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Un dimanche finalement trop long

Par Pierre-Laurent Gou
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  • <p class="txt-legende-2011"><B>Les Montois peuvent nourrir des regrets après cette défaite en finale d’accession face à Agen. </B>Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany</p>

    Les Montois peuvent nourrir des regrets après cette défaite en finale d’accession face à Agen. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany

Publié le Mis à jour
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Le staff de Mont-de-Marsan nous a permis de suivre de l’intérieur la préparation de sa finale. Récit d’une journée où le destin des Montois a basculé sur un coup de pied.

Les Montois avaient tout du Petit Poucet dans cette finale d’accession. Petit budget (5,2 millions d’euros contre 8,4 pour les Agenais), avec de grandes idées. Et si la logique financière a été respectée, leur duo d’entraîneurs Laussucq-Auradou avait tout fait pour mettre les petits plats dans les grands pour ses joueurs. « Parce qu’une finale, même simplement d’accession, n’est jamais une rencontre ordinaire », nous glisse l’ex-deuxième ligne du Stade français, griffonnant sur une feuille les derniers détails, dimanche 24 mai, peu avant midi, de l’avant-match. Un instant que lui et son compère ont préparé méticuleusement depuis cinq jours. Ils souhaitaient que leurs joueurs s’imprègnent de l’histoire de ce club, « aux petits moyens mais à l’immense histoire » dixit Christophe Laussucq. Pour ce faire : échauffement en tenue traditionnelle landaise et remise de maillot par les glorieux anciens chargés de transmettre « l’identité si particulière du Stade montois » selon David Auradou, qui l’a découverte cette année.

Face à l’histoire, les deux techniciens ont dû jongler avec les défections de dernière minute d’André Boniface et de Christian Darrouy et jusqu’au bout « serrer les fesses » pour que l’avion de Thomas Castaignède, en provenance de Londres, ne soit pas trop en retard. N’empêche, lorsque Laurent Rodriguez débarque en avance au Courtyard by Marriott de Toulouse, retraite montoise, tout est prêt, ce dimanche. Rodriguez, Castaignède, l’immense Benoît Dauga, Remi Tales, Romain Cabannes et Antoine Vignau-Tuquet ont finalement tous répondu présents. Plus tôt dans la matinée, la formation montoise est venue découvrir l’antre du Stade toulousain. Y importer sa spécialité des avant-matchs : la « Castoufle ». Sur la pelouse d’Ernest-Wallon, les trois-quarts positionnés en cercle jonglent et transmettent le ballon à un partenaire. Malheur à celui qui le fait tomber ! Il reçoit une bordée de gifles, plus ou moins appuyées. Il n’y a pas mieux comme réveil musculaire. Cela a aussi un autre mérite : détendre l’atmosphère et les esprits alors qu’à leur arrivée au stade, les Montois paraissaient tendus par l’enjeu. Visages fermés. Ils s’illuminent une deuxième fois : avant de repartir à l’hôtel, les joueurs font un crochet par leur vestiaire de l’après-midi : le tirage au sort leur a octroyé celui des Toulousains. Superstitieux, le pilier Julian Fiorini retrouve le casier qu’il occupait quand il était Rouge et Noir.

Max Guazzini, l’invité surprise

Il est 12 h 59 quand Christophe Laussucq pénètre dans la salle de vie des Montois, accompagné des « légendes ». Le traditionnel déjeuner d’avant-rencontre a été ingurgité rapidement, et dans le calme. La remise des maillots peut débuter. Tour à tour, les anciens s’appliquent à transmettre le flambeau. Après avoir remis leur tunique à Caudullo et Mirande en leur glissant un mot à l’oreille, Max Guazzini (« notre deuxième père », dixit Laussucq) perçoit sans doute qu’il est temps de marquer les esprits : « Je veux le capitaine ! » Julien Tastet, leader historique, se lève pour répondre à l’injonction. L’ancien président parisien enchaîne : « Il y a des moments dans la vie à ne pas galvauder. Aujourd’hui, c’est un match qui compte pour l’histoire du club, mais aussi dans vos vies. Ce maillot, je ne le connais pas. Pensez à tous ceux qui l’ont porté, où qu’ils soient, en enfer ou au paradis. Pensez aux gens qui seront en tribunes. Je me dois d’être neutre dans ce duel, et j’ai une pensée pour Mathieu Blin, mais que la force soit avec vous ». C’est au tour du trois-quarts centre de Castres, Romain Cabannes. En larmes, il embrasse la bise à son frère, Julien, titulaire à l’aile. Et avoue : « Je suis déjà très fier de toi. » Le cérémonial bascule dans l’irrationnel, l’émotion. Moments rares. Pour une fois, le silence n’est pas pesant. Au contraire.

Castaignède : « Ximun, t’as rien à faire en Pro D2 ! »

Autre grand « ancien » à prendre la parole, Thomas Castaignède. « En tant que Montois, je n’ai jamais eu la chance de porter ce maillot. Défendez l’histoire de ce club, les joueurs qui l’ont porté avant vous », puis s’adressant à Pierre-Alexandre Dut : « Tu vas être le thermomètre de l’équipe. Tu dois rester lucide, calme, gérer les temps forts et faibles. L’équipe doit pouvoir se reposer sur toi. Tu vas le faire. » Dernier joueur à recevoir le maillot, l’arrière d’origine basque Ximun Lucu. « J’ai croisé ta maman il y a trois jours au pays Basque. Elle est venue vers moi en disant que son fils jouait au Stade. Elle pensait que je ne te connaissais pas. Elle se trompait : sache que je t’admire chaque fois que je te vois à la télévision. Tu es extraordinaire, capable de traverser le terrain. Aujourd’hui, on va te demander d’être discipliné. De contre-attaquer quand tu peux, et pas quand tu veux. Ta place, elle n’est pas en Pro D2, mais en Top 14. Alors, va, allez chercher cette accession ! » Le temps s’arrête quelques secondes. Aucun Montois ne veut sortir de la salle de l’hôtel.

Pris par l’émotion

Revenus au stade Ernest-Wallon, les Montois mettront un gros quart d’heure avant de se libérer, comme pris par l’émotion de jouer leur saison prochaine sur 80 minutes. « Agen a surtout été plus pragmatique que nous », glissera après coup Sylvain Mirande, auteur de l’essai qui aurait pu être celui de la montée. Les joueurs montois étaient tristes ce dimanche soir, mais le plus marqué était leur entraîneur, Christophe Laussucq, sans doute plus conscient que ses ouailles que le Stade montois avait peut-être laissé passer son unique chance de revoir l’élite. « J’aurai aimé perdre de n’importe quelle façon, mais pas comme cela. C’est dur de rater une montée sur un coup de pied. Aujourd’hui, on était très proche du Graal. Mais demain, avec Lyon et Bayonne qui descendent, Nevers qui va peut-être monter. Ce sera encore plus difficile pour nous d’y revenir. » Les Montois vont panser leurs plaies en famille. Ce lundi, les trente joueurs du groupe et l’ensemble du staff ont rendez-vous au stade Guy-Boniface.

Forts d’une journée particulière, avec la caisse des joueurs, ils vont partir quatre jours ensemble au soleil pour une destination secrète que seul Tastet connaît encore. Pour écrire une belle fin à leur aventure humaine.

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