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Un grand pas en arrière

Par midi olympique
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    Un grand pas en arrière
Publié le Mis à jour
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Après seize ans en mode professionnel, le Tarbes Pyrénées Rugby est rétrogradé. Ce n’était pas toujours le paradis, mais voici à présent le purgatoire. Pour combien de temps ? C’est la question que l’on se pose dans un coin de France où le rugby ne va pas bien, comme l’économie.

N’était l’absence de tout bouclier, on aurait pu s’y laisser prendre. Ce vendredi soir, le vestiaire tarbais a véritablement des airs de champions. Banda à fond, sourires larges comme la Foch, des cris, des flashes, des refrains, des poses sans cesse réclamées… Les Tarbais n’ont pourtant rien gagné. Juste un match. Un de plus et pas le plus beau. Mais il marque la fin d’une histoire réussie que les joueurs s’étaient promis d’écrire jusqu’au bout et, pour eux, ça vaut un titre. Émotionnellement, ce n’est pas moins fort. A-t-on souvent vu une relégation fêtée avec tant de vérité ? Il y a dans cette surprenante attitude une explication toute simple, l’équipe a lavé une injustice, ou tenue pour telle, celle d’une décision fédérale qui vient de la descendre bien qu’elle ait gagné son maintien sur le pré, à la régulière. C’est ce profond sentiment qui a nourri depuis des mois la révolte du Tarbes Pyrénées Rugby. Certains l’avaient prédite passagère quand il est allé gagner à Narbonne, au cœur de l’automne, sitôt le coup porté. Elle a duré jusqu’à ce jour, conduisant l’équipe à mériter son maintien sportif. Assuré au bout d’une soirée piégeuse que les Dacquois avaient visiblement préparée dans cet esprit. Où l’on a vu que ce groupe, pourtant destiné à voler en éclats dans les semaines qui viennent, a su garder sa lucidité dans une si forte complicité.

Des types bien vont partir, auxquels Philippe Dintrans, grande figure du Stado, avait été convié à remettre le maillot, leur dernier ici, à Trélut, pour une bonne partie d’entre eux. L’ancien talonneur international a été fraîchement élu au Conseil d’administration du club, avec son complice de joug Jean-Pierre Garuet, mais il n’est pas dupe : « En nous appelant, Garuche, et moi, on a fait un peu de cinéma. Moi, je n’ai pas les moyens, ni le temps. Président, il faut donner. Qui a envie ? Le rugby français va vers d’autres horizons. Nous, on pouvait en parler avec Jean Prat et d’autres grands anciens. Aujourd’hui, il faut parler anglais, sud-africain, il y aura tellement d’étrangers qu’il n’y aura plus d’équipe de France. J’ai bien peur que les jeunes aillent à autre chose qu’au rugby. » L’emblème fort du Stado continuera à être partenaire et proche de cœur du rugby tarbais, point.

Environ deux millions de budget

L’homme fort du TPR restera Antoine Nunès, il en a envie, lui, d’assumer cette délicate continuité, même s’il prend soin de rappeler qu’il n’y est que « de passage » : « Je suis venu en tant que pompier et j’ai connu beaucoup de satisfactions. Cette saison surtout. J’ai vu de vrais rugbymen, un groupe homogène. » Le président a, pour lui, l’appui renouvelé des institutions. La Ville, le Grand Tarbes, le Conseil départemental l’ont assuré de leur concours à la même hauteur. Il a défini les priorités. Le choix de l’entraîneur d’abord : « Mardi, on saura si Nicolas Nadau reste avec nous, sinon l’annonce de son successeur sera faite dès le lendemain. Nicolas mérite de rester, mais il faut que nous trouvions les moyens de satisfaire son attente. » Le recrutement des joueurs ensuite : « Je ne veux pas qu’un entraîneur puisse me dire un jour qu’il n’a pas choisi son effectif. » Dans la mesure du budget établi, cela va de soi. « Il sera divisé par deux, autour de deux millions d’euros.» Des départs et des destinations sont déjà connus. D’autres peuvent à tout moment s’ajouter : « Nous libèrerons les joueurs sous contrat, demandeurs. » Le chantier n’est pas mince et, pour le conduire, le boss va s’attacher les services d’un nouveau bras droit : « Un directeur général au profil de commercial pour aller chercher partenaires régionaux et nationaux. » L’argent toujours. « Nous allons présenter aux instances fédérales un dossier pour postuler à la remontée en Pro D2 dès la saison prochaine, mais avec deux millions d’euros il ne faut pas trop rêver. Il y a en Fédérale 1 des clubs qui en affichent quatre fois plus. » On objectera que ce ne sont pas toujours les plus riches qui montent, l’exemple, le dernier en date, est là avec Nevers, mais bon le discours a le mérite de la clarté. Comme celui affiché par la mascotte pour la réception des Dacquois. Sur l’Ours légendaire, on pouvait lire : « Je suis né dans les Pyrénées, je me relèverai. » Avec, comme en écho, cette ligne tracée par le président : « Il faut que l’on se projette sur les dix années à venir, en menant une politique des petits pas. »

Les projets au stade attendront, les plans restent dans les dossiers : les bureaux du personnel, contigus à la salle de musculation ; le prolongement en dur de la bodega ; le rapprochement des tribunes du terrain d’honneur… tout cela restera en stand-by. On avait même étudié la mise en forme d’un écrin plus intime en équipant le terrain de foot d’une tribune adossée au parking. Dans dix ans ? L’urgence est ailleurs, elle est de reconstituer un effectif à la mesure d’une condition sportive et sociale radicalement différente. Un exercice auquel on n’est pas rompu à Tarbes. On y a connu des avenirs assombris, mais on y a le plus souvent échappé au pire. Le barrage perdu devant Nice à Perpignan ? Le report de la nouvelle formule projetée allait sauver le Stado de la descente. Le train du rugby pro qui lui échappe comme il végète en Fédérale ? C’est Lannemezan qui apporte galons et pognon pour un drôle d’embarquement accompagné par la Fédé. On peut accorder aux Tarbais ce mérite d’y avoir tenu leur partition pendant seize ans et regretter que cela se finisse ainsi.

Pour en revenir à ce vendredi extraordinaire, cette histoire vraie qui aurait pu échapper à l’œil nu : alors que Dax pouvait encore dépasser Tarbes, un jeune homme s’est avancé pour tenter un tir improbable des 45 mètres, sous la pluie. « Je la prends ? » « Accordé », a dit le capitaine Nicolas Vergallo, alors que le banc aurait préféré l’occupation du camp landais. Geoffrey Cros, celui qui avait marqué un essai à Béziers avec son premier ballon dans la compétition, a réussi ce tir improbable et permis à son équipe de contenir plus sereinement les derniers abordages de Landais jamais résignés. Sa botte, ses courses, son art de prendre le ballon au cœur de l’attaque, n’ont pas échappé à la concurrence, Geoffrey jouera pour Bordeaux-Bègles la saison prochaine, tout en y menant ses études en Staps. La vie promet d’être difficile pour le TPR dans sa quête de retour vers l’élite. Antoine Nunès fait bien de tempérer les attentes de ses supporters.

Transferts

Ceux qui restent… pour l’heure

Pilier : Koberidze. Talonneur : Casals, Béziat. Deuxième ligne : Nemsadze, Veyret, Lockley, Antonescu. Troisième ligne : Collet, Armary, Toaimalo. Demi de mêlée : Vergallo. Demi d’ouverture : Poet, Berbizier. Centres : Tranier, Lastisnères, Cabanne, Lamotte. Ailiers : Vunisa, Rubio, Demaï-Hamecher. Arrière : Poitrenaud, Domec. L’ouvreur Sebastian Poet a, d’ores et déjà, plusieurs touches et devrait être partant.

Ils s’en vont

Schuster (Bayonne) ; Stroe (Castres) ; Costa-Repetto, Timani (Colomiers) ; Negrotto, Garrault (Mont-de-Marsan) ; Giudicelli, Manu (Biarritz) ; Boukerou, Quéheille (Albi) ; Mirtskhulava (Agen ?) ; Roussarie (Vannes ou Massy) ; Cocagi (Perpignan) ; Veau (Oyonnax) ; Cros (Bordeaux-Bègles).

Georges Duthu

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