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L’atout trèfle

Par Jérôme Fredon
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Publié le Mis à jour
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Malgré les nombreux changements effectués à l’intersaison, les Irlandais du Munster et du Leinster auront une belle carte à jouer dans cette nouvelle édition de Champions Cup.

Le Leinster et le Munster sont plutôt en jambes au moment de se lancer dans l’ascension de la Champions Cup. Les deux ténors irlandais font partie du quatuor de tête de la Ligue celte. Ils ont parfaitement su gérer l’absence des internationaux durant la Coupe du monde. Après huit journées disputées, le Leinster ne compte que deux revers contre un seul à son rival ancestral de Limerick. Surtout, ils n’ont plus laissé de points en route depuis le retour progressif à l’emploi de leurs cadres. Les Irlandais auront encore leur mot à dire dans la lutte impitoyable que se livrent les grimpeurs venus de France et d’Angleterre pour planter leur drapeau sur le toit de l’Europe.

En dépit du profond changement de leur personnel à l’intersaison, le Leinster et le Munster n’en demeurent pas moins des montagnards émérites. Les joueurs et les entraîneurs se succèdent mais les ambitions demeurent toujours aussi élevées. Le départ du premier de cordée Paul O’Connell et de son fidèle sherpa Donncha O’Callaghan ont laissé un immense vide au sein de la deuxième ligne du Munster. Depuis 2001, nos deux aventuriers de l’extrême ont fait partie de toutes les ascensions des plus hauts sommets européens réalisées par la Red Army. Pour remplacer ce duo rompu aux conditions inhospitalières en haute altitude et au manque d’oxygène provoqué par des matchs au sommet, le Munster ne fait pas appel à deux perdreaux de l’année. Fort de ses 58 apparitions avec les Wallabies, l’ancien Bayonnais Mark Chisholm a les épaules suffisamment larges pour le costume. Tout comme son alter ego irlandais, Donnacha Ryan : 32 ans et 38 capes pour l’Irlande. L’aérien Dave Foley (1,98m, 108 kg, 2 sélections) est mieux qu’une doublure de luxe. Historiquement, les avants du Munster prenaient un malin plaisir à tuer à petit feu leurs rivaux. Elles comptaient alors dans ses rangs des piliers (John Hayes, Tony Bucklan, Peter Clohessy, Federico Puciarello, Marcus Horan) et des talonneurs (Keith Wood, Frankie Sheahan, Jerry Flannery) de premier plan. Au cours de ces dernières années, la source s’est considérablement asséchée. Le Munster ne fournit plus aucun joueur de première ligne de niveau international. Elle laisse cet honneur au Leinster. Les Stephen Archer, David Kilcoyne et autre Mike Sherry sont les quatrièmes voire cinquièmes choix à leur poste en équipe nationale. Moins craint par ses adversaires, le paquet du Munster ne domine plus autant son sujet devant. Il sera en outre orphelin durant la durée de la compétition de son leader Peter O’Mahony, opéré le mois dernier d’une rupture des ligaments croisés. Il est remplacé dans son rôle de guide de haute montagne par le massif numéro 8 sud-africain CJ Stander (1,89m, 114 kg) désormais éligible pour l’Irlande.

Une route plus escarpée pour le Leinster

L’arrivée de nouveaux joueurs plus techniques et athlétiques (Simon Zebo, Conor Murray, Peter O’Mahony, Keith Earls, Tommy O’Donnell) que leurs aïeux a poussé le Munster à se réinventer. Moins porté sur la destruction, les Munstermen essayent davantage de déplacer le jeu. Les recrutements du centre All Black aux appuis de feu Francis Saili et de l’ex-doublure de Colin Slade à l’ouverture chez les Crusaders, Tyler Blayendaal traduisent cette recherche de nouveaux horizons. Le Munster avec sa bande d’alpinistes chevronnés semble mieux équipé que le Stade français et Leicester pour terminer en tête de sa poule et s’ouvrir une nouvelle fois la voie royale vers les phases finales.

Pour atteindre le toit de l’Europe, le Leinster va devoir emprunter une route beaucoup plus escarpée et périlleuse. Les passages au-dessus du vide sont nombreux dans cette poule de la mort avec les ascensions programmées des cols de Toulon, de Bath et de Wasps. Que des sommets mythiques et classés hors catégorie ! Pour ce premier rendez-vous au cœur du massif européen, les montagnards dublinois auront fort à faire dimanche pour franchir l’obstacle des Guêpes anglaises. Une équipe aux ambitions grandissantes depuis son déménagement du côté de Coventry. Les Wasps ont obtenu le renfort à l’intersaison de mister George Smith et des deux bombes blacks, Charles Piutau et Frank Halai.

Le Leinster peut compter sur le retour au bercail de Jonathan Sexton. L’ancien Racingman a souvent excellé dans le rôle du chef de cordée averti. Son sens de l’observation et sa technique irréprochable lui ont plusieurs fois par le passé permis de déceler les ponts de neige et d’empêcher ainsi le Leinster de finir au fond d’une crevasse. Pour les Dublinois, cela sent le piège à plein nez. Depuis leur retour d’Angleterre, les 20 internationaux n’ont pas encore eu l’occasion d’évoluer tous ensemble sous les couleurs de leur province. Promus à l’intersaison aux postes d’entraîneurs, Leo Cullen et Girvan Dempsey n’ont toujours pas la moindre idée du potentiel de leur équipe ni pu définir les contours de leur XV type. Le capitanat est l’autre sujet de contrariété. Durant le Mondial, les Dublinois ont perdu leur capitaine attitré. Sujet à des commotions cérébrales à répétition, Kevin McLoughlin a dû mettre un terme à sa carrière de joueur. Il a dû être remplacé par l’arrière vétéran, Isa Nacewa. Dans cette poule de la mort, le challenge à relever est ambitieux pour des Dublinois en manque de repères. Mais on sait que dans ce domaine, les Heaslip, Sexton, O’Brien et consorts ont foi en eux pour déplacer des montagnes.

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