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Carter est éternel

Par Simon Valzer
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    Carter est éternel
Publié le Mis à jour
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Auteur d’un match éclatant, le maître à jouer de la meilleure nation du monde a fait montre d’un impressionnant leadership pour guider les siens vers le sacre mondial.

La cent-douzième aura finalement été la bonne. Celle du sacre ultime après laquelle une légende de notre jeu courait depuis trop longtemps. Depuis 2003 précisément, année de sa première participation à un Mondial. Foudroyé par une interception de Stirling Mortlock qui avait éjecté les Blacks des demies, battu par les Bleus à Cardiff quatre ans plus tard en quart, l’heure de Carter devait venir en 2011, au moment où la Nouvelle-Zélande accueillait la compétition. Mais son corps en décida autrement. Au cours d’une banale séance de tirs aux buts avant un match de poule, l’ischio-jambier du recordman historique de points marqués lâcha. Depuis, il semblait que Carter n’était plus que l’ombre de lui-même. Peinant à retrouver son niveau, il évoluait au centre il y a seulement quelques mois, presque éclipsé par son partenaire Colin Slade. Mais les grands joueurs sont toujours prêts pour les grandes occasions. Et depuis le début du Mondial, et en dépit, d’oppositions modestes, on sentait que l’ouvreur des Crusaders retrouvait petit à petit son jeu...

Un leader est né

Surtout, on le vit prendre une dimension nouvelle sur le terrain. Jusqu’alors, Carter était le leader tactique et stratégique des Tout Noirs. Pas plus. Sur ce Mondial, le tacticien s’est mué en aboyeur. En leader. En guide. C’est lui qui, en demi-finale contre les Boks, mis ses hommes en cercle au centre du terrain pour les harranguer alors qu’ils étaient menés au score. Quelques minutes plus tard, le roi Carter décochait un drop qui allait sonner la révolte néo-zélandaise. En finale, le monarque s’est encore mué en général. A dix minutes de la fin du match, quand les Wallabies revenaient comme des boulets de canon, Carter a dégainé un drop qui restera à coup sûr dans les annales de notre jeu. Tapé sans élan et des quarante mètres australien, ce drop magistral fit passer le score de 21 à 17 à 24-17. Pendant que le ballon fendait les airs, l’on vit le futur ouvreur du Racing l’accompagner d’un puissant cri de rage. Une rage si longtemps contenue... « Je suis très chanceux d’être ici aujourd’hui, quatre ans après ce qu’il s’est passé. Je suis revenu de loin, et j’ai travaillé très dur pour être là », confiait le phénomène au speaker de Twickenham.

Signe de cette tension extrême, Carter fondit en larme sur l’essai de Beauden Barrett qui scella l’issue de la rencontre. Un fait parfaitement inhabituel pour ce colosse de self-control, mais qui trahissait les immenses périodes de souffrance traversées depuis. Mais cette maîtrise, Carter l’abandonna volontiers à la fin du match. A côté de Richie McCaw et de son léger sourire égayant à peine un visage monolithique, le futur ouvreur du Racing avait des étoiles dans les yeux. Lui, qui avait pourtant tout gagné. Non, presque tout gagné. Daniel Carter peut quitter son pays natal l’esprit tranquille. Il fut un acteur majeur de ce qu’aucune autre nation du rugby n’avait fait jusqu’alors : conserver le trophée William Webb Ellis après l’avoir remis en jeu. Respect.

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