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Mohed Altrad : «Certains joueurs n’ont pas été à la hauteur»

Par mo admin
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    Mohed Altrad : «Certains joueurs n’ont pas été à la hauteur»
Publié le Mis à jour
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Huitième du Top 14 et éliminé en phase de poules de la Champions Cup, le MHR termine loin des objectifs fixés par Mohed Altrad. Le président fait le bilan, sans concession.

Vous êtes resté un long moment dans le vestiaire à l’issue de la défaite face à Clermont (17-29). Quel discours avez-vous tenu à vos joueurs ?

Je leur ai dit que c’était une saison compliquée, difficile, sur les plans humain et sportif. En tant qu’homme, j’ai vécu des moments compliqués. Ma vie a été plutôt pleine de ce genre de choses. Je peux mettre cette saison dans la liste des moments difficiles de ma vie. Il y a eu beaucoup de déception sur tous les plans. Voilà le sentiment qui prédomine. C’est une page qui se tourne pour nous. On a écrit la première ligne tout à l’heure dans les vestiaires (samedi soir) d’une nouvelle histoire. Il y avait tous les joueurs présents, ceux qui partent, ceux qui restent.

Derrière ces mots et une saison faite de multiples changements, peut-on parler d’une fin de cycle pour Montpellier ?

Vous savez, la vie est un cycle, alors si vous parlez de cycle, je ne sais pas. Je suis là depuis quatre ans et si on prend donc ce cycle, je pense qu’il a été positif. On a été qualifiés régulièrement pour les phases finales. C’est année nous ne sommes pas très loin (à sept points), à l’image de la saison. Mais on n’y est pas. Donc c’est loin d’être satisfaisant. Alors si le cycle se limite à cette année, il n’est pas bon, pour ne pas dire autre chose. Ce n’est pas le spectacle que j’aurais souhaité offrir, ni l’image que je voulais afficher. Mais c’est ainsi, c’était écrit.

Comment faire mieux la saison prochaine, avec une vingtaine de départs et une dizaine d’arrivées (13) ?

Vous savez, il y a tout de même un socle derrière cela. Des cadres, qui seront toujours là. Les joueurs qui nous rejoignent, sont des éléments supérieurs à ceux qui partent, en tout cas sur le papier. C’est la logique globale de mon raisonnement. Je fais quelque chose et je crois que c’est mieux.

« Il n’y a personne d’autre que moi qui prend la décision de faire partir un joueur. »

On complète, on construit. L’année dernière nous avons fait la même chose que ce que nous faisons pour la saison prochaine. Peut-être avec moins d’amplitude l’an passé. Mais sur les dix-neuf qui partent, si vous regardez, il y a des cas particuliers. Peut-être la moitié d’entre eux qui n’ont pas joué de la saison. Sont-ils des éléments intéressants à garder ? Je ne crois pas. Ça coûte de l’argent, ça ne joue pas, ce n’est pas content, ça cause, ça donne des interviews à la presse… Il faut peut-être arrêter pour que les personnes trouvent leur voie ailleurs.

Regrettez-vous tout de même le départ de certains joueurs, qui étaient appréciés du public et ont été ovationnés samedi soir lors de l’hommage rendu par le club (clip vidéo diffusé après le match) ?

Non. Il n’y a personne d’autre que moi qui prend la décision de faire partir un joueur. Peut-être qu’il y a des gens qui suggèrent ou souhaitent des choses, mais c’est moi qui fais les choix. Je les assume.

Vous parliez de premières lignes d’une nouvelle histoire… Quelles sont-elles ?

Ce que je vais vous dire n’est pas une surprise. J’avais trois choses à dire au groupe et je vais vous les énoncer sans entrer dans le détail. La première, était de saluer un homme, Stéphane Glas (départ pour Oyonnax, N.D.L.R.). Après la défaite face à Brive à domicile, je suis allé dans le vestiaire et j’ai fait parler chacun d’entre eux. Nous y sommes restés jusqu’à une heure du matin. Après ça, les trois coachs m’ont demandé d’aller dans une pièce à part avec eux. Il y avait un porte-parole parmi eux, qui m’a dit : « Monsieur Altrad demain matin, vous trouvez un nouveau staff. Vous ne pouvez plus compter sur nous. » Je les ai regardés dans les yeux. Et j’ai vu dans le regard de deux d’entre eux (Galthié et Ledesma), que c’étaient des lâches. Ils m’ont lâché, car ils savaient bien que je n’avais pas de coachs dans ma poche. On était très mal et je n’avais rien préparé. Mais j’ai vu dans le regard du troisième, Stéphane, qu’il resterait. Il n’a pas dit un mot mais je l’ai compris. Et il restait, il s’est battu jusqu’au bout. Et c’est ce genre de regard, de geste noble, que je cherche dans la vie.

Quelles sont les deux autres déclarations que vous aviez à faire au groupe ?

Elles concernaient les joueurs qui partent et ceux qui restent. Ceux qui nous quittent, je leur ai souhaité bonne chance. Mais sans nommer quiconque, je sais que certains d’entre eux n’ont pas été à la hauteur de ce qu’ils pouvaient donner à ce club. Pourtant, le club avait vraiment besoin d’eux. Mais ils n’étaient pas là. Ce soir (samedi), c’était la même chose. Certains n’ont pas donné ce qu’ils pouvaient donner. Pourtant je l’avais souhaité. Cela ne s’est pas produit. Je leur souhaite bonne chance et je leur ai dit, en tant qu’hommes, vous vous reconnaissez. Je ne vous nommerai pas car ce n’est pas mon rôle et c’est inutile car vous partez. Mais en tant qu’hommes vous devez faire mieux dans la vie et être professionnels.

Votre discours a-t-il été identique pour les joueurs qui restent ?

J’ai eu le même mot, avec un sens probablement différent qu’il faut donner à ce mot, car sinon je ne les aurais pas gardés. Ils sont pros et certains d’entre eux pouvaient faire beaucoup plus tout au long de la saison. Et encore une fois, dans les moments délicats. Dans les phases de jeu, comme au tennis ou au rugby, il y a des points clés où vous pouvez changer le sort d’un match. Mais cela a un prix. Et certains d’entre eux ne l’ont pas fait.

Vous avez un homme, qui s’appelle Fulgence Ouedraogo, qui est un modèle qu’il faut copier.

Cela ne s’est donc pas produit, il n’y a pas eu de miracle. Ces joueurs, se reconnaissent aussi. Je leur dirai, individuellement et collectivement lors d’entretiens. Ils sont dans une ville magnifique, jouent devant un public magnifique et sont très bien payés. Je veux qu’ils payent donc pour ça. Ce n’est pas un choix. On se comprendra donc, car je leur dirai individuellement à leur retour de vacances.

Vous ne leur accordez donc aucune circonstance atténuante, malgré tout ce qui s’est passé cette saison (départ de deux entraîneurs…) ?

Vous savez, ils font un sport de combat et cela signifie donc victoires et défaites. Je ne l’ai pas inventé. Il ne faut donc pas se chercher d’excuses. Si je fais équipe avec vous, si je suis dans la même tranchée que vous, je n’ai pas le droit de vous laisser mourir. Il n’y a pas de circonstances atténuantes. Je peux dire, j’ai fait le maximum, mais ce maximum à l’instant T, était plus bas que ce que j’aurais pu faire. Je n’ai pas pu et ça à la limite, c’est une circonstance atténuante. Il faudra donc qu’on se comprenne sur leurs circonstances atténuantes. Le fait qu’un coach, qu’un staff s’en aille, n’est pas une circonstance atténuante. Je suis dans un combat, je suis un soldat et je me bats donc pour la victoire. Vais-je gagner ou perdre ? L’essentiel est de tout faire pour y parvenir. Vous avez un homme, qui s’appelle Fulgence Ouedraogo,qui est un modèle qu’il faut copier.

Vous aviez déclaré au sujet de Fabien Galthié : « Je lui ai construit son équipe Playstation. » La leçon à retenir n’est-elle pas qu’une équipe Playstation, ne fait pas un groupe d’hommes soudés ?

J’avais en effet repris son expression. Après, je ne sais pas. J’avais fait cela pour raccourcir le temps mais peut-être pas trop. Est-ce qu’on a été trop vite ou pas assez vite dans la construction de cette équipe Playstation ? Peut-être, mais je ne le sais pas. En tout cas, j’étais plein de bonnes intentions. Mais peut-être qu’on a été trop vite à tous les niveaux, du staff et des joueurs. C’est possible.

Retenez-vous tout de même des éléments positifs de cette saison ratée ?

Oui, car la tendance globale est à la progression. Si nous avions battus Clermont, peut-être qu’on aurait été sixième (non car Bordeaux avait pris un point de bonus à Toulouse) et vos questions auraient été très différentes. Il y a des choses positives, comme des fondamentaux plus solides à tous les niveaux. Mais je ne suis pas celui qui trouve des moments de joie dans la défaite, c’est difficile. Car c’est une humiliation. Mais il y a des défaites avec honneur et sans honneur. Et nous avons quelques défaites sans honneur et c’est surtout cela qui m’a fait mal. Propos recueillis par J. L.

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