préfère faire vivre le ballon, c’est ancré en moi. Après, je ne suis pas le plus lent, mais pas le plus rapide non plus. Mais j’essaie de compenser par le placement. » Son coéquipier Clément Maynadier va plus loin que la comparaison classique : « On le compare à Jauzion, moi je dirais que c’est un mélange de Jauzion et de Fritz pour son impact physique. Et je peux vous dire que s’il apparaît comme ça réservé quand on ne le connaît pas, il est le premier à rigoler dans la vie de groupe. Il est même vraiment jovial. » Julien Rey n’est pas à un paradoxe près. Pour préparer sa reconversion, il s’est investi justement dans ce travail de préparation qui n’était pas a priori sa spécialité. « Avec l’aide de provale, mais aussi du club de Mont-de-Marsan, je fais une formation pour devenir coach sportif et donner des leçons dans des salles de sport. »

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