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2007 : un Galles-Fidji d’anthologie

Par Jérôme Prévot
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    2007 : un Galles-Fidji d’anthologie
Publié le Mis à jour
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On dit que ce fut le plus beau match de l’histoire du Mondial. A Nantes, les Fidjiens s’imposent 34-38 face au pays de Galles : neuf essais et une course poursuite de malade.

C’était à Nantes, il ne pleuvait pas et ce fut le chef-d’œuvre du Mondial français. Les Fidji se qualifient pour les quarts de finale en battant les Gallois au cours d’un match totalement fou, riche de neuf essais : une véritable orgie offensive qui ne s’est décantée que dans les dernières minutes. Le match, le dernier de la poule, était un faux huitième car les deux équipes se battaient pour la deuxième place derrière l’Australie. La surprise est énorme car les Fidjiens n’étaient plus sortis des poules depuis vingt ans. Mais cette équipe, si elle reste imprévisible, comptait quand même dans ses rangs des joueurs aguerris dans les championnats professionnels européens. Parmi eux, Viliame Delasau, passé par Mont-de-Marsan, Clermont, Montauban et Toulouse, un attaquant faussement nonchalant. A côté de lui, un centre nommé Seru Rabeni qui faisait les beaux jours de Leicester, Kameli Ratuvou un arrière des Saracens ou un numéro 8 méconnu qui jouait alors en Italie, Sisa Koyamaibole. Autant de talents qui offrent au public breton la meilleure prestation de leur carrière avec cette mystérieuse impression de facilité. Comme ensorcelés, les Fidjiens démarrent sur coussins d’air : trois essais en vingt minutes. Pourtant, les Gallois n’étaient pas à la rue, ils ne traversaient pas une douloureuse période de vaches maigres comme dans les années soixante-dix. Ils alignent de vrais talents dont beaucoup avaient gagné le Grand Chelem en 2005. Ils venaient de réussir une méritoire performance face à l’Australie à Cardiff avec une défaite (32-20) qui ne reflétait pas la physionomie de la rencontre. Contrairement à ce qu’on croit souvent, ils s’installent tout de suite dans la partie avec une percée de Stephen Jones mal relayée par le centre Tim Shanklin. Gareth Jenkins, l’entraîneur gallois reconnaîtra plus tard qu’il avait mis au point une stratégie « serrée » mais que le scénario et les circonstances du match avaient totalement échappé au contrôle de ses hommes. Les Fidjiens s’étaient retrouvés avec tous les ballons entre les mains, l’occasion de lancer des attaques de tous les endroits du terrain et la providence fit le reste. 25 à 3 au bout de 25 minutes et le souvenir du petit coup de pied à suivre génial de Delasau pour lui-même.

Delasau sur un nuage

Les Gallois ne se sont pas effondrés pour autant, ils disposaient d’un atout maître : une supériorité manifeste en mêlée. C’est ainsi que Popham réussit à réduire une première fois le score, aux fesses d’un pack qui avance. Et les Gallois se lancent dans une remontée fantastique, ils effacent un « moins 22 », réussissent un 26-0 en 18 minutes pour se retrouver à 29-25 à la 51e. Les essais gallois valaient aux aussi le déplacement, des attaques combinées autour des Shane Williams et des Gareth Thomas : du tableau noir. La dernière demi-heure est un pur bonheur d’intensité et d’incertitude autour d’un duel de pénalités de Stephen Jones et de Nicky Little et puis, Martyn Williams, le flanker rouquin réussit une interception de 70 mètres. 34-31 pour les Gallois à sept minutes de la fin. On croit le match plié et les Fidjiens se lancent dans une ultime attaque au large, un une deux avec le remplaçant Bobo (passé par Biarritz, le Racing et La Rochelle) et un nouveau miracle. Les défenseurs gallois sont sur le paletot du Fidjien mais semblent l’accompagner vers leur propre ligne et c’est le talonneur Dewes qui finit d’aplatir. Le pauvre Martyn Williams aurait voulu « marquer » contre son camp qu’il n’aurait pas fait pire. Peut-être aussi que Delasau, pasteur à ses heures était porté ce jour-là par l’esprit saint. L’arbitre australien demande la vidéo, l’attente dure d’interminables secondes rythmées par le gimmick dramatique diffusé par la sono du stade. Essai ! Les Fidji se retrouvent dans le Top 8 mondial et se lancent dans le plus long tour de terrain du monde sous les clameurs des Nantais incrédules. Le pauvre entraîneur gallois Gareth Jenkins sera limogé dans les jours qui suivent. Sur la pelouse, le capitaine Gareth Thomas parle calmement au milieu de ses hommes, abattus mais très dignes. C’était sa centième et dernière cape, elle fut donc historique à plus d’un titre, mais pas dans le sens qu’il aurait souhaité.

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