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Top 12 : une homogénéité dans le championnat

Par Léo Faure
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    Top 12 : une homogénéité dans le championnat
Publié le Mis à jour
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Une formule qui résonne dans les bouches de beaucoup au sein du monde de l’ovalie, mais qu’en est-il vraiment ?

C’est un serpent de mer vieux d’une grosse dizaine d’années. Depuis 2005, en fait, que le sommet de la pyramide du rugby français est passé de 16 à 14 clubs (création du Top 14). Les premiers gros bras évoquaient déjà l’opportunité d’aller plus loin, à moyen terme, en réduisant le nombre des clubs d’élite à un Top 12. Une solution idoine ? Évidemment que non, puisqu’aucune ne l’est réellement. Mais si l’on exclut les intérêts personnels pour se pencher sur « l’intérêt supérieur du rugby français », si cher dans les mots, rarement dans les actes de nos dirigeants, la perspective a de quoi séduire.

Les avantages

Demandez à n’importe quel mathématicien, même le plus érudit : impossible de faire rentrer 5 litres dans un contenant de 3 litres ! C’est autour de ce défi insurmontable que s’attablent pourtant les dirigeants du rugby français, depuis trop d’années. Avec 29 semaines dédiées au Top 14, 9 à la Coupe d’Europe et 11 aux rencontres internationales, on arrive déjà à 49 semaines monopolisées. Ajoutez les 5 semaines de vacances obligatoires et celles dédiées à la préparation physique d’intersaison, et vous exploserez les 52 semaines inextensibles que contient une année. La solution ? Réduire le nombre de dates de compétition, bien évidemment. C’est alors que le Top 12 entre en scène. Une réduction de l’élite professionnelle qui ne suffira pas à tout résoudre, mais qui y contribuera déjà grandement. Le Top 12, ce sont quatre week-ends de libérés par le championnat. Exactement le nombre de doublons (ou faux doublons) lors de la saison 2014-2015, c’est-à-dire sans Coupe du monde. Tout est dit.

Autre avantage qui découlerait d’une réduction de l’élite : l’homogénéité plus grande du championnat. En la matière, un témoignage anglais, pays où le Top 12 a cours, vaut toutes les analyses du monde. Parole à David Strettle, ailier international anglais de Clermont : « Le Premiership est un championnat très intéressant parce qu’il est homogène. Chaque match est très disputé parce que les équipes sont très proches les unes des autres. Dans ce contexte, vous apprenez à gérer des scénarios, à jouer sous pression et à trouver des solutions par le collectif. En France, le Top 14, ce sont les montagnes russes. Le niveau est changeant d’un week-end à l’autre. L’opposition peut varier nettement, les performances également. » Le Top 12, c’est-à-dire un resserrement de l’élite vers le haut, ce serait des affiches de haut niveau chaque week-end. Les acteurs du XV de France ne s’en plaindront pas. Le diffuseur télévisuel et les spectateurs non plus, qui s’éviteraient les rencontres à l’enjeu moindre, entre équipes du milieu de tableau. Douze équipes, avec six qualifiés (au moins pour la Coupe d’Europe) et deux relégués potentiels (même en passant par un match de barrage pour l’avant-dernier), cela signifie la fin du ventre mou. Tout le monde, quelle que soit sa position au classement, gardera de l’intérêt pour la compétition jusqu’au terme de la saison régulière. Qui s’en plaindra ?

Les inconvénients

Les nostalgiques du rugby de clocher s’arracheront les cheveux d’un Top 12. Un resserrement du nombre de clubs, c’est nécessairement une élite qui intéresse moins de clubs en France et qui expulse presque définitivement quelques fiefs historiques du rugby français. En effet une telle réforme ferait basculer définitivement le rugby vers un sport hiérarchisé par la puissance financière. Donc un rugby des grandes villes, capables d’assumer les exigences financières du rugby d’aujourd’hui. À moins de bénéficier, comme Castres avec l’entreprise Pierre Fabre, d’un mécénat généreux et passionné. Un profil qui ne court pas les rues.

Autre contrainte que comporte le passage à un Top 12, certainement la plus préoccupante : la réduction du nombre de joueurs évoluant dans notre élite professionnelle (70 places de moins environ). À peine voilée, c’est la menace d’une diminution du nombre de joueurs français qui pointe son nez. Et donc le réservoir potentiel dans lequel pioche le XV de France, quand de jeunes joueurs issus de la formation française peinent déjà à se faire une place dans une élite à quatorze clubs.

Enfin, il convient de se poser la question du développement du rugby à moyen terme et de son exposition. Pour exister dans l’offre sportive télévisuelle pléthorique, mieux vaut multiplier les apparitions. Engagé historiquement aux côtés de Canal +, le rugby met déjà de côté tous les amateurs qui ne veulent pas (ou ne peuvent pas) s’offrir un droit d’entrée chez la chaîne à péage. En signant la Coupe d’Europe chez BeInSports, le rugby a renforcé un peu plus encore son anonymat. Un passage à un Top 12, ce sont quatre dates qui disparaissent de la programmation télévisuelle. Les handicaps s’accumuleraient alors pour le rugby.

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