Abonnés

Pascal Papé : «Je ne serai plus celui qui fout le bordel»

Par Marc Duzan
  • Pascal Papé : «Je ne serai plus celui qui fout le bordel»
    Pascal Papé : «Je ne serai plus celui qui fout le bordel»
Publié le Mis à jour
Partager :

Ému aux larmes par son premier Bouclier de Brennus, Pascal Papé revient sur une finale du championnat où il a dû lutter, pour garder les mains dans les poches. Voici pourquoi…

Qu’avez-vous fait depuis le titre ?

J’ai fêté ça avec l’équipe, le club et tous ceux que j’aime. Je suis bien placé pour vous le dire : un Bouclier, c’est très rare dans une carrière. Personne ne peut prédire l’avenir. Personne ne peut dire si la chance d’être champion de France se présentera à nouveau un jour. J’ai donc fêté ça dignement. Sans pour autant faire n’importe quoi…

Avez-vous participé à toutes les festivités, du barbecue organisé par Thomas Savare le dimanche matin à Jean-Bouin à celui préparé par l’épouse de Jeff Dubois dans l’après-midi ?

Non. On ne peut pas être sur tous les fronts. Je voulais aussi me retrouver avec mon épouse et mes trois petits bonhommes.

Depuis quand couriez-vous derrière ce titre ?

Depuis quatorze ans ! J’ai disputé mon premier match en pro avec le CSBJ en 2001. Après ça, j’ai perdu cinq demi-finales, participé à deux finales de Challenge européen, une finale de Coupe du monde. Mais je n’avais jamais été convié au dernier round du championnat de France. On me disait récemment que beaucoup d’internationaux n’ont jamais connu le bonheur d’un titre et le regrettent amèrement, toute leur vie. J’aurais donné beaucoup pour qu’il ne m’arrive pas la même chose.

Qu’avez-vous dit à la jeune génération du Stade français, après le match ?

« Estimez votre chance et votre bonheur à sa juste valeur. Parce qu’il ne se représentera peut-être jamais plus. » Le Bouclier, j’en ai rêvé, j’y ai pensé quasiment tous les jours pendant quatorze ans. Je me revois même, enfant, envier les mecs qui le soulevaient dans les tribunes du Parc des Princes, sur Antenne 2… Franchement, si on m’avait dit que je toucherais mon rêve à 34 ans avec cette équipe de chèvres, je n’y aurais pas cru. (rires)

On vous a vu pleurer après le match. C’est rare, non ?

C’est ce que m’ont dit tous mes amis. Ces démonstrations de joie sont rarissimes chez moi. J’ai tout fait pour me retenir car je n’aime pas laisser transparaître ma fragilité, ma sensibilité. Je suis quelqu’un d’assez rustre, vous savez. (rires) Mais ce fut plus fort que moi. Les larmes sont montées très vite. Et j’ai laissé faire.

Pourquoi tant d’émotion, au juste ?

Le contexte était vraiment particulier. Je sortais de trois mois sans match de rugby et je n’ai eu que quatre-vingts minutes à Brive pour revenir. Ce jour-là, j’ai dû réapprendre à jouer au rugby, à tomber sans me faire mal, à encaisser les chocs, à supporter le rythme…

Je vais être très franc avec vous. J’essaie de me racheter une discipline, en ce moment. Faut l’oublier un peu, Pascal Papé ! Tout ce qui est chambrage, tirage de maillot et provocation, je n’y mets donc plus le nez.

Pendant quatorze semaines, j’avais fait de la musculation et porté des boucliers à l’entraînement. Et puis, je n’étais pas super positif pendant toute cette période-là. La sanction me semblait disproportionnée, j’étais amer, en colère. J’ai finalement considéré cette période comme une préparation à la Coupe du monde.

Lors de la finale, vous êtes entré en jeu dès la vingt-cinquième minute du match. Pourquoi ? Parce que les débats étaient âpres ?

Non, non. Hugh (Pyle, N.D.L.R.) avait reçu un gros coup dans les cotes en début de rencontre et on a dû anticiper mon entrée. Pour jouer une finale, il faut être à 100 %.

Le match a-t-il été aussi dur qu’on le dit ?

C’était dur mais propre. Le combat au sol, les plaquages et les contre-ruck étaient douloureux. Mais c’est du rugby, en même temps…

Vous n’êtes jamais intervenu dans les échauffourées ayant émaillé la rencontre. Pourquoi ?

Je vais être très franc avec vous. J’essaie de me racheter une discipline, en ce moment. Faut l’oublier un peu, Pascal Papé ! Tout ce qui est chambrage, tirage de maillot et provocation, je n’y mets donc plus le nez. Cela ne veut pas dire que je m’enlève ou baisse le regard, attention ! J’essaie toujours de déblayer le plus fortement possible. Mais je ne serai plus celui qui fout le bordel. Je resterai derrière, pour ne pas m’éparpiller.

Est-ce difficile ?

Non, ça va. Je passe juste mon temps à me dire : « Fais pas le con, Pascal. Le match dure quatre-vingts minutes. Celui-là te provoque ? Fous-lui la paix et ne va pas lui mettre le genou dans la gueule au prochain ruck. Ou tu vas prendre cher… » C’est un travail sur soi. (rires)

Comment avez-vous vécu le fait d’être remplaçant pour les phases finales ?

J’ai eu les boules, je ne vais pas vous mentir. Mais le staff n’est pour rien dans les quatorze semaines de suspension dont j’ai écopées pendant le Tournoi. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Et puis, Alex (Flanquart) et Hugh (Pyle) ont réalisé de très gros matchs en mon absence. L’essentiel, c’est l’équipe. L’important, c’est cette bande de merdeux que j’aime tant.

Comment voyez-vous votre avenir ?

Je suis sous contrat jusqu’en juin 2016. Aujourd’hui, la tendance serait de faire une saison de plus, plutôt que partir. Maintenant que l’on a mangé et digéré notre pain noir, le plus beau est peut-être à venir. J’ai envie d’accompagner ces mômes.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?