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Stauber : «Il aurait fallu mettre 1.5 millions d’euros»

Par midi olympique
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    Stauber : «Il aurait fallu mettre 1.5 millions d’euros»
Publié le Mis à jour
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Jonathan Stauber, l’ancien repreneur de Lille, revient sur la catastrophe des depôts de bilan de a SASP et de l’association. La dette de 1,5 million d’euros a mis fin au rugby lillois.

Vous n‘êtes pas parvenu à sauver Lille. Trois mois après votre arrivée, la SAPS déposait son bilan, et puis ce fut le tour de l’association. Quel est votre constat ?

Lille a raté la marche du professionnalisme car ceux qui ont eu la responsabilité de ce club n’ont pas fait les choses convenablement. D’un point de vue structurel, d’un point de vue commercial, et bien sur d’un point de vue économique, aucune base sérieuse n’a vraiment été posée. Ce club était doté d’une équipe formidable et d’un stade superbe, mais il était une coquille vide. Il ne pouvait pas fonctionner. Avec un club solide, nous aurions pu faire le dos rond et trouver de nouveaux partenaires après le refus de monter en Pro D2. Mais il fallait embaucher des gens pour le structurer et lui bâtir un avenir crédible. Il aurait fallu mettre 1,5 millions d’euros. Et qui les aurait mis pour aller en Fédérale 3 ?

Mais vous pensiez pourtant pouvoir relancer le club lorsque vous êtes venu…

J’ai préféré tout arrêter quand l’audit a mis en évidence une dette énorme sur l’année en cours. Je ne pouvais pas mentir et mettre en danger des investisseurs, des collectivités, et tous les bénévoles du club. La difficulté à faire le point réellement sur l’état des finances a d’ailleurs été symptomatique du manquement structurel. Dans n’importe quelle entreprise, un commissaire au compte responsable tient la situation. C’est une personne qui engage sa responsabilité. Ce n’est pas l’ami d’un ami qui, un jour, a été commissaire au compte. C’est de l’amateurisme, et cet amateurisme est symptomatique de la Fédérale 1.

En quoi ?

Comment Lille a pu passer entre les gouttes pendant autant d’années ? L’association a été liquidée après la SAPS car elle supportait des dettes énormes. C’est elle qui soutenait le club jusqu’en 2014. En mars 2015, cette dette était évaluée à 780 000 euros. C’était encore absorbable. Et puis il y a eu la montée en pro D2. La fédération a dit que nous ne pourrions pas monter - ce que nous aurions du faire - mais dans le même temps, elle nous a donné 15 jours pour présenter 15 contrats pros pour répondre à cette obligation, en cas de montée… Quand on regarde aujourd’hui le nombre de clubs en difficulté, et les masses salariales déguisées, cela induit indéniablement une dérive de gestion amateur. C’est surprenant. Je ne veux pas tirer sur le rugby. J’en viens. Je jouais au Luc avant la fusion pour créer le Lille Métropole. Mais il ne s’en tirera pas comme ça. Si le Handball français est sur le toit du monde, c’est parce qu’il s’est structuré en profondeur. Il y trop d’affect chez nous. C’est chouette. Les gens qui mettent de l’argent le fond par sympathie et compassion. Mais ce n’est pas ce qui fera venir les investisseurs. Et comment créer les grands clubs formateurs sans eux ?

Sur Lille, les investisseurs ont semblé dédaigner le rugby…

C’est faux. Les investisseurs nordistes sont des gens avisés qui n’ont pas voulu rejoindre un projet mal ficelé. Un grand club du Nord, formateur, à vocation sociale, qui va dans les quartiers, et construit son équipe identitaire, aurait reçu le soutien de davantage de personnes. Je sais que des gens veulent relancer le rugby à Lille. Ils ont raison. Les valeurs sont là. Le potentiel est là. Je leur conseille de suivre ces préceptes et de ne pas reproduire l’erreur de construire une équipe seniors compétitive mais sans fondement. Je leur conseille aussi de s’ouvrir aux autres. Les responsables lillois, quand ils en ont eu l’opportunité, ont commis une lourde erreur en n’ouvrant pas leur capital. Ils ont voulu rester entre eux.

Si le rugby repart à Lille, vous n’en serez pas ?

Non. Je ne suis pas responsable de ce qui s’est passé, mais je n’ai pas réussi non plus ce que je voulais faire. Je suis donc en échec, et la France n’aime pas les échecs.

Propos recueillis par Guillaume Cyprien

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