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Que sont devenus les experts ?

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Le staff du XV de France ne nous a pas vraiment impressionné depuis quatre ans. Les techniciens français ont moins la cote que dans les années 70 et 80, quand ils rayonnaient vers l’étranger.

Quand le staff du XV de France fut nommé en 2011, on parlait d’un staff d’experts. Saint-André, Bru et Lagisquet, ça avait de la gueule. Les trois hommes avaient fait leurs preuves en tant que techniciens, ils ont été tous les trois champions nationaux avec leurs clubs (Sale, Toulouse et Biarritz). Quatre ans après, beaucoup de gens sont dubitatifs : le XV de France n’a pas montré un fond de jeu très cohérent, c’est le moins qu’on puisse dire. On se demande souvent quel est le fil directeur de cette sélection. Quelques exemples : après avoir fait le constat que la tendance générale des arbitres internationaux était aux mêlées simples « remise en jeu » (d’où la promotion d’un Ben Arous par exemple), on a vu Philippe Saint-André se gargariser de disposer de « la meilleure mêlée du monde » comme si c’était l’arme absolue du jeu moderne. On a aussi vu les sélectionneurs rappeler Maxime Mermoz « pour ajouter une passe de plus vers l’extérieur » avant de le renvoyer sans ménagement dans ses foyers pour le Mondial. Philippe Saint-André parlait aussi beaucoup de jeu à tout va au début de son mandat avant d’opter visiblement pour du défi physique à outrance autour de la puissance de Bastareaud utilisée comme en désespoir de cause. D’ailleurs, il est assez frappant de constater combien cette équipe de France réussit à tirer vers le bas certains talents qui brillent en club comme si elle n’arrivait pas à faire jouer des Bastareaud, Fofana et Chouly à leur meilleur niveau par exemple.

En prenant du recul historique, on peut faire aussi le constat d’un vrai recul des techniciens français. Dans les années 70-80, la France regorgeait de penseurs du jeu, rappelez vous les Raoul Barrière, Jacques Fouroux, Pierre Villepreux, Daniel Herrero. Ils entretenaient le débat. En fait depuis les années 50 et 60 et l’émergence des écoles lourdaises et montoises, on avait le sentiment que la France était l’un des centres spirituels du jeu : un pays capable de réinviter sans cesse ce jeu. Dans les années 80 par exemple, nos adversaires du Tournoi jouaient carrément la peur au ventre, non pas une peur physique mais une peur d’être dépassés voire ridicules dans le jeu. Alors, ils fermaient tout et faisaient confiance à une politique de chandelles en espérant surfer sur notre indiscipline congénitale.

Évidemment, il y avait un peu de nombrilisme là-dedans car les Australiens et les Néo-Zélandais travaillaient de leur côté. Mais quand même les Anglais avaient appelé Pierre Villepreux en 1989 pour les encadrer lors d’un stage au Portugal. Pour l’époque, c’était énorme. Les références au style toulousain étaient hyper fréquentes, on se souvient de John Rutherford, l’ouvreur écossais, expliquer qu’il récupérait des cassettes vidéo de matches du Stade Toulousain, le club de Bath des années 80-90 ne cachait pas non plus sa francophilie. La France a semble-t-il perdu ce pouvoir d’attraction à une époque où les sélections n’ont plus peur de faire appel à des entraîneurs étrangers. Nos cousins italiens nous sont restés fidèles (Berbizier, Brunel) par une sorte de tradition, Galthié a fait une pige auprès des Pumas, mais les Roumains se sont éloignés de nous et les Celtes par exemple qu’on trouvait si médiocres comparés à nous dans les années 2000, font appel à des techniciens sudistes (Gatland, Cotter, Schmidt…) sans jamais penser, semble-t-il à un homme formé dans l’Hexagone. Certes, il y avait quand des entraîneurs français expatriés à ce Mondial (Dal Maso avec le Japon, Bès avec la Georgie, Bérot avec l’Italie) mais ils étaient dans le rôle d’adjoints chargés d’une spécialité. Ils ne définissaient pas l’identité du jeu de l’équipe. En fait, c’est un peu comme si la France avait perdu son influence technique alors que ses clubs et son championnat n’ont jamais été aussi puissants.

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